Un imam niçois se dit victime d’une cabale de l’extrême droite
Un imam niçois se dit victime d’une cabale de l’extrême droite
Par Olivier Faye
Après avoir accordé un entretien à un site Internet italien, Abdelkader Sadouni nie avoir tenu les propos rapportés par le journaliste.
L’entretien devait être anodin, mais il pourrait avoir d’importantes conséquences pour Abdelkader Sadouni. Le 16 juillet, à Nice, deux jours après l’attentat terroriste qui a tué quatre-vingt-quatre personnes, cet imam de la mosquée Attaqwa reçoit un journaliste italien dans sa librairie islamique. Le reporter vient recueillir les impressions de l’imam, bien connu à Nice, sur la place de l’islam en France et la radicalisation de certains jeunes musulmans. Trois jours plus tard, l’interview est publiée sur le site Internet du quotidien Il Giornale, avec le titre suivant : « L’imam de Nice : “La laïcité française est responsable des attentats” ». L’intéressé nie avoir prononcé cette phrase, que l’on ne retrouve pas dans le corps de l’interview, tout comme il nie avoir tenu d’autres propos qui lui sont prêtés. Mais le mal est fait.
Le Front national, par la voix d’Olivier Bettati, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, demande à Manuel Valls d’« expulser du territoire » cet imam, qui est de nationalité française. Une pétition est lancée par le FN pour réclamer la fermeture de la mosquée Attaqwa, et recueille plus de 9 000 signatures. La préfecture des Alpes-Maritimes prend l’affaire au sérieux, puisqu’un signalement est transmis, le 22 juillet, au parquet, qui ouvre une enquête. M. Sadouni est connu pour sa proximité avec les idées d’Hani Ramadan, petit-fils du fondateur des Frères musulmans. La menace d’une fermeture administrative de la mosquée est brandie.
Cabale du Front national
« Ce sont des propos que je n’ai jamais pensés, et encore moins prononcés. Je suis l’objet d’une cabale du Front national : ils ont monté une machination pour se venger de mes prises de position contre eux », se défend l’imam, qui avait notamment appelé à voter contre le parti d’extrême droite aux élections régionales, en 2015. L’intéressé a porté plainte pour diffamation, le 28 juillet, contre Il Giornale et son journaliste.
Contacté, Luca Steinmann, l’auteur de l’interview, est peu prolixe. « S’il dit qu’il est manipulé, c’est son droit », assure M. Steinmann, qui ne veut pas dire si l’entretien a été enregistré ou non. Le journaliste avait été chargé, en mars, d’assurer les relations avec la presse française pour le compte de Marion Maréchal-Le Pen, à l’occasion d’un déplacement effectué à Milan par la députée de Vaucluse. « C’est un journaliste de droite qui a une proximité avec la Ligue du Nord [parti italien allié du FN]. Mais cela ne suffit pas à remettre en cause son travail », veut croire Philippe Vardon, conseiller régional FN de PACA.