Presque tous les géants du Net diffuseront en direct la convention démocrate américaine
Presque tous les géants du Net diffuseront en direct la convention démocrate américaine
Par Florent Bascoul
La diffusion des investitures des deux candidats à la présidentielle américaine fait appel à des supports innovants. Pour autant, ils ne révolutionnent pas la politique.
Alors que le pasteur Mark Burns s’époumonait sur la scène de la Quicken Loans Arena de Cleveland, jeudi 21 juillet, dernier jour de la convention républicaine, les commentaires d’internautes hilares pleuvaient dans la fenêtre de discussion instantanée de Twitch. La plate-forme de streaming préférée des fans d’e-sport a proposé ce grand rendez-vous de la vie politique américaine, loin de son cœur de cible.
Coup de pub ? Tentative de diversification après le lancement de Twitch Creative, consacré aux performances artistiques ? Le service de vidéo affirmait avoir choisi de diffuser les conventions américaines pour réaliser une mission de service public. Brian Petrocelli, chargé des opérations marketing, affirme que le streaming a « remplacé la télévision comme outil fédérateur de communautés et fournisseur de divertissement pour des millions d’internautes ».
Intervention du pasteur Mark Burns à Cleveland pour la convention républicaine, le 21 juillet, retransmise sur la plate-forme Twitch. | Capture
Plus prosaïquement, l’analyste politique américain Geoffrey Skelley, de l’université de Virginie, rappelle surtout que les plates-formes de vidéo en ligne touchent une population plus jeune en moyenne que la télévision. « Pour la moitié des personnes de moins de 50 ans aux Etats-Unis, Internet est le principal pourvoyeur d’information, loin devant n’importe quelle autre source, explique-t-il au Monde. C’est également le cas d’un quart des Américains de plus de 50 ans. Développer la diffusion en ligne permet de la rendre plus accessible au jeune public. »
Une martingale pour médias et réseaux sociaux
Inspirées par l’audience potentielle, plusieurs entreprises ont misé sur la retransmission totale ou partielle des conventions nationales, avec plus ou moins de valeur ajoutée. Ainsi, la chaîne ABC News diffuse son direct par Facebook pour les deux conventions. Les journalistes de la chaîne d’information réagissent aux commentaires laissés par les utilisateurs du réseau social. Pour Colby Smith, responsable du département numérique d’ABC News, interrogé par Variety, ce direct « permet d’apporter au public des moments uniques qu’ils n’auraient pu voir à la télévision ».
A côté de la traditionnelle timeline, une fenêtre diffuse le programme de la chaîne de télévision CBS News. | Capture d'écran Twitter
De même, Twitter a signé un accord avec CBS News pour diffuser sur le réseau social le direct de la chaîne de télévision, tout en proposant d’interagir en direct. « Twitter est le moyen le plus rapide de savoir ce qu’il se passe en politique et d’en discuter. Je pense que nous donnons aux gens du monde entier le meilleur moyen d’appréhender la démocratie en action », a déclaré Anthony Noto, le chef des services financiers du site de microblogging au New York Times.
Enfin YouTube est devenu le diffuseur officiel du direct pour les deux conventions. Déjà en 2012, la plate-forme appartenant à Google avait participé à la diffusion des investitures. Cette année, YouTube propose notamment la vidéo à 360°.
Youtube est le diffuseur officiel des deux conventions pour le live-streaming | Capture
Pas d’opération séduction des indépendants
Avec autant de déclarations enthousiastes sur le potentiel de ces nouveaux moyens de diffusions, les géants du Net laissent tous entendre que leurs outils permettront de toucher des Américains totalement dépolitisés. Une hypothèse largement erronée, pour Geoffrey Skelley, pour qui ces diffusions touchent essentiellement les militants déjà actifs :
« Ces nouveaux canaux de diffusion ne permettent pas de rajeunir l’électorat et d’attirer des personnes qui jusque-là s’abstenaient de voter. Les formations politiques rêvent d’attirer des électeurs indépendants, mais dans le contexte d’extrême polarisation que nous connaissons aux Etats-Unis, ces médias servent à mobiliser des personnes déjà favorables et partisanes. »