Festival de Cannes 2019, jour 2 : histoire de fantôme et de luttes ouvrières
Festival de Cannes 2019, jour 2 : histoire de fantôme et de luttes ouvrières
« Atlantique », de la jeune Mati Diop et « Sorry We Missed You », du vétéran cannois Ken Loach, entrent en compétition, jeudi 16 mai.
Nous l’avions rencontrée quelques jours avant l’ouverture du Festival. A Bruxelles, dernière étape du chemin qui a mené Mati Diop sur la Croisette où elle présente son film Atlantique jeudi 16 mai, en compétition officielle. Dans un studio de Saint-Gilles, la réalisatrice terminait le mixage de son premier long-métrage, tourné à Thiaroye, à la périphérie de Dakar.
Cette sélection fait de l’aboutissement d’un parcours très intime, commencé il y a dix ans, lorsque Mati Diop est arrivée à Dakar, une caméra dans ses bagages, une arrivée en fanfare. Pour la jeune réalisatrice – née à Paris en 1982 –, Atlantique est à la fois « le récit de l’adolescence africaine qu’[elle n’a] pas eue » et un film historique, une histoire de fantôme et une fable politique. On y voit des jeunes gens épuisés par la misère qui prennent la mer, des jeunes filles qui cherchent, au pays, des moyens pour faire mieux que survivre.
Mirage de l’ubérisation
Dans la soirée, c’est un vétéran cannois qui fera son entrée en compétition avec Sorry We Missed You. A 82 ans, le cinéaste britannique Ken Loach compte déjà deux Palmes d’or (Le vent se lève en 2006 et Moi, Daniel Blake en 2016), 19 films sélectionnés dont 14 en compétition. Pour son nouveau film, il reste fidèle à sa veine sociale en s’attaquant une nouvelle fois aux dérives du monde du travail et aux galères des petits boulots et du mirage de l’ubérisation.
Le social, il en est aussi question dans le documentaire On va tout péter présenté à la Quinzaine des réalisateurs. Le documentariste Lech Kowalski a filmé, en immersion, la lutte des ouvriers de l’équipementier automobile GM&S, dans la Creuse, menacés par une liquidation judiciaire. Une chronique agitée, intempestive, mais aussi patiente, confraternelle, qui capte l’extrême dureté de la situation, l’extrême solitude de ce combat, et l’abîme d’incertitude et de rancœur sur lequel il débouche. Le film est présenté en présence d’une quarantaine d’ouvriers toujours en lutte, arrivés en car depuis La Souterraine. La police leur a demandé de ne pas porter leur habit de travail de l’usine.
La journée cannoise verra aussi la présentation officielle mais hors compétition de Rocketman premier biopic sur Elton John avec Taron Egerton dans le rôle et les costumes de l’artiste. C’est Dexter Fletcher, qui avait remplacé Bryan Singer à la réalisation de Bohemian Rhapsody, le film sur l’épopée du groupe Queen, qui en est le réalisateur.