Evelyn Hernandez a été acquittée, lundi 19 août, à Ciudad Delgado. / JOSE CABEZAS / REUTERS

Le verdict risque de faire date dans l’histoire du Salvador, pays où la législation anti-avortement est l’une des plus strictes du monde. Accusée d’homicide aggravé par négligence de son bébé, la jeune Salvadorienne Evelyn Hernandez, 21 ans, a finalement été acquittée, lundi 19 août.

L’affaire remonte au 6 avril 2016, lorsque la jeune femme donne naissance à un bébé dans des toilettes. Transférée à l’hôpital de la ville de Cojutepeque (centre), elle avait été rapidement arrêtée et accusée d’homicide. Le code pénal salvadorien prévoit en effet une peine de deux à huit ans de prison pour les cas d’avortement, mais, dans les faits, les juges considèrent toute perte du bébé comme un « homicide aggravé », puni de trente à cinquante ans de réclusion.

« Liberté pour Evelyn ! »

Une peine de quarante ans de prison avait ainsi été requise vendredi contre la jeune femme. Evelyn Hernandez, désormais âgée de 21 ans mais adolescente au moment des faits, a toujours clamé son innocence. Le bébé était mort-né, a-t-elle toujours expliqué.

La jeune femme avait déjà été condamnée en juillet 2017 à trente ans de prison mais la décision a été annulée en février par la Cour suprême, après que Mme Hernandez eut passé trente-trois mois derrière les barreaux. Pour ce deuxième procès, le ministère public salvadorien avait changé de chef d’accusation : Evelyn Hernandez n’était plus accusée d’homicide aggravé avec préméditation mais d’homicide aggravé par négligence.

Aux cris de « Liberté pour Evelyn ! » et « A bas le patriarcat ! », une cinquantaine de militants pour les droits des femmes avaient protesté ce week-end devant le tribunal de Ciudad Delgado, au nord-est de San Salvador, la capitale. Actuellement, seize femmes sont en prison au Salvador pour des avortements. Au cours des derniers mois, cinq femmes condamnées pour des cas similaires ont été remises en liberté.