Trois attentats meurtriers frappent Kaboul alors que Washington tente d’accélérer les négociations de paix
Trois attentats meurtriers frappent Kaboul alors que Washington tente d’accélérer les négociations de paix
Le Monde.fr avec AFP
Les attentats revendiqués par les talibans et la branche afghane du groupe Etat islamique ont fait au moins dix morts et plus de 40 blessés alors que des émissaires américains sont sur place pour négocier un accord de paix.
Les dégats sur l’un des trois sites frappé par un attentat-suicide à Kaboul, le 25 juillet. / Rahmat Gul / AP
Trois attentats ont fait au moins dix morts jeudi 25 juillet à Kaboul, au moment où le gouvernement afghan et les Etats-Unis se disent pourtant déterminés à « accélérer » les négociations en vue d’un accord de paix.
La branche afghane du groupe Etat islamique a revendiqué les deux premiers attentats, tandis que les talibans ont revendiqué le troisième, l’œuvre d’un de leurs kamikazes qui s’est fait sauter contre un convoi de forces étrangères, d’après leur porte-parole Zabihullah Mujahid. Responsables américains et afghans de la sécurité blâment toutefois les talibans pour ces trois attaques, qui ont également fait plus de 40 blessés.
La violence s’est intensifiée ces dernières semaines en Afghanistan, alors que se profile l’élection présidentielle, prévue le 28 septembre. La campagne électorale doit officiellement démarrer dimanche. Les précédents scrutins avaient été marqués par des attentats sanglants, les talibans et d’autres groupes extrémistes s’efforçant de déstabiliser la fragile démocratie afghane.
Dix-huit années de guerre
Certains observateurs affirment en outre que les insurgés multiplient les attaques afin d’augmenter leur pression à la table de pourparlers avec le négociateur américain Zalmay Khalilzad, qui doivent reprendre dans les prochains jours à Doha dans l’espoir de mettre fin à dix-huit années de guerre.
Avant d’aller au Qatar, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la paix en Afghanistan est actuellement à Kaboul, où l’administration de Donald Trump a également dépêché son chef d’état-major, le général Joseph Dunford.
Car le temps presse : le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo s’est fixé comme objectif de parvenir à un accord de paix d’ici au 1er septembre, avant la présidentielle, et Washington veut commencer dès que possible à retirer ses soldats d’Afghanistan pour tenir un engagement de campagne du président Trump.
Mike Pompeo s’est entretenu mercredi au téléphone avec le président afghan Ashraf Ghani, et les deux hommes « sont convenus qu’il était temps d’accélérer les efforts pour parvenir à une fin négociée de la guerre en Afghanistan », selon un communiqué commun diffusé jeudi.
L’appel a eu lieu après les « éclaircissements » réclamés par Ashraf Ghani au sujet de propos de Donald Trump, qui avait dit qu’il pourrait aisément « gagner la guerre » mais qu’il ne voulait pas « tuer dix millions de personnes ».
Selon le communiqué, diffusé par le département d’Etat, Mike Pompeo a « assuré au président Ghani que la stratégie du président Trump n’avait pas changé », notamment au sujet de « l’engagement américain d’un retrait conditionnel » de ses troupes d’Afghanistan.
Deux explosions au même endroit en une demi-heure
Jeudi, la première explosion s’est produite vers 08 h 10, heure locale (05 h 40, heure française) lorsqu’un kamikaze a pris pour cible un autobus à l’angle d’une rue de l’est de Kaboul, d’après des responsables de la sécurité et des images de vidéosurveillance vues par l’Agance France-Presse (AFP). Les images montraient des civils courir pour aider les passagers blessés à descendre de l’autobus et transporter le corps d’un petit enfant hors du véhicule alors que de la fumée s’échappait par la lunette arrière. D’autres corps gisaient sur le bitume.
Environ trente minutes plus tard, une deuxième explosion provoquée par un engin dissimulé sur les lieux du premier attentat a visé les civils et les forces de sécurité qui intervenaient.
Un troisième attentat, apparemment contre un convoi militaire, s’est produit plus tard dans la matinée, également dans l’est de la capitale.
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Nasrat Rahimi, a déclaré que 11 civils avaient été tués, dont cinq femmes et un enfant, et 45 autres blessés. Le porte-parole du ministère de la Santé Wahidullah Mayar a de son côté fait état de 10 morts et 41 blessés.
« Au cours du mois dernier, nous avons vu le nombre de victimes civiles augmenter. (Les talibans) ne visent pas les forces de la coalition, ils blessent des Afghans innocents », a déclaré le colonel Sonny Leggett, porte-parole des forces américaines en Afghanistan.
Mercredi, un soldat croate avait cependant été tué et deux autres blessés quand un kamikaze taliban s’était fait exploser dans Kaboul contre le véhicule blindé dans lequel ils circulaient. « Les talibans mènent des pourparlers tout en multipliant de tels crimes contre l’humanité », a tonné le président Ghani, qui s’agace régulièrement d’être tenu à l’écart de ces discussions. « Mais ils doivent savoir qu’ils n’auront aucune influence sur les pourparlers de paix et qu’ils n’échapperont pas à la haine et au dégoût du peuple », a-t-il poursuivi dans un communiqué.