Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lors d’une réunion avec les dirigeants palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël, le 25 juillet 2019. / MOHAMAD TOROKMAN / REUTERS

L’annonce intervient sur fond de tensions accrues. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a déclaré jeudi 25 juillet que l’Autorité palestinienne allait cesser de respecter les accords avec Israël. « Nous annonçons la décision de la direction [palestinienne] de ne plus appliquer les accords signés avec Israël », a-t-il déclaré lors d’un discours à Ramallah. Il a ajouté que la direction palestinienne allait mettre en place immédiatement un comité chargé d’étudier la façon de mettre en œuvre cette décision.

Dans le passé, des responsables palestiniens avaient menacé de cesser d’appliquer les accords avec Israël, mais c’est la première fois que M. Abbas l’annonce lui-même et de manière aussi directe.

Israël et les Palestiniens sont liés par des accords bilatéraux dans des domaines allant de la gestion de l’eau à la sécurité. Si les Palestiniens cessent de les appliquer, cela pourrait avoir des conséquences notamment sur la sécurité en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Bras de fer financier

Le Conseil palestinien avait approuvé en 2015 la fin de la coopération sécuritaire mais le vote était resté lettre morte. La coopération entre services de sécurité palestiniens et israéliens passe pour avoir permis de déjouer des dizaines d’attentats anti-israéliens. Les Israéliens assurent que l’Autorité palestinienne y trouve son compte avec le maintien de la stabilité.

Les relations entre le gouvernement de M. Abbas, établi en Cisjordanie occupée, et les autorités israéliennes se sont dégradées au cours des derniers mois. Cette semaine, Mahmoud Abbas a condamné les démolitions de logements de Palestiniens par Israël au sud de Jérusalem, parlant de « dangereuse escalade contre le peuple palestinien sans défense ». Ces destructions « peuvent seulement être qualifiées de nettoyage ethnique et de crime contre l’humanité », a ajouté jeudi M. Abbas.

Le bras de fer est aussi financier. En février, Israël avait annoncé le blocage de 500 millions de shekels (125 millions d’euros) sur le montant total reversé à l’Autorité palestinienne au titre de la TVA et des droits de douane prélevés par l’Etat hébreu sur les produits importés par les Palestiniens.

Cette sanction avait été imposée en réponse au versement par l’Autorité palestinienne d’allocations aux familles de Palestiniens emprisonnés ou tués pour avoir commis des attaques anti-israéliennes.

Mahmoud Abbas avait alors refusé de toucher une quelconque somme due au titre de ces droits de douane de la part d’Israël tant que ces fonds étaient incomplets, laissant l’Autorité palestinienne face à une grave crise financière. Ces taxes représentent 65 % des recettes de l’Autorité censée préfigurer un Etat palestinien.

Négociations au point mort

Les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens autour de la solution dite des deux Etats – israélien et palestinien – coexistant l’un à côté de l’autre sont au point mort.

Les Etats-Unis promettent un plan de paix mais son volet politique tarde à être dévoilé. Les émissaires américains Jared Kushner et Jason Greenblatt doivent retourner au Moyen-Orient à la fin du mois pour des discussions sur ce plan. Les Palestiniens boycottent pour l’instant cet effort de paix américain, accusant l’administration du président des Etats-Unis Donald Trump de parti pris en faveur d’Israël.