La Lituanie distinguée par un Lion d’or à la Biennale d’art contemporain de Venise
La Lituanie distinguée par un Lion d’or à la Biennale d’art contemporain de Venise
Par Harry Bellet
Le jury a placé politique, environnement et minorités au centre de ses choix.
Une oeuvre de l’artiste Zahran Al Ghamdi, exposée au paviollon de l’Arabie saoudite, à l’occasion de la Biennale d’art contemporain de Venise, le 10 mai 2019. / Andrea Merola / AP
Le palmarès de la 58e biennale d’art contemporain de Venise a été dévoilé samedi 11 mai, à l’exception du Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière qui a été décerné précédemment à l’Américain Jimmie Durham, 78 ans.
Le Lion d’or pour la meilleure participation nationale a été attribué à la Lituanie, représentée par les artistes Lina Lapelyte, Vaiva Grainyte et Rugile Barzdziukaite, pour leur vidéo Sun & Sea (Marina), un « opéra-performance » qui entend dénoncer le bouleversement climatique. Un accessit a été décerné au pavillon belge qui présentait Mondo Cane, de Jos de Gruyter & Harald Thys, dont le jury dit avoir apprécié « l’humour implacable ».
Le Lion d’or du meilleur artiste de la sélection internationale opérée par Ralph Rugoff est allé à l’Américain de Los Angeles Arthur Jafa, pour son film The White Album, qui dénonce, lui, les violences raciales. Le Lion d’argent, qui récompense « un jeune artiste prometteur » est échu à la Chypriote Haris Epaminonda (née à Nicosie en 1980, elle est basée à Berlin).
Les prix ont été attribués par un jury présidé par Stephanie Rosenthal, spécialiste des arts de la performance, directrice du Martin-Gropius-Bau de Berlin, mais ancienne conservatrice à la Hayward Gallery de Londres, que dirige le commissaire de la Biennale, Ralph Rugoff. Il était composé de Defne Ayas (ancienne directrice du centre d’art Witte de With de Rotterdam et en charge de la prochaine biennale coréenne de Gwangju), de Cristiana Collu (spécialiste de l’art médiéval, mais directrice du Musée d’art moderne et contemporain de Trento e Rovereto puis de la Galerie nationale de Rome), de Sunjung Kim, commissaire d’exposition à Séoul, présidente de la fondation qui organise la biennale de Gwangju, et enfin du seul homme de l’équipe, l’Américain Hamza Walker, directeur du LAXART, un centre d’art de Los Angeles.
Deux mentions spéciales
Le jury a décidé d’attribuer deux mentions spéciales, l’une à la Mexicaine Teresa Margolles, qui dénonce les violences liées à la criminalité dans son pays, et l’autre à la Nigériane Otobong Nkanga, pour « son exploration à travers les médias de la politique de la terre, du corps et du temps… » La jeune femme (née en 1974) use à la fois du dessin, de la photo, de l’installation, de la vidéo ou de la performance pour rendre compte de ses préoccupations liées aux interconnexions entre l’environnement, l’architecture et l’histoire.
On ne commentera pas les décisions du jury, qui est souverain, sinon pour remarquer que politique, environnement et minorités furent au centre de ses choix. Ce qui explique peut-être la déception ressentie par beaucoup (et pas seulement par orgueil national, puisqu’elle est aussi revendiquée par les Britanniques qui l’ont éduquée et par les Belges chez qui elle vit) de voir que n’a pas été retenue Laure Prouvost, qui occupait le pavillon français, et dont l’œuvre avait plus que séduit les premiers visiteurs. Peut-être était-elle trop joyeuse, son humour insuffisamment « implacable » ou sa vision du monde pas assez désespérée.