« Pékin Express » reprend sa course à l’émotion
« Pékin Express » reprend sa course à l’émotion
Par Catherine Pacary
Stéphane Rotenberg lance la douzième saison du jeu d’aventures de M6. Le décor change – cette édition se déroule en Amérique centrale – mais les recettes du succès sont toujours les mêmes.
Stéphane Rotenberg, à droite, donne le top départ aux candidats censés parcourir 10 000 kilomètres en Amérique centrale. / PATRICK ROBERT / M6
jeudi 18 – 21 h 05
jeu d’aventures
« On a tout vécu ! » Depuis 2006 et le premier épisode de « Pékin Express », le jeu d’aventures de M6, son directeur de course, Stéphane Rotenberg, a en effet tout connu : les critiques, les problèmes logistiques et même une interruption, entre 2015 et 2018. A cette période, peu pariaient sur son avenir. A tort. Il présente, ce jeudi, le premier épisode de la 12e saison, intitulée « La Route des 50 volcans », après une année 2018 couronnée de succès (2,8 millions de téléspectateurs, replays compris, soit 16 % de parts de marché).
Le concept est simple : lâcher seize candidats, réunis en binômes, à un point A, pour qu’ils rejoignent, à l’issue d’un jeu de piste de 10 000 kilomètres, un point B, sans dépenser plus de 1 euro par jour. A chaque étape, un duo est éliminé. A l’arrivée, le rescapé remporte 100 000 euros.
Un casting millimétré
Dans les locaux de M6 ce 10 juillet, en jogging kaki et le visage écarlate de coups de soleil – « Je rentre de tournage » –, Stéphane Rotenberg détaille : l’itinéraire part du Guatemala, traverse le Costa Rica, pour arriver en Colombie. Les paysages, magnifiques, sont un des points forts de l’émission. Autre attrait, n’avoir que 1 euro à dépenser quotidiennement oblige les candidats à provoquer les rencontres pour se faire héberger – « une tradition dans certains pays, comme la Mongolie » – et pour être pris en stop, « un moyen de transport universel ». Pour agrémenter le tout, jeux et gadgets parsèment le parcours.
Mais le plus important est ailleurs, dans un casting millimétré, choisi par la production parmi 44 000 postulants – un record. Tous les âges, tous les milieux sociaux, toutes les régions sont représentés. Les retenus : une mère et sa fille adoptive, deux frères bûcherons, un jeune coach sportif et son élève sexagénaire, deux ex-candidates à Miss France 2017, deux sœurs mères de famille qui veulent prouver à leur entourage qu’elles sont capables de faire autre chose que la cuisine et le ménage… Pour Stéphane Rotenberg, « chacun doit pouvoir s’identifier. La caricature serait contre-productive ». Les postulants ayant peu voyagé sont néanmoins privilégiés. Leurs réactions seront d’autant plus fortes.
Cela provoque des scènes cocasses. Les frères bûcherons ne parviennent pas à tenir sur un paddle. Une épreuve difficile aussi pour les deux sœurs. « Gondolier à Venise, c’est un boulot de merde », conclut l’une d’elles. Fabrice, lui, a les larmes aux yeux lorsqu’il joint sa mère par téléphone. N’est-ce pas un peu exagéré ? Thierry Guillaume, producteur et responsable du casting, ne le trouve pas : « Cela fait trois mois qu’il est parachuté au milieu du Guatemala, il vit une journée incroyable, il est sensible, et le soir, quand il a sa maman, il pleure. Dans le casting, oui, il y a des sensibles, on ne leur demande pas de le faire exprès. »
Le moment attendu de la « bascule »
Dès les premières épreuves, les candidats sont amenés à se dépasser. « A se surprendre eux-mêmes, complète Stéphane Rotenberg. L’objectif est tellement supérieur à ce qu’ils pensent pouvoir faire… » A un moment, face à une difficulté, un des membres du binôme va montrer sa faiblesse. « Ce qui est encore plus difficile à admettre devant votre frère, votre père, votre amie. C’est ce que l’on appelle en interne la “bascule”. Et, ce moment-là, on l’attend. »
La télé-réalité, domaine dans lequel M6 fut précurseur en lançant « Loft Story » en avril 2001, n’est pas loin. « “Pékin Express” s’inscrit dans la lignée des grands jeux d’aventures, comme “La Chasse aux trésors”, avec Philippe de Dieuleveult », estime Thierry Guillaume. « Après, vous appelez ça comme vous voulez. »
La production se donne en tout cas les moyens de ses ambitions : 40 jours de tournage assurés par une équipe de 120 personnes, n’employant que des caméras professionnelles, pour un coût… resté secret. Et sans droit à l’erreur. En 2014, lorsque « Pékin Express » choisit de passer par la Birmanie, où la junte militaire au pouvoir persécute la minorité rohingya, un appel au boycott sur les réseaux sociaux provoque le désistement de plusieurs sponsors. Cette dixième saison est alors annoncée comme la dernière. L’émission mettra quatre ans avant de réussir son retour. Thierry Guillaume assume : « On a fait la Birmanie qui s’ouvrait à peine. On a choisi cette année la Colombie, parce que c’est un pays qui s’ouvre au tourisme. Et c’est aussi notre rôle. »
« Pékin Express, La Route des 50 volcans »