NETFLIX - À LA DEMANDE

La « ménagère de moins de 50 ans » ayant plus ou moins disparu du discours des publicitaires, elle semble avoir été remplacée par la « femme au bord de la crise de nerfs », cumulant emploi exigeant, maternité peu épanouie, couple bancal et ami(e)s tyranniques. Ces derniers mois, Netflix a mis en ligne plusieurs séries adressées à ce public en quête de détente mais aussi, il faut croire, d’identification. Workin’Moms, dont la deuxième saison vient d’arriver sur la plate-forme de VoD, est le « bébé » de la Canadienne Catherine Reitman, fille et sœur des réalisateurs Ivan (SOS Fantômes) et Jason Reitman (Thank You for Smoking). Productrice et scénariste, elle interprète également le rôle principal, celui de Kate, professionnelle des relations publiques, mariée à un bellâtre et mère d’un petit garçon.

La série a pour nœud central un groupe de parole ouvert aux jeunes mamans, dans lequel Kate retrouve chaque semaine son amie de jeunesse, Anne, ainsi que d’autres femmes toutes plus ou moins équilibrées. Après une première saison aussi lisse que les brushings des actrices principales – les préoccupations des protagonistes tournant essentiellement autour de problèmes très « CSP + » (avoir ou pas un troisième enfant ? Reprendre le travail ou embaucher une nounou ?), le propos de Workin’ Moms s’est, dans sa deuxième saison, considérablement assombri.

Jongler entre quatre rôles

Peut-être faut-il y voir un effet des critiques qui n’ont pas épargné la saison 1, mais aussi de la concurrence de séries plus « rugueuses », telle l’australienne Super Mamans, elle aussi sur Netflix et qui, malgré la niaiserie de son titre français (l’original est The Letdown), a l’intérêt de prendre parti pour un réalisme radical dans sa représentation du couple et de la maternité (décors simples, visages nus, costumes basiques, ressorts psychologiques privilégiés au détriment de la comédie).

En cette saison 2, donc, Kate a perdu de sa superbe. Placardisée pour avoir fui une présentation PowerPoint, préférant se rendre au chevet de son fils malade (après s’être fait rappeler à l’ordre, de façon fort peu féministe, par son mari…), la voilà forcée de jongler entre deux jobs à mi-temps, une nounou vénéneuse, une meilleure amie perturbée par le retour de son ex-mari, et la mort soudaine de son père. Ce que la plupart des femmes font au quotidien sans s’en rendre compte – jongler entre quatre ou cinq rôles en donnant l’impression que tout est facile –, Kate le fait mal. Perdue, peu sûre d’elle, elle se complaît dans une ambivalence molle face à son travail, sa famille et ses amis.

Un ton libre et cru

L’agacement que suscite son personnage constitue tout l’intérêt de cette saison 2, qui questionne le couple plus que la parentalité, les évolutions du monde du travail plus que les rapports de pouvoir homme-femme, la liberté individuelle plus que le bien vivre ensemble. La scène la plus intéressante voit l’ex-patron de Kate, archétype du mâle blanc privilégié, lui intimer de se rebeller face à une situation injuste. En cela, Workin’ Moms effectue un virage bienvenu qui tranche avec la tonalité de sa première saison. On peut regretter la durée des épisodes – une vingtaine de minutes – qui oblige le scénario à enchaîner les rebondissements (dont beaucoup sont superflus) et laisse quelques personnages intéressants sur le côté de la route. Le tout se regarde néanmoins avec plaisir, notamment grâce à un ton libre et cru, et à quelques scènes très drôles.

Workin' Moms: Season 2 - Official Trailer (Netflix)
Durée : 01:27

Workin’ Moms, créé par Catherine Reitman. Avec Catherine Reitman, Dani Kind, Juno Rinaldi (Can., 13 × 20 minutes). Disponible à la demande sur Netflix.