Arthur Conan Doyle, justice et vérité
Arthur Conan Doyle, justice et vérité
« Le Monde » vous propose une collection de 30 livres regroupant des nouvelles des grands auteurs de la littérature anglo-saxonne en version bilingue. Le septième volet est consacré à Conan Doyle avec une enquête holmésienne, « the Adventure of the Speckled Band », « La Bande mouchetée » sous son titre français.
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Inimitable Sherlock Holmes ! Surpassant Auguste Dupin, éclipsant Miss Marple, faisant même de l’ombre à Hercule Poirot, il est le détective par excellence. Un mythe né sous la plume de l’Ecossais Arthur Conan Doyle (1859-1930) qui en fait, à partir de 1891, le héros d’un feuilleton paraissant dans The Strand Magazine. Son succès est immédiat. Les lecteurs du Strand connaissent donc parfaitement Sherlock Holmes – ils l’attendent chaque mois avec grande impatience – lorsque paraît La Bande mouchetée. Ecrite en 1892, cette nouvelle, l’un des cas les plus insolites jamais présentés à Holmes, figurait parmi les préférées de Conan Doyle. C’est son fidèle compagnon, le Dr Watson, qui nous la raconte. Un jour, une jeune femme totalement désemparée du nom de Helen Stoner vient sonner chez lui au petit matin. Holmes et Watson, toujours intéressés par un bon mystère, sont immédiatement intrigués par celui d’Helen, qui leur raconte sa vie triste, ponctuée de malheurs et contrôlée par son inquiétant beau-père. Sa sœur jumelle, Julia, est morte deux ans plus tôt dans des circonstances étranges. Helen est persuadée qu’elle est « morte de peur », bien qu’elle ne sache pas pour quelle raison. Or, voilà qu’aujourd’hui Helen est inquiète. Elle se sent menacée à son tour et craint de subir le même sort que Julia.
Exigence morale
Médecin avant d’être écrivain, fervent défenseur de la justice, l’auteur du Chien des Baskerville (1902) et du Monde perdu (1912) a souvent aidé la police en enquêtant sur différentes affaires. Holmes est à son image. Il aime les faibles et les déshérités – on ne peut mieux dire puisque la demoiselle en détresse qu’il s’apprête à « sauver » s’est vu subtiliser son héritage par son beau-père. D’habitude calme et froid, il s’anime d’une ardeur soudaine lorsqu’une énigme bien corsée se présente à lui. Il est même prêt à tout – mentir aux policiers, transgresser la loi ou s’infiltrer ici clandestinement chez les Stoner – pour mener à bien son investigation.
C’est cette détermination, cette exigence morale alliées à un esprit vif et à une touche d’excentricité qui font le charme envoûtant de ses aventures. Au point d’en éclipser les autres œuvres de Conan Doyle. Conan Doyle s’en agaçait. Comment contrer le pouvoir excessif de Sherlock ? « Elémentaire, mon cher Watson » : en le tuant, bien sûr… En 1893, dans Le Problème final, il noie son héros en Suisse, dans les chutes du Reichenbach. Horreur, damnation. Le public est outré. Il hurle à l’abus de pouvoir, écrit au Strand, fait tant et si bien que Conan Doyle n’a plus le choix. En 1903, cédant à la pression de ses « fans », il ressuscite Sherlock Holmes dans La Maison vide. Les lecteurs ravis font la queue devant les points de vente. Ils ont gagné. Holmes est bien l’archétype du héros : indestructible et immortel.
Juliette Hirsch
« Les nouvelles bilingues du Monde » - Arthur Conan Doyle - « The Adventure of the Speckled Band » - « La Bande mouchetée » - Livre-CD n° 7 – 4,99 € - En vente depuis le jeudi 28 juillet.