French President Emmanuel Macron (R) together with Serbian President Aleksandar Vucic (R) meets with members of the Regional Youth Cooperation Office (RYCO) at the Fortress of Belgrade on July 16, 2019, on the second day of his state visit. / AFP / ludovic MARIN / LUDOVIC MARIN / AFP

Ne rien céder. Mis sous pression par les révélations du site Mediapart concernant des dépenses effectuées par François de Rugy dans son logement de fonction au ministère et lors de dîners donnés à la présidence de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron n’entend pas lâcher son ministre de la transition écologique, comme le réclame une partie de l’opposition mais aussi de la majorité. « Je ne prends pas de décisions sur base de révélations, mais de faits, sinon ça devient la République de la délation », a indiqué le chef de l’Etat, lundi 15 juillet, en marge d’une visite officielle en Serbie.

Interrogé sur les suites qu’il entendait donner à cette affaire embarrassante pour un exécutif en pleine reconquête de l’opinion, le président de la République a assuré avoir demandé à Edouard Philippe « d’apporter toute la clarté » sur les dépenses du numéro deux du gouvernement. Le premier ministre a ordonné au secrétaire général du gouvernement de mener une enquête sur les travaux effectués au domicile de M. de Rugy, tandis que le secrétaire général de la présidence de l’Assemblée nationale, aidé de la déontologue de l’institution, épluche les dîners effectués par l’ex-écologiste à l’hôtel de Roquelaure. « Des propositions me seront faites, instruites par les faits », a précisé M. Macron.

« Chasse à l’homme »

Au-delà de ces précisions factuelles, le chef de l’Etat s’en est une nouvelle fois pris aux médias, accusés par l’entourage de M. de Rugy de mener une « chasse à l’homme ». « Il y a encore dans notre pays le respect de la personne individuelle, des droits de la défense et de la possibilité de répondre, sinon ça devient la République de la délation. Il suffit que je sorte une photographie, dise des choses sur vous, sur n’importe qui, ça devient les Dix petits nègres », a attaqué Emmanuel Macron, en référence au roman d’Agatha Christie. « Je souhaite que chacun puisse être respecté, que les principes que j’ai posés soient respectés », a ajouté le président.

Cette défense n’est pas une première pour Emmanuel Macron. Lors de l’affaire Benalla, il y a un an, le chef de l’Etat s’en était déjà pris aux médias, dénonçant une presse « qui ne cherche plus la vérité ». « J’ai cru comprendre qu’il y avait des images, avait alors déclaré le président de la République, à propos de la vidéo révélée par Le Monde, où l’on voyait son collaborateur molester des manifestants le 1er mai, place de la Contrescape, à Paris. Où sont-elles ? Sont-elles montrées avec la même volonté de rechercher la vérité et d’apporter de manière équilibrée les faits ? Non. » « Je vois un pouvoir médiatique qui veut devenir un pouvoir judiciaire », avait accusé M. Macron.

Dans la majorité, l’émoi provoqué par l’affaire Rugy est pourtant toujours là. De nombreux parlementaires de La République en marche (LRM) sont rentrés abattus de leur week-end en circonscription. « On ne m’a parlé que de ça, ça met tout notre travail en l’air », se désole un député macroniste influent. « C’est un truc à la con qui va nous suivre pendant un moment, abonde un ministre d’habitude mesuré. Certains n’ont pas compris que le pays a changé depuis dix ans, que le cumul des affaires a sapé la confiance des Français dans leurs hommes politiques. Ce genre d’attitude ne sert pas notre cause. »

Les prochains jours s’annoncent en tout cas déterminants pour l’avenir de François de Rugy. Après une réunion de travail avec Edouard Philippe, prévue mardi matin, le ministre de la transition écologique devait affronter l’opposition lors d’une séance des questions au gouvernement qui s’annonçait agitée à l’Assemblée nationale. Le résultat des enquêtes diligentées par l’exécutif est également attendu en fin de semaine. M. Rugy s’est engagé à rembourser « chaque euro contesté ».