Emmanuelle Bayamack-Tam en mai 2018 / HÉLÈNE BAMBERGER/COSMOS

C’est un roman libertaire et libertin, aussi subversif qu’érudit, qui a remporté, lundi, le prix du livre Inter. L’autrice Emmanuelle Bayamack-Tam, 53 ans, a été récompensée, lundi 10 juin, pour son Arcadie, publié aux éditions P.O.L. Ce roman avait été l’un des livres les plus remarqués de la rentrée littéraire de l’automne et comptait parmi les finalistes des prix Femina et Médicis.

Le onzième roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam a été choisi à la majorité absolue au 3e tour par 14 voix. Le jury, constitué de 24 auditeurs de la radio publique, était présidé cette année par le dessinateur Riad Sattouf, auteur de L’Arabe du futur.

Souvent drôle, ce roman est porté par une écriture inventive, tantôt précieuse, tantôt extrêmement crue. Les références littéraires sont innombrables sans jamais gêner la lecture. L’histoire se déroule à Liberty House, une communauté dans le sud-est de la France, non loin de la frontière italienne. On y trouve des êtres jeunes et vieux, beaux et laids, cabossés par la vie et dont la devise est Omnia vincit amor (« l’amour triomphe de tout »).

On suit en particulier Farah, adolescente délurée de 14 ans, qui aimerait offrir sa virginité à Arcady, mentor de la communauté de vingt ou trente ans plus âgé qu’elle. « Mais t’as même pas atteint l’âge de la majorité sexuelle ! Tu veux que j’aille en prison, ou quoi ? », se récrie Arcady. Farah prend le parti d’attendre. Pourtant, surprise : à la puberté, elle ne rejoint pas « le gang des go ». Elle n’a pas le corps d’une fille, mais de plus en plus celui d’un garçon.

Arcadie n’est cependant pas seulement le roman d’une fillette qui devient un homme. L’autrice traite avec finesse le queer (individu à ­l’identité non hétéro­normée) non comme sujet, mais plutôt comme personnage romanesque à part entière. « C’est mon livre le plus politique », confiait la romancière. C’est aussi, sans doute, l’un des plus audacieux.

Retrouvez ici l’intégralité de notre critique d’« Arcadie ».