Le « patron » des députés PS cherche à rassembler ses troupes et à rallier FO
Projet de loi travail : le « patron » des députés PS cherche à rassembler ses troupes et à rallier FO
Par Françoise Fressoz
Invité de « Questions d’info » sur LCP, Bruno Le Roux a proposé des modifications sur l’article 2 du texte, principal sujet de blocage avec les syndicats.
Bruno Le Roux invité de « Questions d’info », mercredi 25 mai. | LCP capture d'écran
Extrême fermeté à l’égard de la CGT mais ouverture en direction de Force ouvrière. Invité mercredi 25 mai de l’émission « Questions d’info » sur LCP, en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP, Bruno Le Roux, le « patron » des députés socialistes, s’est déclaré favorable à deux aménagements dans la loi travail.
Ces deux modifications concernent l’articulation entre les accords de branche et d’entreprise, principale pomme de discorde entre les syndicats. S’il n’est pas question de « revenir sur la philosophie » de l’article 2, le député de Seine-Saint-Denis s’est déclaré favorable à ce que la branche puisse donner un avis a priori et non a posteriori sur l’accord d’entreprise ce qui, a-t-il précisé « est demandé par de nombreux syndicats ».
Cette proposition émane du rapporteur socialiste Christophe Sirugue. Elle n’avait pas été retenue par le gouvernement avant que celui-ci fasse usage du 49.3. Bruno Le Roux la remet donc sur la table.
« Il y a également la question des heures supplémentaires et de leur rémunération », a ajouté M. Le Roux en s’interrogeant : « Laisse-t-on leur paiement à l’appréciation d’un accord d’entreprise ou fait-on en sorte qu’il corresponde à ce qui avait été discuté dans l’accord de branche ? »
La poursuite de deux objectifs
En proposant ces deux assouplissements, Bruno Le Roux poursuit deux objectifs : d’abord tenter de rassembler le groupe socialiste autour du projet de loi travail, après le psychodrame du 49.3 et la motion de censure avortée de certains frondeurs. « Je ferai tout pour éviter un nouveau 49.3. Je me situe dans le cadre d’une discussion parlementaire où ce texte peut évoluer », a-t-il précisé, alors que l’examen du projet de loi au Parlement est programmé jusqu’au mois de juillet.
Ensuite, Bruno Le Roux veut aussi tendre la main à Force ouvrière (FO), qui n’a pas forcément envie de se laisser entraîner dans la radicalisation de la CGT. « Si FO discute, je souhaite que nous ne rompions absolument aucune discussion, a-t-il déclaré. En ajoutant : Je fais la différence entre les centrales syndicales qui soutiennent le texte, celles qui sont opposées au texte, mais qui veulent continuer à essayer d’en discuter, je pense notamment à Force ouvrière, et celles qui sont dans une position aujourd’hui jusqu’au-boutiste de retrait. »
Bruno Le Roux a refusé de préciser s’il parlait en concertation avec le gouvernement, mais le fait est que Stéphane Le Foll a été pris de court par ces annonces : « Il n’est pas prévu de revoir les principes de l’article 2 », a immédiatement réagi le porte-parole du gouvernement.
Un peu plus tard, lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le premier ministre, Manuel Valls, a déclaré qu’il n’y aurait « ni retrait de la loi travail ni remise en cause de son article 2 ».
Des mots durs contre la CGT
Sur la stratégie à l’égard de la CGT, en revanche, l’exécutif et le groupe parlementaire sont à l’unisson. Bruno Le Roux n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer le comportement de Philippe Martinez : « La CGT fait du blocage, elle veut empêcher notre pays de fonctionner pour faire valoir un point de vue minoritaire », a-t-il dénoncé, en soulignant « une tendance ultra-gauchiste, minoritaire dans la CGT, mais qui a réussi à l’emporter en matière de méthode ».
A propos d’un tract de la CGT appelant au retrait du texte et représentant une charge explosive, M. Le Roux a déclaré : « Il faut être totalement fou pour faire des affiches comme cela, quand il y a les attaques contre les policiers, quand il y a les attaques contre les permanences, quand il y a les attaques contre les services d’ordre dans les manifestations des syndicats, et je pense en particulier au service d’ordre de la CGT et de FO, pour moi cela rentre dans des attaques contre notre démocratie. J’attends de M. Martinez qu’il dise qu’il y a des choses inacceptables dans notre démocratie. »