Installée à Satsumasendai, dans le département de Kagoshima au sud de Kumamoto, la centrale de Sendai est à environ 120 km de l’épicentre du séisme du 14 avril. Elle est la seule en fonctionnement de tout le parc nucléaire japonais. | JIJI PRESS / AFP

La question se pose depuis le premier tremblement de terre qui a touché le 14 avril le département de Kumamoto : quelle est la situation aux trois centrales nucléaires − Sendai, Genkai et Itaka − les plus proches des épicentres des séismes survenus dans cette région du sud-ouest du Japon ?

Dans un archipel toujours aux prises avec les conséquences de la catastrophe de Fukushima en mars 2011, le gouvernement comme les compagnies d’électricité s’efforcent de rassurer. « Le fonctionnement des réacteurs 1 et 2 de la centrale nucléaire Sendai se poursuit normalement », peut-on lire sur la page d’accueil du site de son opérateur, la compagnie du Kyushu (Kyuden).

Installée à Satsumasendai, dans le département de Kagoshima au sud de Kumamoto, Sendai est à environ 120 km de l’épicentre du séisme du 14 avril. Elle est la seule en fonctionnement de tout le parc nucléaire japonais, qui compte aujourd’hui 42 réacteurs − contre 54 avant Fukushima, qui généraient 28 % de l’électricité nippone − dont 24 sont engagés dans le processus devant conduire à leur relance. Les deux réacteurs de Sendai ont été redémarrés en août et octobre 2015.

« Aucun problème n’a été constaté à la centrale de Genkai », indique par ailleurs Kyuden en référence à l’installation à l’arrêt, située dans le département de Saga, au nord-ouest de Kumamoto. Quant à Itaka, propriété de la compagnie d’électricité du Shikoku (île à l’est du Kyushu) et elle aussi à l’arrêt, elle ne présenterait pas non plus de problème.

Plus de 400 répliques depuis le 14 avril

Le traumatisme de Fukushima a alimenté une défiance des Japonais, qui restent majoritairement favorables à une sortie progressive du nucléaire. Ils n’oublient pas les manques, voire les dissimulations d’informations et les mensonges qui ont accompagné la catastrophe nucléaire de mars 2011. Un puissant séisme suivi un énorme tsunami avait alors provoqué la fusion de trois cœurs de réacteur.

Cette fois, les plus de 400 répliques enregistrées entre le séisme du 14 avril et la mi-journée du 17 avril ont mis en lumière l’instabilité de la zone de failles dite de Futagawa Hinagu.

Les images des habitants pris au piège après la série de séismes au Japon

La centrale Sendai a obtenu l’autorisation de redémarrer notamment parce qu’elle n’a pas été construite à la verticale d’une faille active. Mais elle se trouve proche de plusieurs zones de failles, Ichiki au sud, Koshiki à l’ouest et surtout Izumi au nord. Cette dernière est, comme celle de Futagawa Hinagu, considérée comme pouvant être à l’origine de puissants séismes.

Cette situation et la catastrophe vécue par le Kyushu suscitent des appels à l’arrêt de Sendai. Natif du département de Kumamoto, Hiroshi Takagi a initié le 16 avril une pétition en ce sens. « Si un accident similaire à celui de la centrale Fukushima Dai-ichi survenait, il n’est pas difficile d’imaginer que tout le Kyushu deviendrait un océan de radiations », écrit M. Takagi avant d’appeler à stopper la centrale, « pour la sauvegarde de la bonne eau, de la magnifique nature de Kumamoto et pour le Kyushu en général ».

Le 17 avril à midi, heure japonaise, la pétition avait recueilli près de 25 000 signatures. Elle doit être remise au premier ministre Shinzo Abe, au ministre de l’économie Motoo Hayashi et au président de Kyuden notamment.