« Nous n’en poumons plus ! » : les députés priés d’agir en urgence contre la pollution de l’air
« Nous n’en poumons plus ! » : les députés priés d’agir en urgence contre la pollution de l’air
Par Stéphane Mandard
Au deuxième jour de l’examen du projet de loi sur les mobilités, des militants de la cause climatique ont organisé une action spectaculaire devant l’Assemblée nationale.
Devant l’Assemblée nationale, mardi 4 juin. / DR
« Stop à l’inaction. Nous n’en poumons plus ! » Le message est clair. Il s’affiche sur une immense banderole déployée, mardi 4 juin, devant l’Assemblée nationale, à Paris. Il se décline aussi sur les tee-shirts, frappés d’un poumon noir, de dizaines de militants allongés sur le sol. Au deuxième jour de l’examen du projet de loi sur les mobilités (LOM), les associations mobilisées sur le front du climat ont organisé une action spectaculaire afin d’interpeller les députés sur l’urgence à agir contre la pollution atmosphérique et ses effets sur la santé.
« On s’adresse directement aux parlementaires pour leur faire comprendre qu’ils ont notre avenir entre leurs mains. Face aux 67 000 morts prématurées dues à la pollution de l’air, il est plus que temps d’agir avec des mesures concrètes qui auront des effets immédiats », commente Teissir Ghrab, porte-parole d’Action Climat Paris, organisateur de l’opération avec Greenpeace, ANV-COP21 et Respiraction.
Première « mesure concrète » à mettre rapidement en place pour protéger la santé des Français : l’arrêt de la vente de véhicules diesel et essence. Le projet de loi prévoit cette échéance à « horizon 2040 ». Trop tard, pour les associations environnementales, qui plaident pour 2030.
Les ONG demandent également la généralisation du droit au forfait mobilité durable (400 euros par an) à l’ensemble des salariés pour le vélo et le covoiturage ainsi que la possibilité de le cumuler avec le remboursement des abonnements en transports en commun. Comme le regrette également le député Matthieu Orphelin, qui a claqué récemment la porte de la majorité pour protester contre son manque d’action en faveur du climat, le texte ne prévoit pas de le rendre obligatoire. Le gouvernement se réserve seulement la possibilité de le faire par ordonnances, d’ici dix-huit à vingt-quatre mois, si trop peu d’accords d’entreprises sur la mobilité sont signés d’ici là.
« Urgence sanitaire et climatique »
« Cette loi est la plus importante sur la mobilité en France depuis plus de trente ans. Alors qu’il y a urgence sanitaire et climatique, on ne peut plus se permettre des petits pas ou des mesures facultatives. Il est essentiel de rendre possibles les changements de comportement à plus grande échelle », réagit Victor Vauquois, porte-parole de Respiraction.
M. Vauquois en veut pour exemple le succès du dispositif d’indemnité kilométrique vélo que doit remplacer le forfait mobilité durable : « Dans les entreprises où il a été mis en place, il y a eu un doublement de l’utilisation du vélo. » Sur le vélo, les associations reprochent aussi au gouvernement et aux parlementaires d’avoir « rétropédalé » en n’inscrivant pas l’apprentissage du « savoir rouler » à l’école.
Autre mesure réclamée par les associations : « Mettre en œuvre une fiscalité juste et équitable » en mettant fin au remboursement des taxes sur le diesel professionnel dont bénéficient les transporteurs routiers. En outre, les militants de la cause climatique demandent l’abandon de tous les nouveaux projets autoroutiers ou de contournements, comme il en existe à Strasbourg, Toulouse ou Rouen.