CAN 2019 : Riyad Mahrez, l’étoile de l’équipe d’Algérie
CAN 2019 : Riyad Mahrez, l’étoile de l’équipe d’Algérie
Par Mustapha Kessous (Le Caire, envoyé spécial)
Le capitaine des Fennecs est un technicien hors pair qui est devenu l’un des piliers de la sélection nationale.
Le capitaine des Fennecs d’Algérie, Riyad Mahrez, au Caire, le 18 juillet 2019. / Shokry Hussein / REUTERS
Depuis le 14 juillet, des millions de petits Mahrez ont fait leur apparition en Algérie. Dans les rues cabossées, ces minots reproduire à l’infini le but victorieux du capitaine des Fennecs. Celui qui, inscrit à la dernière seconde de la demi-finale face au Nigeria (2-1), a propulsé l’équipe en finale. Même les puristes sont hypnotisés par ce tir et le regardent en boucle. Comme pour se persuader que l’Algérie est bien en finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) vendredi 19 juillet, à 21 heures, au Stade international du Caire face au Sénégal. « Ce but va entrer dans la légende. Il va inspirer des tas de générations », pense Salim, 40 ans, fervent supporteur des Verts, qui a fait le déplacement depuis Gennevilliers (Hauts-de-Seine) pour les voir jouer en Egypte.
Avec sa bouille d’éternel garçon, Riyad Mahrez survole cette 32e édition de la CAN, fort de trois buts. Tous décisifs. Et des dribbles qui brisent les hanches de ses adversaires. Riyad Mahrez, 28 ans, est un des piliers de l’équipe nationale, le genre de talent « qui vous fait passer l’autre côté », souligne le sélectionneur Djamel Belmadi. « Enfin », comme disent des proches et suiveurs des Verts : l’ailier droit brille avec les Fennecs. « Il effectue même les replis défensifs », sourit Asma Halimi.
Cette journaliste du quotidien algérien sportif Compétition a connu Riyad Mahrez avant décembre 2013, quand il portait encore les couleurs du Havre, en Ligue 2. « Riyad nous avait reçus chez lui avec sa mère et le reste de sa famille à Sarcelles », la ville où il est né, se souvient-elle. Simple, discret, timide encore, il venait de signer à Leicester, club anglais de deuxième division. « Je n’imaginais pas alors qu’il allait atteindre un tel niveau », reconnaît la journaliste.
En deux saisons, Riyad Mahrez explose littéralement. Il enchaîne buts et passes décisives, décrochant successivement le titre de champion d’Angleterre et celui du meilleur joueur de Premier League en 2016 (17 buts et 11 passes décisives). C’est la première fois qu’un Africain reçoit une telle distinction. Son transfer à Manchester City se fait l’année suivante pour près de 70 millions d’euros. Ce qui fait de lui « le footballeur algérien le plus cher de l’histoire et l’un des plus importants du continent », note Asma Halimi. Et dire que Leicester l’avait acheté en 2014 pour 400 000 livres (quelque 450 000 euros)…
« L’envie d’être un leader »
Pour lui, rien n’était pourtant joué. Il partait même « de très loin », se souvient son agent Kamel Bengougam. Car Riyad Mahrez n’a pas la morphologie type du footballeur, celle d’un athlète à la musculature saillante. Frêle et léger, il convainc par un pied gauche ravageur et des dribbles chaloupés, son jeu imaginatif et sa vivacité. « Ce qui est frappant, c’est que Riyad a toujours dit qu’il deviendrait un grand joueur, confie-t-il. C’est un gros bosseur. »
Au fil de cette Coupe d’Afrique des nations, Riyad Mahrez s’est ouvert, s’autorisant même à « vanner » un élu d’extrême droite sur Twitter. Depuis l’arrivée de Djamel Belmadi à la tête des Fennecs, en août 2018, il a pris une autre dimension, le sélectionneur ayant su lui parler et le libérer. Et l’Algérie l’anime. Depuis l’enfance, il passe du temps dans sa petite ville non loin de Tlemcem (nord-ouest). Aujourd’hui encore, il s’y rend régulièrement et rappelle volontiers « le peuple, ma famille ». Une expression qui pourrait être sa devise.
En Angleterre, Riyad Mahrez a remporté tous les titres avec ses deux clubs. Il ne lui reste plus qu’à marquer l’histoire des Verts et ramener la deuxième étoile qui échappe aux Fennecs depuis leur premier sacre à la CAN en 1990.
Pour la finale, le sélectionneur et ses coéquipiers attendent beaucoup de leur capitaine. « Il nous montre l’étendue de son talent. C’est un joueur qui se met au diapason de l’équipe, qui a plus que jamais envie d’être un leader et assume son rôle. Même si tout ne repose pas sur ses épaules », résume Djamel Belmadi. « On attend toujours beaucoup de lui parce que c’est un grand, avance le Fennec Ismaël Bennacer. J’espère qu’il fera comme en demi-finale où il a été impliqué sur les deux buts. Peut-être qu’il le sera sur trois buts en finale. Qu’il nous la fera gagner. Inch’Allah. »