Disparition de Steve à Nantes : la maire demande des explications à Christophe Castaner
Disparition de Steve à Nantes : la maire demande des explications à Christophe Castaner
Le Monde.fr avec AFP
Johanna Rolland (PS) exige que la lumière soit faite rapidement sur la disparition du jeune homme de 24 ans lors d’une intervention policière controversée sur un quai le soir de la Fête de la musique. Les députés de La France insoumise se mobilisent également.
A Nantes, le 15 juillet 2019, des graffitis et des avis de recherche relatifs à la disparition de Steve Canico. / LOIC VENANCE / AFP
Près d’un mois après la disparition de Steve Maia Caniço, à Nantes, lors d’une intervention policière controversée sur un quai le soir de la Fête de la musique, la maire de Nantes, Johanna Rolland (PS), a demandé des explications au ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. « De nombreuses questions restent sans réponse concernant une opération policière qui s’est tenue dans notre ville. Il doit désormais y être apporté, sans délai, des explications précises et publiques », écrit l’édile dans une lettre datée du jeudi 18 juillet.
Dans la nuit du 21 au 22 juin, la Fête de la musique à Nantes s’était terminée dans la confusion : des échauffourées avaient éclaté vers 4 h 30 entre participants et policiers venus exiger l’arrêt de la musique sur le quai Wilson, un endroit sans parapet de l’île de Nantes, sur la Loire. Quatorze personnes avaient été repêchées par les secours durant la nuit après avoir chuté dans le fleuve. Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, n’a plus donné signe de vie depuis cette nuit-là, peut-être tombé dans la Loire lui aussi.
Malgré plusieurs enquêtes diligentées, « à ce jour, aucune information n’a été donnée sur leur déroulement. Un mois après les faits, il faut désormais que les investigations aboutissent extrêmement rapidement », insiste la maire, soulignant que la disparition du jeune homme suscite « une vive émotion dans notre ville et au-delà ».
Après avoir alerté immédiatement M.le Préfet fin juin, je viens d'écrire au Ministre de l'Intérieur concernant l'op… https://t.co/R6VO5JSHOE
— Johanna_Rolland (@Johanna Rolland)
Quai Wilson, là où se sont déroulés les événements dans la nuit du 21 au 22 juin, les tags donnent le ton : « noyade autorisée par la préfecture », « bavures policières il faut que ça cesse », « nous voulons la vérité pour Steve ». Par petits groupes, des proches viennent régulièrement scruter le fleuve. Un rassemblement y est organisé samedi à 15 h 30 pour demander « Où est Steve ? », a annoncé l’association Média’son sur sa page Facebook.
« Recours incessant à la violence »
« Où est Steve ? », se demandent aussi les députés de La France insoumise (LFI), qui publient tous, tout au long de la journée du vendredi 19 juillet, une vidéo sur les réseaux sociaux pour dénoncer la disparition du Nantais. On y voit par exemple Mathilde Panot, vice-présidente du groupe, tenir une pancarte « Où est Steve ? » en regardant la caméra, sur les marches de l’Assemblée nationale.
Le 21 juin dernier, la police a chargé une foule de gens qui continuaient d'écouter de la musique après l'heure aut… https://t.co/YF9guLtn8P
— MathildePanot (@Mathilde Panot)
Ils annoncent vouloir déposer « la semaine prochaine, une proposition de résolution demandant l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur les opérations de dispersion », incluant « tous les députés d’autres groupes qui souhaitent s’y associer ».
Dans une tribune publiée dans Libération le même jour, 17 députés LFI dénoncent une « répression policière disproportionnée », devenue une « matrice de [la] politique » d’Emmanuel Macron. « Lors de cette nuit tragique, écrivent-ils, Steve est devenu malgré lui le visage d’une démocratie compromise, diminuée par un recours incessant à la violence. Cette brutalité est devenue le bruit de fond du macronisme et le pire serait que nous finissions par nous y habituer. »
« Eternelle figure du mépris politique que celle qui consiste à refuser de considérer son adversaire pour ses (pro) positions afin de mieux l’enfermer dans la catégorie fourre-tout de “l’agitateur”. “Gilets jaunes”, militants écologistes, professeurs, militants des quartiers populaires, teufeurs… Tous se retrouvent amalgamés par un pouvoir devenu allergique à l’opposition et qui ne leur répond plus que par la brutalité. »
Jusqu’alors, la police a contesté l’existence d’une charge des forces de l’ordre à Nantes, qui, selon elle, ont été visées par des projectiles. Interrogé sur Franceinfo vendredi, Christophe Castaner a rappelé que « le ministère de l’intérieur a demandé une enquête administrative dès le lendemain des faits et une enquête judiciaire est également en cours ». Répondant à Johanna Rolland, le ministre a déclaré : « Si la maire souhaite des explications sur l’avancée de l’enquête, elle doit s’adresser au parquet. »