« SPM », endométriose et flux instinctif libre : quelques définitions liées aux règles
« SPM », endométriose et flux instinctif libre : quelques définitions liées aux règles
Par Marie Slavicek
Parce que l’ignorance peut avoir des conséquences graves – de l’inconfort généré par l’utilisation de protections inadaptées à l’exclusion ou pire encore – quelques définitions liées au cycle menstruel.
Partout dans le monde, idées reçues, fantasmes et même légendes urbaines circulent sur les règles. Des approximations, ou mensonges, qui contribuent à entretenir un tabou sur un phénomène pourtant naturel concernant le fonctionnement du corps de la moitié de l’humanité. Parce que l’ignorance peut avoir des conséquences graves – de l’inconfort généré par l’utilisation de protections inadaptées à l’exclusion ou pire encore – nous faisons le point sur quelques termes liés au cycle menstruel.
Règles
Chaque mois, de la puberté à la ménopause, l’utérus se prépare à accueillir un ovule fécondé par un spermatozoïde. Il prépare un « nid » en fabriquant plus de muqueuse utérine, qu’on appelle endomètre. A la fin de chaque cycle, tous les vingt-huit jours environ, et s’il n’y a pas de grossesse, l’utérus élimine cet endomètre devenu inutile. Cela provoque un saignement vaginal qui dure en général entre trois et sept jours. A noter que le cycle menstruel varie beaucoup d’une personne à une autre. En moyenne, une femme a ses règles environ 450 fois dans sa vie. Avoir ses règles est un phénomène naturel et un signe de bonne santé.
Syndrome prémenstruel
Fatigue, déprime, irritabilité, mal de tête, de ventre, seins douloureux… Ce sont les symptômes les plus courants du syndrome prémenstruel (SPM), qui survient en général deux à cinq jours avant les règles. Il est lié à l’ovulation et s’explique en partie par la fluctuation hormonale qui caractérise cette période du cycle menstruel. Chez certaines femmes, il est quasiment inexistant. Pour d’autres, le SPM peut se définir comme la période du mois où l’on a envie de tout quitter pour aller vivre recluse. Seule. Et loin. Très loin.
Endométriose
L’endométriose reste mal connue, mal diagnostiquée et difficilement traitable. Pourtant, cette maladie gynécologique touche une femme sur dix. L’endométriose est liée à la présence de cellules de l’endomètre en dehors de l’utérus. Chez certaines femmes, ces cellules prolifèrent et peuvent pénétrer dans les tissus et les organes (ovaires, intestins, vessie…) et provoquer des lésions, nodules et kystes. Parfois asymptomatique, l’endométriose peut aussi se manifester par de fortes douleurs, des règles très abondantes et provoque souvent des problèmes d’infertilité.
Précarité menstruelle
Il s’agit de la difficulté que rencontrent de nombreuses femmes au cours de leur vie pour se procurer des protections hygiéniques. Enjeu économique, combat féministe, la précarité menstruelle touche les femmes les plus vulnérables à travers la planète. En France, la question est inscrite depuis peu à l’agenda politique.
Coupe menstruelle
Quand il s’agit de citer des exemples de protection hygiénique, on cite volontiers les tampons et les serviettes. Moins connue, la coupe menstruelle (ou « cup ») a cependant gagné en popularité ces dernières années. Il s’agit d’un petit récipient en forme d’entonnoir fermé, le plus souvent composé en silicone chirurgical, placé à l’intérieur du vagin pour recueillir le sang menstruel. Avantage : elle coûte entre 14 et 30 euros et peut être utilisée plusieurs années. Inconvénient : elle impose d’avoir un accès facile à de l’eau claire pour pouvoir la vider et la rincer avant de la réutiliser. Comme n’importe quelle protection hygiénique, elle ne convient pas à toutes les femmes.
Flux instinctif libre
Peu connu et rarement pratiqué, le flux instinctif libre (FIL pour les initiées) consiste à bloquer l’écoulement des menstruations avec le périnée, puis d’expulser le sang aux toilettes. En théorie, cette technique permet donc de se passer de serviettes, de tampons et autres cup qui ont tous leurs inconvénients et peuvent devenir contraignants, surtout lorsqu’on a ses règles depuis plusieurs années. De toute évidence plus économique et plus écologique, la pratique demande tout de même un peu d’apprentissage pour éviter les taches.
Ragnagnas et compagnie
Avoir ses ragnagnas, ses ours, ses coquelicots, ses ragnoutes, être empêchée, indisposée, payer son tribut à la Lune, toucher sa paie en rubis, les Anglais ont débarqué, Michel est en ville, alerte rouge, recevoir la visite de la tante Rose (ou de n’importe quelle autre tata), avoir ses rougets, être en travaux, avoir ses trucs, ses machins, écraser des tomates, recevoir un courrier de Rome, traverser la mer Rouge… Autant d’expressions plus ou moins évocatrices pour dire, sans vraiment le dire, qu’on a ses règles, et qui montrent à quel point les menstruations sont un sujet tabou. Pendant très longtemps, on a même pensé que les saignements menstruels permettaient aux femmes d’évacuer leur mauvaise humeur.
#RèglesNonDites, le projet
France, Kenya, Inde, Suède, Corée du Sud, Allemagne ou Burkina Faso. Dans une série de reportages, nous avons voulu montrer comment la précarité menstruelle touche les femmes les plus vulnérables dans le monde.
De quoi parle-t-on, combien de femmes sont concernées, quelles politiques publiques sont mises en place alors que ce sujet est depuis peu inscrit à l’agenda politique en France ?
Les règles restent un sujet dont on parle peu dans la sphère publique. Or, mettre des mots sur un tabou permet de réduire les risques, potentiellement dévastateurs, liés à l’ignorance et aux fantasmes.