Européennes : chez Europe Ecologie-Les Verts, on y croit (encore)
Européennes : chez Europe Ecologie-Les Verts, on y croit (encore)
Par Abel Mestre
Les écologistes ont tenu leur dernier meeting de campagne à Paris, au Cirque d’hiver. Yannick Jadot a ciblé Emmanuel Macron et la liste de La République en marche.
Yannick Jadot a smeblé y croire au Cirque d'hiver à Paris. / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Ils ont confiance. Ou, en tout cas, ils font tout pour le laisser croire. A cinq jours des élections européennes, les militants d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) tenaient leur ultime meeting de campagne mardi 21 mai, à Paris, au Cirque d’hiver. Un point d’orgue – avec plusieurs figures écologistes comme l’Allemande Ska Keller, candidate à la présidence de la commission européenne ; Eva Joly ; José Bové ; David Cormand, le secrétaire national ; mais aussi l’autonomiste Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse – devant donner le dernier coup de fouet à la liste emmenée par Yannick Jadot. L’objectif, sans cesse répété, est haut : 15 % des voix dimanche soir.
Même si ce score semble difficilement atteignable, les écologistes se rassurent malgré tout. Dans l’enquête d’Ipsos-Steria pour le Cevipof, la Fondation Jean-Jaurès et Le Monde du 20 mai, EELV réunirait 8,5 % des voix, devenant la principale force de gauche, devant La France insoumise (LFI, 7,5 %) et la liste socialiste emmenée par Raphaël Glucksmann (5,5 %).
Évidemment, être premier d’un ensemble aussi faible ne peut être satisfaisant quand, dans le même sondage, le Rassemblement national est crédité de 23,5 % des intentions de vote, La République en marche (LRM) de 23 % et Les Républicains de 13 %.
« Programme des communs »
En revanche, arriver premier de la gauche – terme qui n’est assumé, d’ailleurs, ni par EELV, ni par LFI – donne un avantage pour être le pivot de la future recomposition politique. La France insoumise défend l’idée d’une « Fédération populaire », qui n’est surtout pas une « union de la gauche » ancienne version. L’idée est de fédérer les revendications politiques, syndicales et associatives sous un label commun, que cela soit pour des élections ou dans les mouvements sociaux et les actions quotidiennes. Et ainsi proposer un contre projet de société qui soit global, embrassant tous les domaines. De leur côté, les Verts réfléchissent à lancer, après le scrutin européen, un vaste chantier qui pourrait prendre la forme d’états généraux de l’écologie politique.
Dimanche 19 mai, lors de la journée de mobilisation contre le projet Europacity à Gonesse (Val-d’Oise), beaucoup d’écologistes réfléchissaient à l’avenir. Toute la gauche y était réunie pour s’opposer à ce grand projet inutile. Une esquisse d’une future alliance ? « La reconstruction se fera autour des gens qui s’opposent à des projets comme cela. Cela dessine les contours de ce que pourrait être une écologie politique rassemblée », estime Marie Toussaint, quatrième sur la liste EELV.
« On n’en est plus au programme commun, comme dans les années 1970. Mais la base d’un programme des communs est en train de se construire. C’est la prochaine synthèse politique majoritaire. Ça se fait dans des rencontres, on doit apprendre à travailler ensemble, estime un conseiller de M. Jadot qui souhaite conserver l’anonymat. La fédération populaire de Mélenchon ne sera pas possible car il est le point de départ et le point d’arrivée. Il veut que ça se passe autour de lui. Il étouffe toute perspective de rassemblement. Il brûle les étapes. » Un point de vue qui résume bien les tensions entre EELV et LFI depuis plusieurs semaines. D’ailleurs, mardi, David Cormand a publié une tribune dans Libération où il accuse le leader de LFI de « tirer dans le dos des écologistes. »
« La campagne que Jean-Luc Mélenchon mène contre nous n’est pas raisonnable. Il faut qu’il utilise son énergie, qui est grande, contre Marine Le Pen et ses horribles acolytes, a également lancé Eva Joly, mardi soir, dans un Cirque d’hiver en partie rempli. Mais je sais que mes camarades de La France insoumise valent mieux que ces campagnes de dénigrement. » Ambiance.
Dans son discours, Yannick Jadot a tenu à se démarquer de ses concurrents dont beaucoup se réclament de l’écologie, à commencer par la liste Renaissance (LRM) qui a enregistré les ralliements des anciens Verts Pascal Canfin et Pascal Durand, et qui est soutenue par Daniel Cohn-Bendit. « Aujourd’hui, ils sont tous écolos. C’est notre victoire d’avoir imposé ces sujets dans le débat public, nous sommes contents, tout le monde parle d’écologie ! Mais le problème, ce n’est pas d’en parler mais d’agir ! Et notre spécificité, celle du groupe Vert au sein du Parlement européen, c’est d’agir. »
« Notre temps est venu »
Et M. Jadot de pointer les « contradictions » de la liste de Nathalie Loiseau : « Il y a les pro-glyphosate, les anti-glyphosate, les pro-nucléaire, les anti-nucléaire. Emmanuel Macron a toujours arbitré dans le sens des pesticides, de la chasse et du nucléaire », a-t-il encore martelé. Puis, visant toujours le président de la République : « Emmanuel Macron organise la confrontation avec le Rassemblement national et le banalise. Un président qui a fait de l’Europe un grand thème de sa campagne présidentielle, et qui joue “moi ou le chaos”, c’est une désertion lamentable ! »
Souvent accusé de dérive droitière, M. Jadot a clairement répondu à ses détracteurs : « Le temps est venu que l’écologie soit la matrice qui réorganise l’économie, le social. Il n’y a pas d’écologie sans social, et pas de social sans écologie. Notre écologie est sociale et solidaire. (…) Nous allons mettre fin à cette Europe néolibérale. »
Le député européen sortant a poursuivi : « Le temps de l’écologie est venu. Ils ont eu leur chance, les socialistes, les libéraux, les Républicains. Et ils ont failli. C’est maintenant notre tour ! Le temps est venu d’une Europe du climat, du bio, de la fin du nucléaire. » Les écologistes y croient.