« Rembob’Ina » retrace l’aventure « Ushuaïa »
« Rembob’Ina » retrace l’aventure « Ushuaïa »
Par Catherine Pacary
Patrick Cohen reçoit Nicolas Hulot pour commenter les 25 ans du magazine de découverte.
Une respiration nasillarde et syncopée dans un masque de plongée, un jeune type bronzé qui grimpe, saute ou perd connaissance dans un avion de la Patrouille de France. Ce sont quelques images qui viennent à l’esprit de ceux qui ont connu « Ushuaïa », l’émission, avant que le nom ne devienne une marque de produits pour la douche ou une chaîne de télévision. Le journaliste Patrick Cohen s’en amuse dans le « Rembob’Ina » qu’il consacre au programme d’aventure présenté de 1987 à 2012 par Nicolas Hulot. Etonnament, ce dernier a accepté, très vite selon la production, de venir commenter sa « vie d’avant » – neuf mois après avoir démissionné de son poste de ministre de la transition écologique et solidaire.
De ce passé politique, Patrick Cohen ne parlera pas. En revanche, au fil des quatre rediffusions, on cerne l’évolution de son rapport à l’environnement, emblématique – et c’est là tout l’intérêt – d’une prise de conscience collective qui a nécessité trois décennies. Reflet de ce changement, « Ushuaïa » a eu deux visages : « Ushuaïa, le magazine de l’extrême », émission d’aventure jusqu’en 1998, puis « Ushuaïa Nature ».
Premier flash-back, le 27 décembre 1987. Harnaché d’un gros scaphandre, Nicolas Hulot plonge sous la glace d’un lac à Tignes (Savoie), devant l’œil amusé de l’explorateur polaire Paul-Emile Victor. Dès lors, l’aventurier ne reculera devant aucun danger. On le voit avec un petit canot à deux mètres d’une baleine… on ne le voit pas à bord d’un Sukhoï Su-27 lors d’une simulation de combat aérien (en 1992), qui lui est encore reprochée.
« Il faut se replacer dans le contexte, rappelle l’intéressé. On est encore dans une forme de liberté. La nature est un terrain de jeu. On l’aime mais on ne la respecte pas forcément pour autant. » Ajoutez à cela « tous les engins de l’époque » pour « voler, plonger, glisser […]. Il y avait une sorte d’ivresse de l’extrême, futile et somme d’émotion ». Ses expéditions font rêver 8 millions de fans chaque soir, en moyenne. Le temps vient cependant « d’arrêter le toujours plus haut, toujours plus fort ».
« Tempête mentale »
« Ushuaïa Nature » prend le relais, mensuel et en prime time. TF1 met les moyens. L’ex-présentateur s’explique au passage sur le financement des reportages. Cela donne des émissions rares, comme celle du 2 juillet 2008 (à voir en intégralité) sur les indiens Zo’é, peuplade du fin fond de l’Amazonie, qui vit hors de la civilisation moderne. Nus, souriants, ils ne travaillent pas, ils jouent, se promènent. Une existence sans superflu, mais avec l’essentiel.
A les côtoyer, Nicolas Hulot et ses équipiers ressentent une « tempête mentale ». Le commentaire se déplace de l’exploit vers l’alerte : « On ne se rend pas compte à quel point notre avenir dépend de cette forêt [amazonienne]. On est en guerre écologique. » Il choisira bientôt le terrain politique pour combattre.
En vingt-cinq ans d’« Ushuaïa », Nicolas Hulot ne s’est jamais blessé, souligne avec malice Patrick Cohen : « Il a fallu attendre une campagne électorale pour que vous vous cassiez le bras. » Un accident de skateboard électrique, présenté alors comme un accident de vélo « parce qu’à l’époque, je pensais que c’était mieux de dire à vélo ». « Pour ne plus mentir », il démissionne le 28 août 2018. Aujourd’hui à nouveau à la tête de sa fondation, il est annoncé sur France Télévisions à la rentrée pour une émission en « prime » sur l’environnement.
« Nicolas Hulot raconte l’aventure “Ushuaïa” », présenté par Patrick Cohen (120 min). Rediffusions samedi 29 juin à 14 heures et dimanche 7 juillet à 16 heures. www.lcp.fr/collection/rembobina/289648