Rousseff appelle les Brésiliens à « se mobiliser » contre le « coup d’Etat »
Dilma Rousseff appelle les Brésiliens à « se mobiliser » contre le « coup d’Etat »
Le Monde.fr avec AFP
Ecartée du pouvoir jeudi, la présidente du Brésil s’exprimait pour la première fois après le vote sénatorial ouvrant son procès en destitution.
Dilma Rousseff le 6 mai. | UESLEI MARCELINO / REUTERS
La présidente du Brésil, tout juste écartée du pouvoir par le Sénat, n’a pas baissé les armes, jeudi 12 mai, lors de sa première déclaration après le vote ouvrant à son procès en destitution. Elle a appelé les Brésiliens à « se mobiliser » contre ce qu’elle considère comme un « coup d’Etat ». « Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement mon mandat, c’est le respect des urnes, de la souveraineté du peuple brésilien et de la Constitution », a déclaré la chef de l’Etat suspendue, remplacée par son vice-président Michel Temer. Elle a aussi répété qu’elle était victime d’une « farce juridique et politique », et que son gouvernement avait subi « un intense sabotage ».
Comme prévu, le Sénat avait confirmé quelques heures plus tôt et par un vote massif (55 sénateurs sur 81) l’ouverture d’un procès à son encontre pour maquillage des comptes publics, entraînant automatiquement sa suspension. La Chambre haute a désormais jusqu’à cent quatre-vingts jours pour la juger. Si elle condamne la présidente, Dilma Rousseff sera définitivement écartée du pouvoir. Le jugement pourrait intervenir en septembre après les Jeux olympiques de Rio de Janeiro (du 5 au 21 août), mais avant les élections municipales d’octobre.
« J’ai peut-être commis des erreurs, mais aucun crime »
Avant de quitter le palais présidentiel du Planalto à Brasilia, Dilma Rousseff s’est dite convaincue d’être acquittée au terme de la procédure. « J’ai peut-être commis des erreurs mais je n’ai commis aucun crime », a-t-elle dit. Qualifiant à nouveau la procédure d’« impeachment » de « frauduleuse », Dilma Rousseff s’est jugée victime d’une grande injustice devant ses dizaines de partisans qui l’attendaient à la sortie du palais.
En pleine tourmente, le Brésil tourne la page de treize ans de gouvernements du Parti des travailleurs (PT), ouverte en 2003 par Luiz Inacio Lula da Silva, qui a présidé au boom socio-économique brésilien des années 2000.
« Maintenant c’est Lulia ! »
La nomination de Michel Temer, âgé de 75 ans et issu du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), est largement commentée par la presse brésilienne : « La chance de Temer », titre le quotidien O Estado de Sao Paulo ; « Maintenant c’est Lulia ! », s’amuse le journal populaire Carioca O Dia en jouant sur l’état-civil complet du vice-président – Michel Miguel Elias Temer Lulia – et le diminutif du prédécesseur de Mme Rousseff, Lula.
M. Temer a annoncé qu’il allait dès jeudi « investir les ministres » de son gouvernement, axé sur le redressement économique. Il s’adressera à la nation dans la journée depuis la présidence.
Le Sénat a suspendu la présidente Dilma Rousseff
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