Le pétrolier battant pavillon britannique Stena Impero a été arraisonné par l’Iran dans le détroit d’Ormuz le 19 juillet. / Morteza Akhoondi / AP

L’Iran a jugé dimanche 27 juillet « provocateur » un appel formulé par l’ex-ministre britannique des affaires étrangères Jeremy Hunt à une mission navale européenne dans le Golfe, en pleines tensions dans cette région stratégique.

Lundi, M. Hunt, écarté jeudi du gouvernement de Boris Johnson, avait appelé à la mise en place d’une « mission de protection maritime dirigée par les Européens » dans le Golfe, après l’arraisonnement par l’Iran d’un pétrolier suédois battant pavillon britannique, le Stena Impero, dans le détroit d’Ormuz.

« Message hostile »

« Nous avons entendu qu’ils comptent envoyer une flotte européenne dans le Golfe persique », a déclaré le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabiei, cité par l’agence ISNA, en dénonçant un « message hostile » et un acte « provocateur » qui va « accentuer les tensions ». Le responsable iranien n’a pas fait directement allusion à la proposition de M. Hunt.

M. Rabiei a réitéré la position iranienne selon laquelle la sécurité dans le Golfe doit être assurée par les pays de cette région riche en pétrole. « Nous sommes le plus grand agent de la sécurité maritime dans le Golfe persique », a-t-il souligné.

Dans un entretien paru vendredi dans l’Est républicain, la ministre française des armées Florence Parly a indiqué que Paris, Londres et Berlin prévoyaient de « coordonner » leurs moyens et « partager (leurs) informations » dans le Golfe pour y renforcer la sécurité maritime, mais sans pour autant y déployer des moyens militaires supplémentaires. « Nous ne voulons pas contribuer à une force qui pourrait être perçue comme aggravant les tensions », a-t-elle dit.

Plus tôt cette semaine, le ministère britannique de la défense a annoncé avoir ordonné à la Royal Navy d’escorter les navires civils battant pavillon britannique dans le détroit d’Ormuz.

Réunion sur l’accord sur le nucléaire

Les tensions ne cessent de monter dans le Golfe depuis le retrait américain unilatéral en mai 2018 de l’accord nucléaire iranien, suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran.

Etranglé économiquement, l’Iran menace de poursuivre son désengagement graduel de l’accord si les autres Etats parties (la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Russie et la Chine) ne lui permettent pas de contourner les sanctions américaines.

Les Etats parties prenantes se réunissent dimanche à Vienne pour tenter une nouvelle fois de sauver ce texte. Aucune avancée n’est attendue de cette réunion préparatoire à une future rencontre ministérielle, qui intervient un mois après une précédente réunion infructueuse dans la capitale autrichienne.

La limite d’enrichissement d’uranium dépassée

L’Iran a commencé début juillet à dépasser le plafond autorisé de ses stocks d’uranium faiblement enrichi ainsi que le taux toléré d’enrichissement, des violations toutefois considérées comme marginales et réversibles à ce stade.

Téhéran, qui a toujours assuré que son programme nucléaire était strictement pacifique malgré de forts soupçons américains et israéliens, exige notamment de pouvoir pleinement reprendre ses exportations de pétrole, compromises par le rétablissement des sanctions américaines.

Elles se sont intensifiées ces dernières semaines avec des attaques contre des pétroliers dans le Golfe, imputées par Washington à Téhéran qui dément toute implication.