La première « forêt primitive » de Paris, coincée entre le périphérique et la Foire du Trône
La première « forêt primitive » de Paris, coincée entre le périphérique et la Foire du Trône
LE MONDE ECONOMIE
L’organisation Reforest’Action applique une méthode japonaise de plantation très dense visant à créer des foyers de biodiversité en milieu urbain.
L’ONG Reforest’Action et la Ville de Paris ont organisé, le 23 mars, la plantation par 200 volontaires de 2 000 jeunes arbres dans le bois de Vincennes. / Reforest'Action
Coincés entre le périphérique et le macadam de la Foire du Trône, en lisière du bois de Vincennes, de jeunes plants d’arbre résistent à la sécheresse au milieu des grandes herbes. Des chênes, des charmes, du houx, des tilleuls, des merisiers, des cormiers… Bienvenue dans la première « forêt primitive » de Paris : près de 2 000 arbres de 25 essences différentes ont été plantés là ce printemps, sur une modeste parcelle de 700 mètres carrés, par 200 Parisiens volontaires, sous la houlette de la municipalité et de l’organisation écologiste Reforest’Action.
Pourquoi « primitive » ? « On cherche à reproduire l’écosystème tel qu’il serait si on le laissait évoluer librement pendant plusieurs centaines d’années », explique le fondateur et président de Reforest’Action, Stéphane Hallaire. Théorisée par le botaniste japonais Akira Miyawaki pour restaurer des forêts sur des sols dégradés, industriels ou urbains, cette méthode consiste à planter des espèces très diverses avec une très forte densité – jusqu’à trois arbres par mètre carré, trente fois plus que dans une forêt traditionnelle – et de manière totalement aléatoire.
« Un espace rendu à la nature »
« Les plants entrent tantôt en symbiose, tantôt en compétition pour la recherche de la lumière, et poussent jusqu’à dix fois plus vite que d’habitude. On arrive à des arbres de trois mètres en seulement trois ans », décrit M. Hallaire. Aucune intervention humaine, à part un peu d’arrosage les premières années, et aucune logique paysagère. « On crée un écosystème très dense, dans lequel on ne pourra pas poser un pied ou mettre un banc. C’est un espace rendu à la nature, un foyer de biodiversité en zone urbaine », précise le fondateur de Reforest’Action. Pas la bonne solution si l’on veut un parc où s’asseoir à l’ombre…
L’organisation, qui a mené dix-sept opérations de reboisement urbain et planté 35 000 arbres depuis quatre ans, travaille avec la Ville de Paris pour identifier des sites où implanter d’autres de ces « forêts primitives », à l’heure où la municipalité cherche à intensifier sa politique de création d’espaces naturels et à créer des « forêts urbaines ». « On intervient sur 100 mètres carrés au minimum, plutôt en pleine terre, même si on peut adapter les essences pour planter au-dessus d’un parking souterrain, souligne M. Hallaire. On nous propose souvent des friches au bord d’infrastructures. »
Coût de l’opération : environ 25 000 euros au total pour la plantation du bois de Vincennes. Reforest’Action propose à tout un chacun, sur son site Internet, de financer la création de ces forêts par un don de trois euros par arbre.