Les télévisions assument de privilégier les « gros » candidats aux élections européennes
Les télévisions assument de privilégier les « gros » candidats aux élections européennes
Par François Bougon
Avec 34 listes en lices pour les élections européennes, les médias audiovisuels s’exposent à la critique des candidats qui se retrouvent relégués en deuxième division.
Peu de passion, mais beaucoup de polémiques. Pour son deuxième débat prévu avant les élections européennes, France 2 doit de nouveau composer avec les mécontentements de trois candidats se sentant lésés. Au point que la moutarde monte au nez des deux rédacteurs en chef, Alix Bouilhaguet et Michel Dumoret. « On est remonté », fulminent-ils. En cause, les attaques de Benoît Hamon, Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Christophe Lagarde, mécontents de l’organisation de l’émission spéciale que la chaîne organise mercredi 22 mai. Ayant le sentiment de se trouver relégués en « Ligue 2 », car intervenant en deuxième partie de soirée après les six formations en tête des sondages, ils ont en effet décidé de boycotter le rendez-vous. Un argument difficilement audible pour les responsables de l’émission de France 2, qui soulignent que la chaîne du service public est l’un des médias qui traitent le plus de la campagne des européennes.
Avec la profusion de listes, les radios et les télévisions qui souhaitent organiser des débats ne peuvent pas inviter l’ensemble des 34 têtes de liste. Et rien ne les y oblige. Car contrairement à l’élection présidentielle où c’est l’égalité qui prime, pour ce scrutin, c’est le principe d’équité qui est en vigueur, en prenant en compte les résultats aux précédentes élections, le nombre d’élus en France et au Parlement européen, les sondages, la dynamique de campagne et les durées imparties à chaque formation dans la campagne officielle telles qu’elles ont été définies par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), souligne Mme Bouilhaguet.
« Expression pluraliste »
De plus, ajoute M. Dumoret, « nous sommes maîtres de notre ligne éditoriale ». Cet autre principe a été confirmé en avril par le Conseil d’Etat qui avait annulé une décision du tribunal administratif obligeant France 2 à intégrer Benoît Hamon, François Asselineau et Florian Philippot à un débat réunissant neuf têtes de liste. « Il appartient à France Télévisions, dont la politique éditoriale est libre et indépendante, sous le contrôle du CSA, de concevoir et d’organiser des émissions participant au débat démocratique dans le respect d’un traitement équitable de l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion », a estimé la haute juridiction.
BFM-TV, de son côté, se prépare à son grand débat, jeudi 23 mai, animé par Ruth Elkrief et Apolline de Malherbe, réunissant onze candidats, trois jours avant le vote. « Il faut éviter la cacophonie, mais faire en sorte aussi qu’il y ait un vrai débat », juge Hervé Béroud, directeur général de BFM-TV. Quelques heures auparavant, France Info organisera à la Maison de la radio avec Les Echos et le think tank Terra Nova un débat de quatre heures et demie avec quatorze têtes de liste. Ont été sélectionnés les candidats crédités de plus de 2 % d’intentions de vote, souligne Vincent Giret, le directeur de la radio d’informations publique. « On est un média de service public, on donne la parole au plus grand nombre », explique-t-il.