Comment la canicule agit sur votre corps
Comment la canicule agit sur votre corps
Par Elodie Cerqueira
Quand la température extérieure avoisine les 40 °C, notre organisme lutte pour abaisser sa température interne. Comment nos organes réagissent-ils ?
La température corporelle est de 37 °C en moyenne. En période de canicule, notre corps déploie donc mille efforts pour se thermoréguler afin de protéger ses organes contre l’insolation, consécutive à une exposition prolongée au soleil ou à une forte chaleur. A noter que l’insolation ne doit pas être confondue avec le coup de chaleur, qui désigne, lui, un état pathologique grave de l’hyperthermie nécessitant de consulter un médecin. Dans les conditions de chaleur extrêmes, certains organes sont particulièrement sensibles, et les symptômes à surveiller.
- La peau
C’est la première barrière face aux agressions extérieures (froid, chaleur, soleil). En cas de forte chaleur, la transpiration est la première réponse à une augmentation de la température du corps. La sueur va permettre d’humidifier et de rafraîchir la surface de la peau. « Une sueur importante, c’est plutôt bon signe, ça veut dire que l’organisme arrive à lutter et à évaporer des calories thermiques », explique Pierre Hausfater, chef de service des urgences de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (centre hospitalier AP-HP), à Paris.
Dans le contexte caniculaire actuel, la perte en eau est importante et s’accompagne d’une perte de sel. C’est ce mécanisme qui peut aboutir à une déshydratation. Il est donc important de s’hydrater régulièrement sans attendre de ressentir la soif et de s’alimenter normalement, malgré la perte d’appétit qui peut survenir.
La vasodilatation cutanée, une dilatation des vaisseaux sanguins qui peut induire le rougissement de la peau, est, elle, une réaction bénigne.
- Le cœur
Lors de fortes chaleurs, le système cardio-vasculaire est le premier touché. Les vaisseaux sanguins vont en effet se dilater pour permettre la circulation du débit sanguin des organes centraux vers les organes périphériques, pour qu’ils se refroidissent. Le docteur Hausfater précise que « le cœur va ainsi battre plus vite pour éjecter un maximum de sang vers les territoires cutanés ».
Si cette hyperactivité cardiaque, que le médecin compare à « une épreuve de sport », s’accompagne de douleurs thoraciques, il faut en revanche immédiatement consulter. Les personnes ayant des antécédents médicaux cardiaques doivent être particulièrement attentives à ces symptômes.
- Le cerveau
Les premiers signes qui annoncent que la température du corps commence à monter sont « les maux de tête, un état nauséeux, un état de fatigue général », énumère Pierre Hausfater, « jusqu’au stade ultime du coup de chaleur, où le cerveau “cuit” littéralement ».
Mais avant d’atteindre ce stade critique, il arrive fréquemment que la sudation excessive et la fatigue influent sur l’humeur et rendent irritable. On peut également présenter une confusion, une désorientation ou un inconfort, autant de petits dysfonctionnements qui sont réversibles.
- Les reins
Pendant la canicule, ils sont « très sollicités, car ils vont essayer de retenir l’eau pour que le corps se maintienne hydraté. Le rein a un pouvoir de concentration des urines, mais ce pouvoir a une certaine limite. En cas de déshydratation, le tissu rénal peut être endommagé et les reins ne fonctionnent plus correctement », explique Pierre Hausfater.
Il est donc indispensable de maintenir un bon niveau d’hydratation. Bien sûr, l’eau est le seul liquide recommandé.
- Tube digestif
Moins sollicité que les autres organes en cas de fortes chaleurs, le tube digestif subit tout de même une vasoconstriction, c’est-à-dire une contraction de ses vaisseaux sanguins : « Cela peut avoir comme conséquence qu’il fonctionne au ralenti avec plutôt des selles dures et une constipation. » Les douleurs abdominales ou la diarrhée peuvent être le signe d’un dysfonctionnement plus grave dû à un coup de chaleur et non à une simple insolation. Il faut alors consulter.
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