Deux étudiantes sans papiers s’invitent dans la campagne américaine
Deux étudiantes sans papiers s’invitent dans la campagne américaine
Le Monde.fr avec AP
Alors que la question de l’immigration s’impose dans la campagne américaine, deux brillantes lycéennes ayant annoncé qu’elles étaient sans papiers ont été prises à parti sur les réseaux sociaux.
Donald Trump a promis de construire un mur à la frontière mexicaine pour empêcher les immigrants d’entrer aux Etats-Unis. | SPENCER PLATT / AFP
C’est l’histoire de Mayte Lara Ibarra et de Larissa Martinez, deux lycéennes texanes brillantes puisqu’elles sont les meilleures élèves de leurs établissements respectifs, à un détail près : elles sont sans papiers.
Mayte Lara Ibarra, 17 ans, scolarisée à la David Crockett High School d’Austin a détaillé ses notes et indiqué sur Twitter qu’elle avait décroché une bourse pour entrer à l’université du Texas, à Austin.
Le message de Mayte Lara Ibarra avant qu’elle ne ferme son compte Twitter. | D.R.
Larissa Martinez, scolarisée à la Boyd High School de McKinney, au nord de Dallas qui part étudier la médecine à Yale, a expliqué qu’elle faisait partie de 11 millions d’immigrants sans papiers qui vivent aux Etats-Unis. Dans son discours, Larissa Martinez, a indiqué que « l’Amérique peut retrouver sa grandeur sans avoir à construire un mur basé sur la haine et la discrimination ».
This is what happened after a Yale-bound valedictorian in Texas revealed she is an undocumented immigrant:
https://t.co/YamQEsiKjt
— mic (@Mic)
Le Texas, Etat frontalier
Les deux lycéennes ont aussitôt été prises à parti sur les réseaux sociaux, certains leur conseillant de retourner chez elles, la question de l’immigration illégale étant sensible au Texas, un Etat frontalier du Mexique.
Ces annonces interviennent sur fond de campagne pour la présidentielle américaine avec un candidat – Donald Trump – qui a promis de construire un mur à la frontière mexicaine pour empêcher les immigrants d’entrer aux Etats-Unis et au moment où de nombreux immigrants latinos cherchent à obtenir la citoyenneté américaine pour voter contre le magnat de l’immobilier.
You're going back #LarissaMartinez... It's time to put #AmericaFirst not illegal aliens. #Deport https://t.co/3cb8GH2fC7
— MikeRotondo86 (@MR)
Dans un entretien à l’American Statesman d’Austin, Mayte Lara Ibarra indique que son « tweet n’était pas destiné à se moquer de quiconque. Je voulais juste montrer que quelles que soient les difficultés auxquelles on est confronté, on peut réussir. » Elle ajoute qu’elle a fermé son compte Twitter face à l’afflux de commentaires racistes ou lui reprochant de profiter du système.
Elle a néanmoins reçu le soutien de nombreux enseignants de la région d’Austin. Sur les 84 000 élèves de l’académie d’Austin, plus de 2 450 sont des immigrés auxquels l’administration ne demande pas d’information sur leur statut ou sur celui de leurs parents.
L’université du Texas à Austin a indiqué qu’il ne lui appartient pas d’enquêter sur le statut des étudiants. Elle bénéficie du statut conféré par la Deferred Action for Childhood Arrivals, une loi qui prévoit de ne pas expulser les immigrants entrés sur le sol américain avant d’avoir 16 ans et de leur accorder un titre temporaire de travail ou d’étudier.
Dans le New York Times, Jose Antonio Vargas, un ancien reporteur d’origine philippine du Washington Post, lauréat du prix Pulitzer de journalisme pour sa couverture de la fusillade de l’université de Virginia Tech en 2007, qui avait révélé dans un article du New York Times Magazine qu’il vivait en immigré clandestin aux Etats-Unis depuis vingt ans, affirme que la décision de Mayte Lara Ibarra s’explique par la volonté de nombreux sans-papiers d’arrêter de se cacher et de mentir sur leur statut.