A Marseille, les supporteurs de l’Algerie en liesse après sa qualification en finale de la CAN
A Marseille, les supporteurs de l’Algerie en liesse après sa qualification en finale de la CAN
Par Gilles Rof (Marseille, correspondant)
La victoire de l’Algérie sur le Nigeria a été célébrée par plusieurs milliers de personnes, et particulièrement dans le quartier Belsunce.
Une vague euphorique qui chante entre Canebière et cours Belsunce. Des scooters, des motos, des quads et des trottinettes électriques qui descendent les rues en roue arrière. Un camion de pompiers surmonté de supporteurs en délire, drapeaux au vent. Des feux d’artifice partant dans le ciel de Marseille. La qualification de l’Algérie pour la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) contre le Nigeria (2-1), dimanche 14 juillet, a déclenché une liesse indescriptible des fans des Fennecs.
Une liesse contenue autour du quartier Belsunce, un des sites historiques de l’immigration algérienne à Marseille, les forces de l’ordre bloquant – comme cela avait été annoncé par la préfecture des Bouches-du-Rhône – les accès au Vieux-Port où venait de se terminer le feu d’artifice du 14-Juillet. Hasard des horaires, la foule des familles remontant du spectacle pyrotechnique a croisé vers 23 heures, celle des supporteurs.
Quelques accrochages avec les gendarmes ont été répertoriés sur le cours Belsunce. Plusieurs personnes ont été interpellées après avoir allumé des feux et jeté des projectiles. Au préalable, les forces de l’ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule qui bloquait le cours Belsunce et la Canebière peu après minuit. La sécurisation des deux événements a fait l’objet d’une prise en compte spécifique par la préfecture de police et le bataillon de marins-pompiers. En plus des deux compagnies de CRS (140 hommes), de la Brigade anti-criminalité (BAC) et de la centaine d’agents de la Compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) normalement mobilisées, étaient prévues deux forces supplémentaires de 140 hommes affectées au filtrage des trois principaux accès au Vieux-Port que sont la Canebière, le cours Belsunce et la rue de la République.
L’importance de « donner une bonne image » de la célébration
Kader et Mustapha, deux Marseillais, la quarantaine solide, se tiennent eux sagement en retrait à l’angle de la Canebière et du boulevard Garibaldi. « C’est la fierté. Franchement, on aurait jamais misé pour se retrouver en finale », glisse le premier. « J’espère juste qu’ils ne vont pas tout casser », complète le second.
Le scénario est propice à une telle explosion de joie. Le but de Ryad Mahrez a délivré l’Algerie et ses supporteurs à la dernière minute d’une deuxième mi-temps crispante. La terrasse du bar des Allées, à l’orée du quartier Belsunce, s’est vidée d’un coup et le défilé, avec tambours et fusées, a commencé vers le Vieux-Port.
A la mi-temps déjà, quelques minutes après le premier but contre son camp du Nigérian Troost-Ekong, les supporters algériens ont sorti pétards et feux d’artifice. Le Gardian, le Petit Poutet, le Massy, tous les bars et les snacks de Belsunce débordent sur la chaussée. Et quand il n’y a plus de place, les plus agiles grimpent dans les tilleuls ou sur les poteaux indicateurs.
Un bus reste coincé un moment dans la liesse. Ça rigole jusqu’à ce qu’un groupe de gamins ouvre la malle du véhicule et embarque trois valises devant le snack My Food. Le gérant, costaud au crâne rasé, lâche immédiatement son barbecue pour aller récupérer les bagages. Les clients lui prêtent main-forte et mettent les valises à l’abri derrière le comptoir. « On est pas là pour donner une mauvaise image », râle Mohammed Becheri, agent de sécurité descendu du quartier de la Blancarde pour regarder le match. Un des passagers du bus arrêté un peu plus loin vient récupérer son bien sous les vivats. « Merci les frères », lâche-t-il main sur le cœur.
Le cours Belsunce, un océan de drapeaux algériens
Sur les terrasses, on roule des joints, on grignote des chips, on sirote des sodas. Tout est bon pour faire avancer les minutes. Comme depuis le début de la CAN, Cheima et Ameur, la vingtaine, sont descendus en couple. Juste à temps pour voir l’arbitre consulter la VAR. « Y’a R [rien] », beugle Samir. « Wallah, il a triché l’arbitre, rage-t-il quand le penalty est accordé. »
La télé disjoncte juste avant le penalty. Un signe. Elle revient pour l’égalisation. L’euphorie retombe. Les occasions de Feghouli et Mahrez et surtout la transversale de Bennacer réveillent les tambours. Jusqu’à ce coup franc dingue de l’idole Mahrez.
A minuit, alors que les familles venues pour le feu d’artifice étaient rentrées, le cours Belsunce restait un océan de drapeaux couronné des taches rouges des fumigènes.