Dans un pub britannique, le Red Lion, à Londres, après le rejet par les députés de la Chambre des communes de l’accord trouvé entre Londres et Bruxelles, le 15 janvier. / TOLGA AKMEN / AFP

Les députés britanniques ont sévèrement désavoué, mardi 15 janvier, la première ministre conservatrice, Theresa May, en rejetant massivement son accord de sortie de l’UE lors d’un vote qui plonge un peu plus le Royaume-Uni dans l’incertitude à moins de trois mois du Brexit.

La Chambre des communes a rejeté le texte par 432 voix contre 202, la plus lourde défaite essuyée par un dirigeant britannique depuis les années 1920. Une défaite jugée « catastrophique » par le chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, qui a déposé une motion de censure contre le gouvernement, prévue pour être débattue mercredi.

Lors d’une ultime tentative de convaincre les députés britanniques du bien-fondé de cet accord, Theresa May les avait appelés à prendre la mesure de ce vote « historique », « qui déterminera le visage [du Royaume-Uni] pour les décennies à venir ». « Nous avons le devoir de respecter » le résultat du référendum sur l’UE du 23 juin 2016, avait-elle déclaré dans une Chambre des communes pleine à craquer, mettant en garde : « Un vote contre cet accord n’est qu’un vote pour l’incertitude, la division et la menace très réelle de ne pas conclure d’accord. »

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Risque « accru » d’un Brexit sans accord

Theresa May a, désormais, jusqu’à lundi pour présenter un « plan B » si elle survit à la motion de censure travailliste. Plusieurs options s’offrent à elle : s’engager à retourner négocier à Bruxelles ou demander un report de la date effective du Brexit, prévue le 29 mars. Le rejet du texte ouvre également la possibilité d’un divorce sans accord, particulièrement craint par les milieux économiques.

Nul ne s’attendait à ce que les députés adoptent le texte et l’inconnue résidait plutôt l’ampleur de la défaite, qui influera sur la marge de manœuvre de Theresa May. En première ligne dans ce dossier côté européen, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a réagi au résultat du vote en estimant que « le risque d’un Brexit sans accord s’est accru ». « J’appelle le Royaume-Uni à clarifier ses intentions dès que possible. Le temps est presque écoulé », a-t-il ajouté.

Initialement prévu en décembre, le vote avait été reporté à la dernière minute par Mme May pour éviter une défaite annoncée et tenter d’obtenir des « assurances » supplémentaires des dirigeants européens. Avant la défaite, un porte-parole de Theresa May avait affirmé que « la première ministre est déterminée à mettre en œuvre le vote des Britanniques en faveur d’un départ de l’UE », excluant l’idée d’une démission.