Le réalisateur américain Barry Levinson. / Dimitrios Kambouris / AFP

OCS GO - À LA DEMANDE. SÉRIE DOCUMENTAIRE

Dans un premier volet de sa série documentaire The Art of Television : les réalisateurs de séries, en 2017, la journaliste d’OCS Charlotte Blum explorait la vision et les méthodes de travail de réalisateurs de la télévision américaine, ces artisans qui se mettent au service des auteurs de séries et vivent dans l’ombre des showrunners – responsables du suivi quotidien. Charlotte Blum poursuit cette exploration en proposant une nouvelle salve de portraits de réalisateurs : cette fois, des hommes qui, venus du cinéma, se sont engagés dans la mise en scène pour le petit écran.

Ce deuxième volet de The Art of Television : les réalisateurs de séries se décline cette année en quatre rencontres : avec Judd Apatow (40 ans, toujours puceau, Girls) et Vincenzo Natali (Splice, Hannibal, Westworld) depuis le 23 mai ; avec Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Kidding) et Barry Levinson (Rain Man, Homicide : A Year in the Killing Streets, Oz) à partir du 30 mai.

S’il est une rencontre à ne pas manquer, c’est bien celle avec le réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain Barry Levinson. Après avoir reçu quatre Oscars pour Rain Man et travaillé avec les plus grands noms du cinéma, il faisait le choix, en 1993, d’adapter non pas en film mais en série le livre de David Simon Homicide : A Year in the Killing Streets, y inventant une nouvelle forme de réalisation dont il détaille les raisons et les choix de façon passionnante.

Pour Vincenzo Natali, c’est dorénavant à la télévision que peut se créer « quelque chose d’original, de novateur »

Pour sa part, le réalisateur, scénariste et producteur canadien Vincenzo Natali, qui créa son premier film, Cube, en 1997, revient notamment sur l’évolution du rapport entre cinéma et télévision. « Lorsque j’ai débuté, note-t-il, l’idée que quelqu’un venant de la télévision puisse réaliser un film de cinéma était presque risible. Le monde du cinéma et celui de la télévision étaient tellement éloignés (…). L’un ne voyait aucune valeur en l’autre, et c’était vrai dans les deux sens. Tout cela a complètement changé. »

« Un médium d’auteurs »

Dorénavant, à l’opposé d’une industrie du cinéma américaine qui, selon lui, ne vit que de franchises et ne recherche plus que l’argent, c’est à la télévision que peut se créer « quelque chose d’original, de novateur ». Aujourd’hui, conclut-il, la télévision « est moins un médium d’auteurs, même si cela reste encore très important, qu’un médium de réalisateurs et de cinéastes. »

Le très prolifique Judd Apatow, pour sa part, se montre à son habitude très discret, se cachant derrière l’humour pour revenir sur ses débuts derrière les caméras de télévision. S’il fut ensuite attiré par le cinéma (40 ans, toujours puceau, En cloque, mode d’emploi, Crazy Amy), il n’a pour autant pas abandonné le petit écran puisqu’on le retrouve au générique, en tant que producteur ou réalisateur, de nombre de séries de la jeune génération aujourd’hui à la tête des comédies américaines, telles Girls, Love ou encore Crashing.

A l’opposé de ce long cheminement avec la télévision, le Français Michel Gondry explique n’avoir expérimenté le travail sur une série qu’en 2018, avec Kidding, à la demande expresse de Jim Carrey qui, après sa très heureuse expérience avec Gondry pour le film Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), n’envisageait pas de tourner cette série sans lui.

The Art of Television. Les réalisateurs de séries, saison 2, série documentaire conçue et réalisée par Charlotte Blum (Fr., 2019, 4 × 26 min). www.ocs.fr/programme/pstheartoftw0118426