Epargne : les fonds flexibles tiennent-ils leurs promesses ?
Epargne : les fonds flexibles tiennent-ils leurs promesses ?
Par Romain Thomas
Protéger le capital investi tout en bénéficiant de la hausse de la Bourse l’idée est séduisante. Pourtant, elle est loin d’être réalisable dans la pratique.
La politique d’investissement des fonds flexibles permet une grande liberté d’action au gérant. / Dimitris Skordopoulos/Panther Media / GraphicObsession
La promesse vendue par les promoteurs de fonds flexibles n’est-elle pas trop belle pour être vraie, à savoir capter les périodes de hausse de la Bourse, tout en atténuant ses mouvements de repli, afin de protéger le capital investi. En effet, force est de constater que cette promesse a été mise à mal au cours de la période récente. Ainsi, l’an dernier, « leur performance a été généralement très décevante, en particulier au moment de la correction boursière intervenue lors du dernier trimestre 2018 », comme le précise Mathieu Caquineau, responsable de la recherche sur les fonds actions chez Morningstar.
Pourtant, sur le papier, la politique d’investissement des fonds flexibles a tout pour plaire : elle accorde une grande liberté d’action à leur équipe de gestion en leur offrant par exemple la possibilité d’investir sur le marché des actions en modulant leur exposition en fonction de leurs anticipations boursières. Pour ce faire, elle peut jongler avec d’autres classes d’actifs bien moins volatiles que les actions, en se positionnant par exemple sur le compartiment obligataire qui leur sert en quelque sorte d’amortisseur en cas de secousses boursières. Bref, de quoi gérer au mieux les périodes de retournement de marché, à condition bien évidemment de les avoir correctement anticipées.
Les mains libres laissées aux gérants
Il s’agit donc d’un style de gestion qui a tout son sens pour un épargnant souhaitant profiter du dynamisme de la Bourse, dans le cadre d’une volatilité maîtrisée. Pourtant, même en laissant les mains libres aux gérants de fonds flexibles, « rares sont ceux capables d’obtenir des résultats satisfaisants sur la durée en faisant preuve d’un bon market timing » pour Mathieu Caquineau.
En effet, selon lui, « si l’on se penche sur leurs performances réalisées notamment en 2018, les résultats sont loin d’être convaincants pour bon nombre de produits de cette catégorie ». Principale explication, les marchés obligataires n’ont pas eu au cours des deux dernières années l’effet amortisseur qu’ils sont supposés procurer. Des mastodontes, comme le fonds Carmignac Patrimoine, un des fonds flexibles le plus important de la place de Paris, en termes d’encours sous gestion, ont vu par ailleurs leur performance « affectée par de mauvais choix en termes de sélection de titres et de devises » ajoute M. Caquineau.
A l’inverse, d’autres produits moins connus s’en sortent mieux en sortant des sentiers battus, « en utilisant une flexibilité mais pas au sens traditionnel du terme », précise David Wierzba, codirecteur du développement chez Varenne Capital Partners. Cela passe notamment par « le recours à des stratégies d’investissement complémentaires de décorrélation comme la vente d’actions à découvert, l’arbitrage de fusions-acquisitions ou encore des couvertures macroéconomiques », ajoute t-il.
Marchés moins porteurs
Le mieux est sans doute de se tourner vers une équipe de gestion expérimentée et qui affiche des résultats réguliers sur cinq ans au minimum. Idéalement, comme l’indique Mathieu Caquineau, « elle doit être capable de porter le poids des actions dans le portefeuille à son maximum lors des périodes de hausse de la Bourse et au contraire à son minimum pendant les périodes de correction », sachant que l’ajout à bon escient de stratégies d’investissement décorrélées peut également aider à booster la performance, notamment dans des marchés moins porteurs.
Pour Ewout Van Shaick, responsable des portefeuilles multiclasses d’actifs chez NN Investment Partners (NN IP), la stratégie suivie par un fonds flexible se doit d’afficher sur une longue période un solide couple rendement-risque « qui reste le meilleur critère de sélection ». En clair, rapporter plus sur le moyen terme quand il est largement investi en actions, sinon préserver le capital. Cela est très loin d’avoir toujours été le cas ces dernières années. Et rien n’indique que ce sera le cas dans les prochains mois.