Tempo Latino tente de rebondir avec une programmation ambitieuse
Tempo Latino tente de rebondir avec une programmation ambitieuse
Par Yannick Le Maintec
Kassav’, Havana D’Primera et Orquesta Akokán seront les têtes d’affiche de la 26è édition du festival de musiques latines de Vic-Fezensac.
Affiche de l'édition 2019 du festival Tempo Latino / Tempo Latino
A Tempo Latino, la fréquentation en berne de la dernière édition a laissé des traces. Le millésime 2019 sera réduit à trois jours. « C’est en temps de tempête que l’on réduit la voilure », dixit l’organisation. Gonflé à bloc, le festival gersois joue son va-tout avec une affiche alléchante.
Bigre ! Ça faisait quelque temps qu’on suivait la foutraque fanfare lyonnaise. Dans ¡Caramba ! leur dernier album, ils explorent les rythmes latinos l’œil dans le rétro. Un cocktail de bonne humeur au programme d’une inauguration qui s’annonce festive. Vendredi 26 juillet à 21 heures.
Leurs shows sont toujours impressionnants. Kassav’ vous fera oublier tout ce que vous croyez savoir sur le zouk. Normal, ils en sont les inventeurs ! Et si à 40 ans, la perle des Antilles, acclamée dans le monde entier, accédait enfin à la reconnaissance nationale ? A coup sûr, ils obtiendront celle de Vic. Nou la, toujou la ! Vendredi 26 juillet à 23 heures.
On avait du mal à cacher notre excitation, il y a un an, au moment de la sortie de l’album d’Orquesta Akokán, un big band cubain à l’ancienne dans l’esprit de celui de Benny More. Depuis Akokán a fait le tour du monde. On meurt d’impatience de les voir sur scène. Avec Pepito Gómez, l’inoubliable chanteur de Pupy y Los Que Son Son. Samedi 27 juillet à 21 heures.
A lire aussi : « La musique d’Akokán est plus vivante que Despacito »
Antibalas débarque à Vic-Fezensac précédé d’une réputation flatteuse. La formation new-yorkaise, fleuron de Daptone Records, est une des références de l’afro-beat. La sortie de leur dernier EP a été saluée comme un futur classique. Une valeur sûre. Samedi 27 juillet à 23 heures.
Erik Alejandro Iglesias aka Cimafunk est la nouvelle coqueluche de Cuba. Erik est talentueux et son funk est contagieux. Cet hiver à Jazz Plaza il a enflammé le Pabellón Cuba et vient d’achever sa première tournée aux USA. Cimafunk sera sans aucun doute la sensation du festival. Dimanche 28 juillet à 21 heures.
Dans quelques années, on réalisera combien Havana D’Primera aura influencé à Cuba la musique populaire moderne, au même titre que NG La Banda, Los Van Van ou Adalberto Álvarez. A Vic, ils font déjà partie du mythe. Le dernier passage d’Alexander Abreu en 2016 a laissé un souvenir qui rappelle les performances de la 33 ou d’un Oscar D’León. Dimanche soir, les arènes de Vic-Fezensac seront semblables à un chaudron en fusion. Dimanche 28 juillet à 23 heures.
Vic-Fezensac, la musique au cœur des arènes
Depuis plus de 25 ans, Vic-Fezensac est la vitrine des musiques latines en France. Chaque année, son festival est attendu et observé. Tempo Latino donne le la d’un genre mineur qui rassemble un public fidèle depuis l’âge d’or de la salsa.
Las ! Le public semble égaré. La réduction de voilure annoncée par le festival en décembre dernier a suscité l’émoi des habitués. La démission de son directeur, Eric Duffau, a ravivé les inquiétudes.
Un succès en trompe-l’œil
« La magie de Tempo. » Au fil des ans, on avait fini par s’habituer à une ambiance digne de la féria de Cali : de la musique partout dans les rues, des danseurs par milliers et un final en apothéose aux arènes.
Un tableau idyllique qui se fracasse contre le mur de la réalité. Comment expliquer que la star Angélique Kidjo, qui remplira sans nul doute le chapiteau du concurrent Marciac (10 000 places), ait pu jouer dans des arènes clairsemées ?
Un environnement durablement bouleversé
Des années durant, Eric Duffau a pointé du doigt une concurrence qui n’existait pas à la création du festival.
Vic-Fezensac, 3 468 habitants. 60 000 pendant le festival. Combien de temps les infrastructures pourront-elles accueillir une population de visiteurs en croissance continue ? Le ratio de dix danseurs pour un festivalier est-il le point de rupture dont parle l’association ? Réalisant l’impasse dans laquelle elle s’est engagée, la municipalité tente de contenir l’activité des cafetiers, déclenchant l’ire des danseurs.
Quant à la concurrence frontale avec Jazz In Marciac à quelques kilomètres de là, elle est tout bonnement incompréhensible.
Un héritage à préserver
Au-delà des questions économiques -essentielles-, les difficultés que rencontre Tempo Latino interrogent. Le manque d’appétence pour les concerts n’est-il pas le symptôme d’un échec collectif, celui de la difficulté des acteurs à raconter l’histoire de ces musiques ? Les musiques afro-caribéennes, ce sont des traditions, des croyances, des luttes et des douleurs.
Depuis un siècle la France accueille les artistes venus de la Caraïbe, que ce soit les musiciens cubains, nos compatriotes antillais ou les jazzmen états-uniens. En tant qu’ambassadeur de la musique latine, Tempo Latino s’inscrit dans cette histoire. Et si c’était par la transmission, sa capacité à raconter cette histoire que Tempo Latino saura reconquérir le public ?
« Le cœur du festival »
Le nouveau directeur, Jean-François Labit, entend « renforcer le cœur du festival. » Celia Cruz, Wilie Colón, Rubén Blades, El Gran Combo de Puerto Rico, Los Van Van, Cachao, Maraca, Raul Paz, Yuri Buenaventura, Oscar D’León, Havana D’Primera, La 33, que de souvenirs au cœur des arènes... Tempo latino, c’est une histoire d’amour entre les musiciens et le public. Il ne tient qu’à chacun de prolonger l’idylle.
Festival Tempo Latino : les 26, 27 et 28 juillet à Vic-Fezensac (Gers). Site web.