Trois attentats dans un ancien bastion d’Al-Qaida au Yémen
Trois attentats dans un ancien bastion d’Al-Qaida au Yémen
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Ces attaques surviennent au lendemain d’une visite de Ban Ki-moon au Koweït où des pourparlers de paix se déroulent depuis la fin d’avril, sans résultat.
Des rebelles houthistes pendant un rassemblement destiné à mobiliser de nouveaux combattants, le 20 juin, à Sanaa. | HANI MOHAMMED / AP
Au moins 14 personnes ont été tuées lundi 27 juin dans une série d’attentats contre des militaires à Moukalla, dans le sud du Yémen, un bastion tenu par Al-Qaida jusqu’en avril, a annoncé un responsable de la sécurité. Trois attentats à la bombe ont visé simultanément des postes de contrôle dans la ville portuaire, suivis d’un quatrième qui a frappé l’entrée d’un camp militaire, a-t-il ajouté. Ils semblent avoir été coordonnés.
Les bombes, qui visaient les forces gouvernementales, ont été mises à feu alors que les militaires et les membres des services de renseignement se préparaient pour la rupture du jeûne. L’Etat islamique a revendiqué les attentats, par l’intermédiaire d’Amak, son organe de communication.
Une ville sous contrôle djihadiste pendant un an
Les forces gouvernementales yéménites, soutenues par la coalition arabe sous commandement saoudien, ont repris le 24 avril Moukalla, chef-lieu de la province de l’Hadramout, aux djihadistes qui avaient contrôlé la ville pendant un an.
Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), installé au Yémen depuis 2009, et le groupe djihadiste Etat islamique ont profité de la guerre civile opposant les rebelles chiites houthistes aux forces gouvernementales yéménites pour étendre leur influence dans le sud et le sud-est du pays. En mai, un double attentat-suicide avait tué 47 policiers dans cette même ville de Moukalla.
Au moins 41 morts pendant le week-end
La veille de ces attaques, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, effectuait une visite au Koweït où se tiennent, depuis deux mois et sans résultat apparent, des négociations de paix.
La perspective d’une issue proche est peu convaincante alors que quelques jours plus tôt les rebelles avaient insisté sur le choix d’un président consensuel, tandis que, selon le gouvernement, c’est au président Hadi, en exil en Arabie saoudite, de superviser toute transition politique. Le gouvernement a aussi réaffirmé que, avant toute solution politique, les rebelles devaient se retirer de toutes les positions qu’ils ont conquises depuis 2014 et remettre au gouvernement les institutions de l’Etat qu’ils contrôlent.
Sur le terrain, les combats se sont intensifiés sur différents fronts en dépit d’un cessez-le-feu décrété par l’ONU le 11 avril. Dimanche, des sources militaires affirmaient que durant les vingt-quatre dernières heures les affrontements avaient fait au moins 41 morts dans le sud du Yémen et autour de la capitale, Sanaa.
La guerre qui dure au Yémen depuis plus d’un an oppose les forces pro-Hadi, soutenues par une coalition arabe sous commandement saoudien, aux houthistes, chiites accusés de liens avec l’Iran et alliés à des forces restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh. En dépit d’une campagne militaire de quinze mois menée par la coalition arabe, les houthistes gardent le contrôle de Sanaa et de larges portions du nord du pays.
Le conflit a fait plus de 6 400 morts et 30 000 blessés depuis l’intervention de la coalition arabe en mars 2015. Les combats ont sérieusement affecté les civils et provoqué, selon des organisations non gouvernementales, une « catastrophe humanitaire ».
De la rébellion houthiste aux tensions régionales : comprendre le conflit au Yémen
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Le Monde