Les 245 immeubles parisiens présentant un risque de dégradation du bâti, selon l’APUR. / APUR

Saisissant contraste. A Paris, les prix de l’immobilier battent record sur record, et les appartements anciens se négocient désormais en moyenne à près de 10 000 euros le mètre carré, selon les statistiques des notaires et de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiées jeudi 23 mai. A Saint-Germain-des-Prés, le mètre carré s’envole au-delà de 16 000 euros. Dans la même ville, pourtant, subsistent des poches de pauvreté spectaculaires, et 245 immeubles sont sous surveillance au titre de la lutte contre l’habitat indigne. C’est ce que montre une intéressante étude publiée vendredi 24 mai par l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), un organisme d’études statistiques qui dépend de la Mairie de Paris.

Depuis dix ans, l’APUR et les services de la Ville établissent chaque année une liste des immeubles parisiens présentant le plus fort risque de dégradation de leur bâti. Tel est le cas de 245 bâtiments d’habitation privés, qui regroupent au total 9 860 logements, selon la nouvelle étude.

Pour établir sa liste, l’APUR analyse une batterie de critères, qui sont autant d’indices d’une possible insalubrité : concentration de petits logements locatifs, présence de plomb ou de termites, factures d’eau impayées, intervention des pompiers, immeubles placés sous administration provisoire, etc.

« Une amélioration lente »

Les immeubles retenus cumulent au moins trois types de difficultés. Aucun d’entre eux ne semble sur le point de s’effondrer, comme à Marseille, en novembre 2018. Mais, au minimum, ils « semblent justifier une surveillance particulière de la part des services municipaux », souligne l’APUR. La liste permet d’orienter une partie des contrôles de terrain, « évitant à de nouveaux immeubles de tomber dans la spirale de l’insalubrité ».

Cette surveillance paraît porter ses fruits. Le nombre d’immeubles à surveiller, qui avait culminé à 347 en 2014, diminue régulièrement depuis. L’APUR y lit le « signe d’une amélioration lente mais régulière du parc bâti parisien », sous l’effet notamment de la pression immobilière. « C’est aussi la conséquence du plan d’éradication de l’habitat indigne » de plus de 3 milliards d’euros mené par les pouvoirs publics, affirme la note. La tâche demeure toutefois complexe. Parmi les 245 immeubles de la liste actuelle, 42 ont ainsi déjà fait l’objet du plan d’éradication mis en œuvre par l’Etat et la Ville de Paris entre 2002 et 2010, et ont bénéficié d’aides, sans que cela ait suffi à régler tous les problèmes.

L’analyse de l’APUR montre surtout la concentration géographique de l’habitat indigne. Façades lézardées, murs moisis, fenêtres qui ne ferment pas : les difficultés se situent principalement dans les quartiers pauvres du Nord-Est parisien. Près de 70 % des immeubles en cause se trouvent dans quatre arrondissements : 68 dans le 18e arrondissement, 41 dans le 19e, 29 dans le 20e et 29 dans le 17e. « Les quartiers les plus concernés sont les abords du boulevard Ornano, la Goutte d’Or, La Chapelle et Belliard-Doudeauville, les Epinettes et les abords de la place de Clichy », précise l’étude.

Des quartiers populaires qui concentrent en réalité tous les problèmes : saleté, insécurité, trafics en tout genre, toxicomanie, prostitution, violences… La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé à la mi-avril des mesures d’urgence pour « améliorer rapidement » certaines « situations inacceptables ».