FRANCE 5 - DIMANCHE 11 AOÛT À 22 H 40 - SÉRIE DOCUMENTAIRE

Voici vingt ans que l’architecte et designer Charlotte Perriand est morte – elle était née en 1903 – et que son œuvre épurée, à la fois terrienne et essentielle, savoyarde et japonisante, continue de fasciner et d’être rééditée, à des prix parfois faramineux : le Tabouret berger coûte ainsi autour de 600 euros ; son original dix fois plus.

Un long séjour au Japon, au début des années 1940, lui permet de développer sa connaissance des matières et de l’ergonomie des espaces

Pourtant Charlotte Perriand, proche du Parti communiste dans l’entre-deux-guerres, ainsi que le rappelle le très bon épisode d’« Une maison, un artiste » qui lui est consacré, travaillera beaucoup pour l’usage ordinaire : « Je n’ai pas créé gratuitement ces objets, mais parce que j’en avais besoin. »

Son esthétique dépouillée trouve ses racines fondatrices dans une chambre nue d’hôpital où la jeune convalescente avait eu la prescience de trois éléments-clés : « La fenêtre, la lumière, la fonction », ainsi que le formule son biographe et beau-fils Jacques Barsac. Un long séjour au Japon, au début des années 1940, lui permet de développer sa connaissance des matières et de l’ergonomie des espaces.

Un trio créatif

Sa rencontre avec Le Corbusier avait néanmoins mal commencé : « Ici, on ne brode pas de coussins », lui avait-il lancé. Charlotte Perriand avait encaissé avant de rapidement s’imposer comme une indispensable collaboratrice, formant avec l’architecte et son cousin, Pierre Jeanneret, un trio créatif essentiel. Mais on attribue malheureusement trop souvent au seul Le Corbusier des pièces d’ameublement en réalité conçues par la jeune femme.

Charlotte Perriand, architecte et designer : « Il ne faut pas se tromper de sujet : le sujet, c’est l’homme »

La designer va également se faire connaître par l’aménagement des bâtiments de la station de ski de Méribel ; aux Arcs, alors que les sports d’hiver se démocratisent, Charlotte Perriand a la charge complète du site. Elle conçoit un ensemble d’immeubles – rassemblés afin de ne pas dénaturer la montagne – qui ont chacun une vue dégagée.

Son chalet de Méribel, sur lequel cet épisode d’« Une maison, un artiste » se concentre, éblouit par cette intelligente simplicité. Tatamis et cloisons japonaises intègrent organiquement un chalet-étable où l’on semble se trouver si bien autour d’une vaste cheminée. Un aboutissement pour Charlotte Perriand, qui répétait : « Il ne faut pas se tromper de sujet : le sujet, c’est l’homme. »

Une maison, un artiste : Charlotte Perriand, l’art d’habiter la montagne, série documentaire écrite et réalisée par Thierry Trelluyer, sur une idée de Patrick Poivre d’Arvor (Fr., 2019, 26 min). www.france.tv/france-5/une-maison-un-artiste