Victor Robert, le médecin réanimateur du « Grand Journal »
Victor Robert, le médecin réanimateur du « Grand Journal »
Par Renaud Machart
Le journaliste a mené, lundi, avec brio une nouvelle formule, mais sans grands bouleversements, de l’émission de Canal +.
Victor Robert, Cyrille Eldin
Victor Robert serait-il l’homme de la situation ? Au vu du premier épisode, lundi 5 septembre, de la nouvelle mouture d’un « Grand Journal » revitalisé – après une saison 2015-2016 moribonde –, le journaliste a joué avec brio le rôle du médecin réanimateur : beau gosse et spirituel (avec un humour taquin parfois assez proche de celui d’Antoine de Caunes, l’un de ses « prédécesseurs à ce siège » auxquels il a rendu hommage), efficace, sobre mais présent, Victor Robert passe les plats avec dextérité.
Augustin Trappenard n’a pas été versé avec l’eau du bain de la précédente équipe, mais le reste des chroniqueurs et intervenants réguliers a changé : Alice Darfeuille, transfuge d’Itélé, est un excellent choix ; André Manoukian ne démérite pas mais sa présence n’apporte pas grand-chose.
Le retour de la « Miss Météo », absente la saison dernière, était-il nécessaire ? Quoi qu’il en soit, l’humoriste Ornella Fleury était plutôt à l’aise, et raisonnablement drôle. Mais elle a eu le mauvais goût de s’adresser à la chroniqueuse sport Brigitte Boréale en lui donnant du « Monsieur-Dame ». Le chic aurait consisté à accueillir comme si de rien n’était la journaliste transgenre, qui fit, il y a dix ans, de fines chroniques sur Pink TV dans « Le Set », l’émission quotidienne animée par Marie Labory et Christophe Beaugrand.
« Humour pas drôle », le nouvel « Esprit Canal »
Les « Guignols de l’info » sont de retour en plateau, avec – étrange choix – la marionnette de Sylvester Stallone en présentateur. Ils ont de toute évidence laissé leur humour au vestiaire. Comme d’ailleurs la plupart des intervenants des diverses séquences, en partie déjà connues dans la précédente saison : l’« humour pas drôle » est devenu décidément le nouvel « Esprit Canal ».
Le « Gros Journal », de Mouloud Achour, qui est en fait une pastille de dix minutes, tient lieu de trou normand entre « Le Grand Journal » et la nouvelle formule du « Petit Journal » : un entretien (de plus), une rubrique (de plus), de l’humour maison : rien de bien nouveau.
A ce qu’on a pu en voir, ce 5 septembre, « Le Petit Journal » n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était. Cyrille Eldin, qui en a pris les commandes, a plusieurs fois affirmé, dont au Monde, qu’il souhaitait être « sur le terrain », ce qu’il faisait déjà avant. La version hebdomadaire (dans « Le supplément ») de ses micros-trottoirs avec les personnalités politiques cueillies à la sortie du conseil des ministres ou d’un meeting était parfaite ; au quotidien, au « Grand Journal » de Maïtena Biraben, les pitreries d’Eldin perdaient un peu de leur sel. S’il les rallonge encore plus au « Petit Journal », la formule risque vite de tourner à vide.
Au fond, avec les réserves qu’imposent l’expérience du seul « pilote », Eldin devrait à la fois jouer les reporters impertinents, secondé par deux jeunes journalistes féminines, et pratiquer sur le plateau, transformé en café-théâtre, ce qui est son vrai métier, acteur, et faire le chansonnier-bonimenteur avec le talent qu’on lui connaît.