« Stranger Things », « City on A Hill », « The Loudest Voice » : nos séries d’Amérique
« Stranger Things », « City on A Hill », « The Loudest Voice » : nos séries d’Amérique
Chaque mardi, La Matinale du « Monde » propose une sélection de séries à (re)voir sur petit écran.
LA LISTE DE LA MATINALE
Russel Crowe interprète Roger Ailes, patron historique de la chaîne conservatrice Fox News, dans la série « The Loudest Voice ». / IMDB / SHOWTIME
La bannière étoilée flotte sur notre sélection de la semaine avec la très attendue saison 3 de Stranger Things, aussi une mini-série policière très classique mais divertissante sur la criminalité à Boston, City on A Hill, et l’histoire de Roger Ailes, le patron historique de la chaîne conservatrice Fox News, incarné dans The Loudest Voice par Russell Crowe. Vous en voulez encore ? Faites-vous offrir Découvrir New York en séries et Découvrir Londres en séries, deux guides thématiques pour accompagner vos prochaines escapades.
« City on A Hill » : Boston, 1992, la cité va craquer
CITY ON A HILL Bande Annonce (2019) Série Thriller
Durée : 02:55
Ben Affleck et Matt Damon n’en sont pas à leur coup d’essai côté séries – les deux « kids » de Boston, qui ont reçu l’Oscar du meilleur scénario en 1998 pour le film Will Hunting, ont déjà produit Incorporated en 2014 et The Runner en 2016, deux échecs commerciaux relatifs –, mais la très classique City on A Hill ne devrait pas avoir de mal, elle, à rencontrer son public.
Boston, 1992. Violente, rongée par la drogue et les tensions interraciales, corrompue jusqu’à la moelle, la ville n’a rien à voir avec ce qu’elle est aujourd’hui. Jackie Rohr (Kevin Bacon, visage émacié et yeux bleu glacier), agent du FBI accro à la cocaïne, infidèle et ripou, incarne la vieille garde dans toute sa morgue. Face à lui, Decourcy Ward (Aldis Hodge), jeune et brillant procureur noir qui cumule tous les signes extérieurs de réussite – belle femme, bel appartement, beaux costumes… – veut « faire exploser la ville » et ses rouages infernaux.
Lorsque Rohr vient le voir pour lui demander de laisser sortir un de ses indics, arrêté lors d’une perquisition qui a mal tourné, Decourcy fait la sourde oreille et se met son interlocuteur, qui ne le tenait déjà pas en haute estime, à dos. Mais un braquage sanglant va conduire les deux hommes à se rapprocher. Et l’on découvrira, sans grande surprise, que le procureur noir est moins lisse qu’il n’y paraît et que le flic blanc a beau nourrir peu de scrupules, il a de la bouteille et de la ressource.
Les personnages ne brillent pas par leur finesse, le scénario non plus. Pourtant, le tout se laisse regarder sans déplaisir grâce à quelques rebondissements bien sentis et à un suspense efficace. Audrey Fournier
« City on A Hill », de Michael Cuesta, avec Kevin Bacon, Aldis Hodge, Jonathan Tucker, Mark O’Brien (Etats-Unis, 2019, 7 × 55 min). Saison 1 en cours de diffusion sur Canal+ et disponible à la demande sur MyCanal.
« Stranger Things », saison 3 : la bande s’essouffle
STRANGERS THINGS Saison 3 Bande Annonce (2019) NOUVELLE
Durée : 03:12
La première saison (2016) de Stranger Things se passait en 1983 ; la deuxième (2017) en 1984 (année orwellienne) ; la troisième en... 1985. Mais les fans de cette série d’horreur fantastique – la plus regardée, en 2018, sur une plate-forme du Net – auront dû attendre presque deux ans avant de retrouver, le 4 juillet, leurs bandes de geeks préférés.
La petite ville de l’Indiana où se situe l’action est de nouveau plongée dans sa quiétude provinciale quand de nouveaux phénomènes étranges se rappellent au bon souvenir de ceux qui en ont déjà bien souffert. Will recommence à sentir des choses inquiétantes dans son corps naguère visité par des aliens effrayants tandis que Billy va croiser une substance visqueuse et rampante dont les aficionados de la série savent qu’elle ne dit rien qui vaille. D’autres vont se dédoubler...
Dès lors, la machine à faire peur se remet en marche, accompagnée d’une habile palette musicale revisitant les clichés du genre, avec l’alternance un peu convenue, de scènes de comédie et d’horreur au cours des cinq épisodes qui ont été mis à notre disposition par Netflix France. Les nombreux fans engloutiront la totalité des huit épisodes avec la voracité des monstres du monde d’en deçà de Stranger Things. Mais on aura tout de même eu l’impression que cette série faisait une sorte de décevant sur-place et n’endiguait pas le déclin entrevu dès la saison 2. Renaud Machart
« Stranger Things », saison 3, série créée par Matt et Ross Duffer. Avec Winona Ryder, David Harbour, Finn Wolfhard, Millie Bobby Brown, Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin, Noah Schnapp, Natalia Dyer, Charlie Heaton, Joe Keery, Sadie Sink, Dacre Montgomery (Etats-Unis, 2019, 8 x 49-52 min, à la demande sur Netflix à partir du 4 juillet.)
« The Loudest Voice » : Fox News et « les valeurs américaines »
The Loudest Voice | Official Trailer | Russell Crowe SHOWTIME Series
Durée : 01:49
« Les Américains ne savent pas s’ils sont pour ou contre cette guerre, nous pouvons les faire basculer d’un côté ou de l’autre. » Ainsi parle Roger Ailes, patron historique de la chaîne conservatrice d’information continue Fox News, alors que Washington s’apprête à frapper le régime de Saddam Hussein, qu’il lie aux attentats du 11-Septembre.
Producteur talentueux, conseiller média de plusieurs présidents américains (tous républicains), Roger Ailes est tombé, en 2016, pour des faits de harcèlement sexuel. Il est mort en mai 2017, alors que la série que Showtime lui consacre, et dont les sept épisodes seront diffusés « à l’heure US » sur Canal+ Séries, était encore en développement. Basé sur la biographie publiée par le journaliste Gabriel Sherman en 2014, The Loudest Voice (« La voix la plus forte ») raconte la dernière grande aventure de cet homme de télévision.
Visionnaire, rusé, caractériel, Roger Ailes (incarné par Russell Crowe, en « mode Christian Bale », avec prothèses et maquillage pour le vieillir de vingt ans ans et le grossir de 40 kilos veut faire de Fox News (lancée en 1996 par News Corp, la société de Rupert Murdoch) la chaîne de la majorité silencieuse, forcément conservatrice.
Les attentats de 2001 seront un point de bascule pour la chaîne, qui se transforme alors en un puissant relais du discours officiel et contribue à convaincre l’opinion américaine de soutenir l’intervention en Irak. La démonstration n’est pas très subtile mais elle a le mérite d’être pédagogique : c’est bien l’émergence des « faits alternatifs », des « fake news » que The Loudest Voice nous montre. La qualité de l’interprétation, la finesse des dialogues et l’intérêt historique en font une incontournable mini-série pour qui se demande encore comment Donald Trump a pu devenir président des Etats-Unis. Au. F.
« The Loudest Voice », série produite par Tom McCarthy. Avec Russell Crowe, Naomi Watts et Sienna Miller (Etats-Unis, 2019, 7 x 52 min). Un épisode par semaine le mardi à 22 h 45. Sur Canal+ Series.
Balades « sériphiles » à New York et Londres
Les mordus apprécieront à coup sûr les deux premiers « guides » que Marion Miclet a publiés, ce printemps, sur les lieux de tournage de nombre de séries très connues. Le premier ouvrage concerne New York, le deuxième Londres.
De Friends à Girls, de Seinfeld aux séries policières, des super-héros aux romcoms (comédies romantiques), les séries filmées à Big Apple, réunies par thématiques, font l’objet d’une présentation socio-historique et d’une brève analyse, avant que l’auteure invite à une déambulation, cartes et photos à l’appui, dans les quartiers, cafés ou boutiques de curiosités caractéristiques des fictions concernées.
Même schéma de présentation pour la capitale britannique : à partir de ses incarnations télévisuelles les plus emblématiques, l’auteure introduit le lecteur dans le Londres des têtes couronnées et des séries historiques, dans la cité gothique ou dystopique, le Swinging London, ou le Londres romantique de Fleabag (bien sûr, en font aussi partie des propositions de balades dans les pas de Doctor Who, House of Cards – la fiction originale anglaise –, Sherlock Homes, Mr Bean, Killing Eve ou Black Mirror).
Seul inconvénient de cette belle collection : le poids conséquent de chaque livre. Mais la maison d’édition a prévu la parade en proposant des cartes interactives sur Internet. Martine Delahaye
« Découvrir New York en séries » et « Découvrir Londres en séries », de Marion Miclet (384 et 328 pages, Huginn & Muninn/Dargaud, 2019, 19,95 €).