Face aux craintes qu’inspire l’économie mondiale, l’or brille de nouveau
Face aux craintes qu’inspire l’économie mondiale, l’or brille de nouveau
Par Johan Deschamps
Le métal jaune est un actif stérile qui ne sert pas de rendement, mais dans un univers de taux de plus en plus négatifs, cela va devenir un argument positif.
L’or a retrouvé son statut de valeur refuge. Le cours de l’once progresse de 16 % depuis le 1er janvier, à 1 245 dollars. | PAUL J. RICHARDS / AFP
Avec les soubresauts de la Bourse et les inquiétudes quant à la santé de l’économie mondiale, l’or a retrouvé son statut de valeur refuge. Le cours de l’once affiche une progression de 16 % depuis le 1er janvier, à 1 245 dollars (1 100 euros), quand nombre d’actifs perdent de la valeur, à l’image du repli des places européennes (le CAC 40 perd 4 % depuis le début de l’année) ou asiatiques (– 14 % pour Tokyo).
Certes, l’or est un actif stérile qui ne sert pas de rendement, mais dans un univers de taux de plus en plus négatifs en Europe et au Japon, cela va devenir un argument positif. De plus, aux Etats-Unis, la Réserve fédérale a laissé entendre qu’elle ne monterait que très légèrement ses taux d’intérêt cette année, ce qui devrait peser sur le billet vert. Or, comme l’or est coté en dollars, il y a une corrélation directe : historiquement, un repli de la monnaie américaine se traduit par une hausse des cours de l’or.
Finalement, ce ne sont guère que des anticipations d’amélioration de la conjoncture mondiale qui pourraient peser sur la valorisation du métal fin. Mais il faut bien admettre qu’un tel scénario est pour le moment difficile à envisager.
Métal ou or « papier »
Reste à savoir comment investir. Cela peut être physique, en achetant des lingots, lingotins, ou pièces, comme le napoléon, auprès des banques, courtiers ou numismates. Mais dans ce cas « mieux vaut les assurer s’ils sont à domicile ou demander à sa banque leur conservation », recommande François de Lassus, directeur de la communication de CPOR devises.
Il est aussi possible de se porter acquéreur d’or « papier » avec des actions de mines aurifères qui sont cotées en Bourse, des parts de fonds spécialisés ou encore des trackers. Ces produits financiers répliquent un indice, un panier d’actions ou des matières premières comme l’or. Mais sur ces derniers, Fabrice de Cholet, président-directeur-général de Cholet Dupont, se montre prudent : « Ces trackers doivent en théorie avoir le stock d’or acheté dans les comptes en banque, et il y a beaucoup de gens qui en doutent. » Il faut en effet qu’ils ajustent leur stock en temps réel, c’est-à-dire, à la vitesse du marché. Mais pour François de Lassus, « il n’y a pas vraiment d’inquiétudes à avoir puisque les banques qui gèrent ces trackers ont pignon sur rue ».
Quel que soit le mode d’acquisition, en cas de gain sur l’or, il convient de passer par la case fiscalité, où deux solutions sont possibles. Sans preuve d’achat (absence d’acte notarié ou de certificat d’acquisition), la valeur du bien supporte une taxe forfaitaire de 10,5 %. En revanche, en apportant la preuve de son achat, seule la plus-value est imposable, à hauteur de 34,5 %, et ce après un abattement de 5 % par an à partir de la troisième année (ce qui revient à une exonération totale au bout de vingt-deux ans).