Le Brexit pèse sur les prévisions de croissance du Royaume-uni, revues à la baisse
Le Brexit pèse sur les prévisions de croissance du Royaume-uni, revues à la baisse
Le Monde.fr avec AFP
Les incertitudes autour de la sortie de l’UE et le ralentissement de la croissance mondiale devraient conduire à une croissance limitée en 2019 et en 2020, selon la Banque d’Angleterre.
La Banque d’Angleterre prévoit une croissance à 1,3 % en 2019 et 2020. / Hannah Mckay / REUTERS
Le Brexit et la période d’incertitude qui le précède vont peser sur la croissance britannique. La Banque d’Angleterre a abaissé, jeudi 1er août, ses prévisions de croissance pour 2019 et 2020, dans un contexte économique mondial déjà dégradé.
Dans son rapport trimestriel sur l’inflation publié jeudi, l’institution a signalé qu’elle prévoyait dorénavant une croissance à 1,3 % en 2019 et 2020 contre respectivement 1,5 % et 1,6 % dans son précédent rapport, datant de mai. Elle table néanmoins sur un rebond de 2,3 % en 2021.
Craintes sur l’investissement
Elle explique cette révision à la baisse pour cette année et la prochaine par les incertitudes du Brexit et le ralentissement de la croissance mondiale qui « devraient continuer à peser sur la croissance à court terme et de façon plus marquée que ce qui avait été anticipé dans le rapport de mai ».
Il y a trois mois, les responsables de la Banque d’Angleterre (BoE) avaient relevé leurs prévisions de croissance, prenant acte de la bonne santé de l’économie du Royaume-Uni et de la résilience de l’économie mondiale. En juin, les membres du Comité de politique monétaire (MPC) avaient, cependant, commencé à rectifier leur tir, en accusant la montée des risques économiques.
Selon une enquête citée par le MPC, de plus en plus d’entreprises considèrent que l’incertitude du Brexit, prévu désormais le 31 octobre après avoir été reporté à deux reprises, va se poursuivre pendant plusieurs années. Environ 30 % des sociétés interrogées jugent même que l’incertitude va s’étendre au-delà de 2020, ce qui risque de peser sur l’investissement dans le pays.
La peur du « no deal » déjà répercutée sur la livre
« La probabilité d’un Brexit sans accord a augmenté pour les participants du marché » depuis le mois de mai, ont, en outre, une nouvelle fois déclaré les responsables de la BoE, qui tablent, pour leur part, toujours sur un accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Les craintes d’un Brexit abrupt se sont accentuées avec l’arrivée au pouvoir, la semaine dernière, de Boris Johnson, qui a promis de sortir de l’UE fin octobre quoi qu’il arrive.
« Dans le cas d’un Brexit sans accord, le taux de change de la livre reculerait probablement, l’inflation augmenterait et la croissance du PIB ralentirait », a d’ailleurs prévenu la BoE, même si elle ne fait, pour l’instant, pas de cette hypothèse son scénario central.
La peur grandissante d’un no deal s’est déjà répercutée sur la livre sterling, qui est tombée jeudi à un niveau sans précédent depuis 2017 face au dollar.
Comme annoncé en juin, la Banque d’Angleterre s’attend dorénavant à une croissance nulle au deuxième trimestre, après avoir enregistré une hausse de 0,5 % au premier trimestre.
« Les données officielles sur les biens exportés montrent une nette baisse au deuxième trimestre [ce qui] reflète probablement la faiblesse de la demande mondiale et le contrecoup de la constitution de stocks en Europe au premier trimestre », ont jugé les membres du MPC.
Tensions commerciales
Alors que la date limite du Brexit avait été initialement prévue le 29 mars, de nombreuses entreprises au Royaume-Uni et sur le continent avaient augmenté leurs stocks par précaution en cas de désordre sur la chaîne d’approvisionnement. Selon la BoE, « la contribution négative de ces stocks pour le deuxième trimestre devrait être légèrement plus importante que l’impact positif observé au premier trimestre ».
Sur le plan international, les responsables de la Banque d’Angleterre ont considéré que « les tensions commerciales sont restées élevées, comparées à la période précédent le rapport de mai, bien qu’elles se soient un peu apaisées depuis que les Etats-Unis et la Chine ont accepté de reprendre leurs discussions », qui ont débuté cette semaine.
L’institution a également observé, à l’instar des banques centrales américaine et européenne qui se sont lancées dans un processus d’assouplissement monétaire, que la croissance mondiale restait « faible ».
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