Quand on demande aux jeunes volontaires ce qu’il faudrait faire pour améliorer le service civique, leur première réponse est immanquablement : « Reconnaître les compétences acquises pendant ma mission » !

Initialement créé pour former des citoyens, le service civique permet aux jeunes (entre 16 et 25 ans, et jusqu’à 30 ans pour les jeunes en situation de handicap) de s’engager au service de l’intérêt général et des valeurs de la République. Cette expérience concrète est parallèlement devenue, pour eux, un moment-clé de leur parcours et de leur orientation professionnelle.

Une nécessaire articulation

Parmi les missions de l’Agence du service civique, celle de contrôle impose de veiller à ce que le service civique ne se substitue pas à un emploi ou à un stage. Cela ne doit pourtant pas empêcher de répondre à la principale revendication des jeunes volontaires et de reconnaître leur expérience ! Il faut donc aller plus loin et assumer la nécessaire articulation entre formation citoyenne et professionnelle.

Ces deux dimensions sont indissociables. Mêlées en une expérience unique, le service civique, elles dotent la jeunesse d’un véritable « pouvoir d’agir ». Cette expérience de l’engagement forge, par des actions concrètes au service des uns et aux côtés des autres, le sentiment que l’action individuelle a un impact sur notre devenir collectif. Cela vaut d’ailleurs pour l’engagement européen. A l’heure où nous traversons une crise de confiance dans la démocratie, cette illustration concrète de la pertinence du lien intime qui lie l’individu à la société est fondamentale. L’engagement constitue une réponse de fond et un vecteur d’émancipation nécessaire au renouveau des institutions, permettant à chacun de faire société.

« Ces savoir-être méritent d’être davantage reconnus car ils sont en réalité des “savoir-faire-ensemble” : s’intégrer à une organisation, s’adapter, travailler en équipe, réaliser un projet, être à l’écoute d’un public. »

Le succès grandissant du service civique s’appuie donc sur une innovation forte qui consiste à recruter des jeunes sans autre préalable ni prérequis que leur motivation, c’est-à-dire leur désir d’agir. Le résultat est qu’à l’issue de leur mission, et même lorsqu’ils en dénoncent les imperfections, ils affirment tous : « J’ai grandi, j’ai changé », exprimant ainsi ce que les professionnels des ressources humaines appellent les « compétences sociales », les « savoir-être ».

S’ils ne doivent pas être dissociés de l’accès au savoir et à la connaissance, ces savoir-être méritent d’être davantage reconnus car ils sont en réalité des « savoir-faire-ensemble » : s’intégrer à une organisation, s’adapter, travailler en équipe, réaliser un projet, être à l’écoute d’un public. En réclamant la reconnaissance de ces compétences pour qu’elles trouvent leur prolongement dans la vie professionnelle, auprès des employeurs, les jeunes volontaires s’affirment d’un même mouvement comme citoyens et comme travailleurs, donc comme contributeurs à part entière à la société. Leur relation à la collectivité s’exprime comme un échange équitable entre un accès aux droits et la reconnaissance de leur capacité à contribuer. Dans la cité comme dans l’entreprise, reconnaissons le pouvoir d’agir du citoyen.