Austin, le Nain de Jardin Automnal avec Feuille en Terre Cuite ; un Nain de jardin classique avec lanterne ; une Naine De Jardin Dominatrice Avec Poitrine Généreuse… La rubrique « nains de jardin » du site de vente en ligne Amazon : voici sur quoi tombe l’internaute si, piqué de curiosité par la candidature de Nicolas Sarkozy à la primaire des Républicains et le titre de son ouvrage, il rentre sur son ordinateur l’URL www.toutpourlafrance.net. Si, moins littéraire, il s’intéresse à un plus classique www.sarkozy2017.com, il se retrouve face à un site recensant des articles sur les casseroles de l’ancien président de la République, l’affaire Bygmalion ou ses déclarations sur les migrants. Depuis une dizaine de jours, ces sites Internet détournés font le tour du Web, provoquant l’hilarité des twittos opposés à la candidature de Nicolas Sarkozy.

La pratique a un nom : le cybersquatting. Elle consiste à acheter les noms de domaines inutilisés de personnalités ou d’institutions, et d’en faire des espaces de parodie. L’un des modèles du genre restera whitehouse.com, un site pornographique (lancé en 1997 et aujourd’hui fermé) créant la surprise des internautes en quête de whitehouse.gov, le site de la Maison Blanche. L’enjeu, pour les équipes des hommes et femmes politiques, est donc d’acheter toutes les possibilités, les « .net », « .fr », « .org », etc.

Au service d’une cause

Le cybersquatting prend de l’ampleur dans le cadre d’une campagne électorale. Les récentes primaires républicaine et démocrate aux Etats-Unis ont accéléré le phénomène. A l’été 2015, alors que Ted Cruz courait les meetings, un netizen (cybercitoyen) ouvrait le site tedcruzforamerica.com qui redirigeait sur des sites consacrés à des thématiques auxquelles le sénateur texan voulait s’attaquer, comme l’assurance santé. Actuellement, le site est la page d’accueil d’un faux site de rencontres pour permettre à l’internaute américain de « trouver le partenaire canadien idéal pour le sauver de l’horreur insondable d’une victoire de Trump ». Tedcruz.com fait atterrir sur une photo de Hillary Clinton, avec pour légende : « La future présidente des Etats-Unis d’Amérique !!! » Plusieurs détournements de ce genre existent et s’attaquent autant à Clinton qu’à Trump.

Aux Etats-Unis, tedcruz.com proclame la victoire… d’Hillary Clinton. | Capture d'écran Web

En février dernier, l’URL jebbush.com (aujourd’hui inactive) ne menait pas au site de campagne de l’ex-gouverneur de Floride, mais à celui de Donald Trump. Interrogés par le Wall Street Journal, les porte-parole de ce dernier niaient toute implication de leur équipe. S’il est évident que jamais un candidat ne reconnaîtra une telle potacherie à l’encontre d’un adversaire, il est sûr que le cybersquatting sert une cause. Et prouve qu’une armée de petites mains s’active sur les réseaux pour ridiculiser untel, servant la cause d’un autre, à l’insu ou non de ce dernier.