Viadeo se recentre sur la France
Viadeo se recentre sur la France
LE MONDE ECONOMIE
Le site français, concurrent de LinkedIn, va devoir se refinancer au second semestre. Pour séduire les entreprises, il va proposer les offres les moins chères du marché.
Comment remonter la pente face à LinkedIn ? Dans la tourmente depuis des mois, Viadeo, petit poucet français de la recherche d’emploi sur Internet, tente de prendre un nouveau départ. « Dans le passé, la société s’est laissée distraire par son développement à l’international, en Chine et en Russie, les deux marchés du monde les plus difficiles à pénétrer, et a donc négligé son cœur de métier », reconnaît son nouveau PDG, Renier Lemmens, qui a succédé à Dan Serfaty, le fondateur de la société, mis à l’écart en janvier.
Désengagée de Chine, de Russie et d’Afrique, Viadeo, qui a passé une dépréciation de 18 millions d’euros dans ses comptes, se recentre sur la France, où elle génère la quasi-totalité de son chiffre d’affaires. Les effectifs vont passer de 180 personnes, début 2016, à 145 d’ici à décembre. Viadeo, qui a enregistré une perte de 23 millions d’euros en 2015, devra se refinancer au second semestre. La forme que prendra l’opération n’est pas arrêtée. « Nous explorons toutes les options possibles », explique Renier Lemmens.
Le réseau social de la recherche d’emploi va devoir redresser son chiffre d’affaires, qui a reculé de 9 % en 2015, à 24,3 millions d’euros. Le site, qui compte parmi ses gros actionnaires Bpifrance, veut se recentrer sur son cœur de métier, la recherche d’emploi. Quelque « 17 % des gens partent avant la fin de leur période d’essai », explique le patron.
De nouveaux outils
La société va ainsi développer de nouveaux outils qui mettent mieux en valeur le profil des candidats. Ce dernier « pourra mettre en ligne des vidéos sur lesquelles il explique, par exemple, sa meilleure expérience. C’est une première », dit le patron. Autre développement, un outil de recommandation précis, qui permettra de mieux évaluer les compétences des candidats. « Nous voulons montrer que vous êtes plus que votre CV, plus qu’une recommandation superficielle, ou que les articles que vous prétendez lire », résume Renier Lemmens.
Pas question pour Viadeo de se mettre sur le même créneau que son encombrant concurrent américain. « Nous ne deviendrons pas une plate-forme de contenus », dit le PDG, en référence à LinkedIn, un site sur lequel les membres partagent des blogs, des articles, et débattent de sujets.
Création d’un incubateur
Viadeo va aussi ouvrir sa plate-forme aux développeurs extérieurs et aux start-up. Un incubateur s’installera au sein de l’entreprise située dans le 9e arrondissement, à Paris.
Pour séduire les entreprises, Viadeo compte proposer les offres « les plus compétitives du marché », dit le PDG. Ainsi, les recruteurs les plus importants pourront publier des offres d’emploi de manière illimitée pour 850 euros par mois. En général, le prix d’une petite annonce varie entre 139 euros et 300 euros, selon les sites. Viadeo souhaite également conquérir les TPE, largement absentes des sites de recherche d’emploi, en raison du coût du service. « Pour 49,95 euros par mois, une TPE pourra publier sa page Web, communiquer avec des candidats et mettre en ligne des offres d’emploi », dit Renier Lemmens.
De cette manière, Viadeo espère améliorer ses résultats au second semestre, générer un Ebidta (équivalent du résultat brut d’exploitation) dans le vert au premier semestre 2017, et générer de nouveau du cash dans la seconde partie de l’année. Peut-être de quoi inverser la tendance pour les actionnaires. Le cours de l’action a été divisé par presque dix depuis son entrée en Bourse, en juin 2014.