Ligue 1 : feu vert au rachat de Nice par un milliardaire anglais
Ligue 1 : feu vert au rachat de Nice par un milliardaire anglais
Par Maxime Goldbaum
Le rachat de l’OGC Nice par le milliardaire britannique Jim Ratcliffe a reçu mercredi l’aval de l’Autorité de la concurrence. L’homme le plus riche d’Angleterre pourrait permettre au club azuréen de changer de dimension.
Jim Ratcliffe, à Londres en 2014. / JUSTIN TALLIS / AFP
L’OGC Nice va-t-il bientôt changer de dimension ? Après des mois de tractation, le rachat du club azuréen par le milliardaire britannique Jim Ratcliffe, patron du géant de la pétrochimie Ineos, aux hommes d’affaires sino-américains Chien Lee, Alex Zheng et Paul Conway, qui détenaient l’OGCN depuis 2016, a été validé par l’Autorité de la concurrence, mercredi 21 août. Un dernier obstacle avant que la transaction, estimée à 100 millions d’euros, un record pour un club français, ne soit officialisée, une fois le transfert bancaire effectué.
« Par une décision rendue ce jour, l’Autorité autorise l’opération sans conditions particulières », écrit l’instance dans un communiqué. « L’Autorité a constaté qu’à l’issue de l’opération, la nouvelle entité ne détiendra qu’une position très limitée sur les différents secteurs d’activité des clubs de football professionnel, et en particulier sur le marché du transfert des joueurs professionnels, et a donc autorisé ce rachat sans le soumettre à des conditions particulières. »
[Concentrations] L'Autorité de la concurrence autorise le rachat de l'@ogcnice par le groupe @INEOS sans condition… https://t.co/3aD4sF4enk
— Adlc_ (@Autorité de la Concurrence)
Avec son nouvel homme fort, l’OGCN peut légitimement ambitionner de s’installer durablement parmi les outsiders du championnat de France, c’est-à-dire, comme Lyon, Marseille et consorts, de viser chaque année le podium et la lucrative Ligue des champions, tout en rêvant de détrôner le PSG si l’occasion s’en présente.
Le Britannique de 66 ans n’est rien moins que l’homme le plus riche du Royaume-Uni. Jim Ratcliffe pèse 21 milliards de livres (24,4 milliards d’euros), selon le Sunday Times, bien plus que le patron de l’OM, Frank McCourt, ou que celui de l’AS Monaco, Dmitri Rybolovlev. En Ligue 1, seuls deux propriétaires de clubs auraient une surface financière supérieure à celle de Ratcliffe : QSI (Qatar Sports Investments) au PSG, mais qui est un fonds souverain, et François Pinault, le président du Stade rennais.
Pas d’investissement massif dès cet été
Autant dire que les ultras de la Populaire Sud qui avaient décidé de boycotter la campagne d’abonnement vont sans doute revoir leurs plans. Il ne faut toutefois pas s’attendre à des investissements massifs dès cet été, même si le club est sur le qui-vive pour recruter vite et bien avant la fermeture du marché des transferts, le 31 août.
En raison des contraintes du fair-play financier, Jim Ratcliffe ne pourra pas non plus dépenser plus que ce que le club ne génère de revenus, comme l’a expliqué Pierre Rondeau, économiste du sport, au micro de RMC : « La règle, c’est qu’il faut dépenser autant que ce que l’on gagne. On ne peut pas s’attendre à voir Jim Ratcliffe poser 1 milliard d’euros sur la table. Mais, petit à petit, il pourra mettre 30, 40, 50 millions d’euros lors des périodes de transfert. »
Dans un entretien publié en avril dans Nice-Matin, Robert Ratcliffe, frère de Jim, avait estimé que le rachat de Nice impliquerait « des investissements conséquents, un plan de développement clair et ambitieux sur le long terme », avec comme objectif de se qualifier chaque saison pour la Ligue des champions.
Le premier dossier de Jim Ratcliffe devrait concerner l’avenir de l’entraîneur Patrick Vieira, très apprécié sur la Côte d’Azur mais courtisé par plusieurs clubs anglais. Le technicien français avait dû composer avec des moyens plus que limités lors de sa première saison sur le banc niçois, mais le rachat de l’OGCN par le milliardaire anglais devrait le convaincre de poursuivre son aventure dans le club. Il a, en tout cas, récemment affirmé qu’il ne se voyait pas ailleurs qu’à Nice la saison prochaine.
Les rumeurs font également état d’un retour du duo Jean-Pierre Rivière, ex-président, et de Julien Fournier, ancien directeur général, arrivés en 2011 mais qui avaient quitté le club azuréen avec fracas, en début d’année, en raison de désaccords avec les anciens propriétaires. Les deux hommes avaient permis à Nice de franchir un cap en recrutant des entraîneurs (Puel, Favre, Vieira) et des joueurs (Ben Arfa, Balotelli, Belhanda) de renom. Le club avait notamment réalisé une saison historique lors de l’exercice 2016-2017 en terminant troisième de Ligue 1.
100 millions pour le rachat
Pour racheter l’OGCN au trio Chien Lee, Alex Zheng et Paul Conway, Jim Ratcliffe aurait mis 100 millions d’euros sur la table, établissant ainsi un nouveau record pour un club français. QSI avait dépensé 40 millions d’euros pour racheter 70 % des parts du PSG à l’été 2011, l’OM a été acquis pour 45 millions dépensés par Frank McCourt, et Bordeaux a été cédé aux Américains GACP pour 60 millions d’euros.
L’Anglais, fervent défenseur du Brexit, est déjà propriétaire du club de football suisse de Lausanne, actuellement en deuxième division, mais aussi de l’équipe cycliste Ineos, ex sky, qui a remporté avec le Colombien Egan Bernal le Tour de France 2019, et le sponsor principal du bateau anglais postulant à la Coupe de l’America. Il rêvait d’acheter un grand club, et avait mené de vaines négociations avec Roman Abramovitch, le propriétaire de Chelsea, pour tenter d’acheter le club londonien.
Pas si étonnant, toutefois, de le voir débarquer à Nice car l’homme a des attaches dans le sud-est de la France : résidant fiscal à Monaco, son énorme yacht – avec sa vingtaine d’employés – mouille souvent à Cap-d’Ail (Alpes-Maritimes), près de la Principauté. « Pas la peine de trop creuser et de chercher une grande stratégie. Ce sont des projets positifs, et j’aime ça, tout simplement », expliquait-il au Monde au moment du rachat de l’équipe cycliste Sky.