La sélection sorties du week-end du « Monde »
La sélection sorties du week-end du « Monde »
Chaque vendredi, La Matinale livres ses « bons plans » culturels pour bien finir la semaine.
LA LISTE DE NOS ENVIES
L’hommage de l’humoriste François Morel au plus poétiquement absurde de ses homologues Raymond Devos au Théâtre des Champs-Elysées ; une pièce sur l’après-Fukushima à Gennevilliers… : La Matinale vous livre ses découvertes pour cette fin de semaine.
THÉÂTRE : Mariage et enterrement pour tous chez les Dromesko, à Montreuil
Il y a dans la cabane des Dromesko, plantée au Nouveau Théâtre de Montreuil après le Monfort Théâtre et l’immense Centquatre, à Paris, de la poésie, de la chaleur humaine, et même animale, et une belle manière de ne pas s’en laisser conter sur la médiocrité ambiante.
Avec cet « impromptu nuptial et turlututu funèbre », les Dromesko, autrement dit Lily, Igor et toute leur bande, mettent en scène une noria sans fin de mariages et d’enterrements pour tous. Leur petite entreprise de noces et de banquets tourne à plein régime, avec le meilleur de ce qu’ils savent faire : des images surréalistes et magnifiques, qui semblent toujours sorties de tableaux de James Ensor ou de Félicien Rops, des animaux à la présence fracassante, des saynètes volées à la vie et des tas de petits riens qui s’attrapent au vol comme des cadeaux. C’est un bien beau soir que ce Jour du grand jour. Fabienne Darge
Nouveau Théâtre de Montreuil, Place Jean-Jaurès, Montreuil, 20 heures. Jusqu’au 5 octobre (relâche les dimanches 25 septembre et 2 octobre), de 8 à 23 €.
SPECTACLE : François Morel rend hommage à Raymond Devos au Théâtre des Champs-Elysées
Entrée en matière délicieusement décalée, dimanche 25 septembre, pour les fameux Concerts du dimanche matin que Jeanine Roze programme au Théâtre des Champs-Elysées. C’est le comédien et humoriste François Morel qui rend hommage au plus poétiquement absurde de ses homologues, Raymond Devos (1922-2006), auquel il a consacré un livre, La Raison du plus fou (éditions du Cherche-Midi, 2012).
Spécialiste ès jeux de mots, mime (appris auprès de Marcel Marceau : on se souvient d’un spectaculaire alunissage sur un piano), paradoxe et dérision, cet enfant de riches devenu pauvre qui pratiquait en autodidacte la clarinette, le piano, la harpe, la guitare, le concertina, la trompette et la scie musicale, a enchanté les scènes françaises durant de longues décennies. Dix ans après la disparition de l’artiste, François Morel prouve que les mots et les notes de Raymond Devos n’ont pas pris une ride. Marie-Aude Roux
Théâtre des Champs-Elysées, 15 avenue Montaigne, Paris 8e. Le 25 septembre à 11 heures. Tél. : 01-49-52-50-50. De 15 € à 30 €.
EXPOSITION : Fantin-Latour, au delà des fleurs, au Musée du Luxembourg
« La Lecture » (1877), d’Henri Fantin-Latour. | MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LYON
D’Henri Fantin-Latour (1836-1904), trois toiles sont connues, pour des raisons qui tiennent moins à l’artiste qu’à ses modèles. Dans l’Hommage à Delacroix de 1864 sont rassemblés, outre Fantin, les peintres Manet et Whistler, le graveur Bracquemond, le romancier Duranty et, surpris de se trouver en telle compagnie, Baudelaire. Un atelier aux Batignolles, de 1870, réunit Manet, Renoir, Bazille, Monet et Zola. Quant au Coin de table de 1872, on en connaît la partie gauche, parce que Verlaine et Rimbaud y sont assis l’un près de l’autre.
Ces œuvres figurent naturellement au Musée du Luxembourg, qui consacre une rétrospective, intitulée « Fantin-Latour. A fleur de peau » à cet artiste méconnu. Au total cent vingt tableaux, dessins, lithographies et documents qui montrent que l’artiste qui, pendant vingt ans, ne peignit quasiment que des fleurs pour ne pas déplaire, était plus complexe que sa peinture « tranquille » peut le laisser penser. Philippe Dagen
Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, Paris 6e. Tous les jours de 10 h 30 à 19 heures, le vendredi jusqu’à 22 heures. Entrée : de 8,50 € à 12 €. Grandpalais.fr. Jusqu’au 12 février.
PHOTOGRAPHIE : L’aventure radicale du magazine japonais Provoke, au BAL
Photographie de Takuma Nakahira extraite de « Provoke 1 », série « Summer 3 », 1968. | GEN NAKAHIRA / COLLECTION PRIVEE
Née à la fin des années 1960, la revue Provoke n’a duré que deux ans, le temps de publier trois numéros du magazine et un livre testament. Mais cette revue collective, créée par des photographes et des écrivains japonais, est devenue culte et a marqué durablement la photographie nipponne, en imposant une photographie brute, floue, sale, vibratoire, reflet d’une expérience subjective intime.
Le BAL, à Paris, revient en images sur le contexte explosif qui a donné naissance à cette expérience : des mouvements sociaux sans précédent, ainsi que des expérimentations artistiques tous azimuts dans un Japon en pleine crise d’identité. Claire Guillot
Le BAL, 6, Impasse de la Défense, Paris 18e. Du mercredi au dimanche. Entrée : 4 et 6 €. Jusqu’au 11 décembre.
THÉÂTRE : L’après-Fukushima, au T2G de Gennevilliers
L’actualité japonaise est riche ce week-end : elle permet de passer de l’exposition au BAL, à Paris, au spectacle présenté au T2G de Gennevilliers, Time’s Journey Through a Room. Signée Toshiki Okada, qui l’a écrite et mise en scène, cette pièce nous parle de l’après-Fukushima, à travers un homme et deux femmes, dont l’une est un fantôme. Entre eux, il y a la catastrophe nucléaire déclenchée par le tsunami du 11 mars 2011.
L’ébranlement qu’ils ont alors ressenti s’est accompagné d’un espoir : les choses allaient changer, elles le devaient, le Japon et ses habitants trouveraient une autre façon d’être et de vivre... Il n’en fut rien, et Toshiki Okada montre, d’une manière infiniment fine et sensible, comment se conjuguent la mort et la vie, entre hier et aujourd’hui. Brigitte Salino
T2G, 41, avenue de Grésillons, Gennevilliers (Hauts-de-Seine). De 7 € à 24 €. Vendredi 23, samedi 24, à 20 h 30 ; dimanche 25, à 15 heures ; lundi 26, à 20h30 ; mardi 27, à 19 h 30. Durée : 1 h 10. En japonais surtitré.
SPECTACLE : Silence, on danse !, au Théâtre national de Chaillot
Une année à l’enseigne du silence ! C’est le pari du chorégraphe Dominique Dupuy, 85 ans, figure de la scène danse depuis les années 1960, qui lance son opération Silence(s), en complicité avec le Théâtre national de Chaillot, à Paris.
Conçu autour d’une trentaine de rendez-vous, courant jusqu’en décembre 2017, ce programme croise autour du thème du silence, des chorégraphes, des comédiens, des artistes en tous genres, des philosophes, des scientifiques au gré de rencontres et d’ateliers se déroulant pendant toute une journée. Une série de thématiques comme Faire silence, Silences de l’amour et de l’amitié, Politique et mutisme… va perler le parcours.
Le premier rendez-vous, samedi 24 septembre, sous la direction de Dominique Dupuy, s’intitule Silence, on danse et propose, de 10 à 17 heures, petit déjeuner et buffet compris, des ateliers de danse – familles bienvenues ! – , une discussion avec le philosophe Christian Doumet, une improvisation de Carolyn Carlson, une surprise avec le chanteur David Hykes. En silence mais pas que (ouf !). Rosita Boisseau
Théâtre national de Chaillot, 1, place du Trocadéro, Paris 16e. Ateliers le matin : 12 €. Déjeuner 18 € et 10 € pour les moins de 12 ans. Entrée libre l’après-midi sur réservation au 01-53-65-30-00 (les leçons sont traduites en langue des signes).
MUSIQUE : Week-end Bryce Dessner à la Philharmonie de Paris
Kronos Quartet With Bryce Dessner - "Tour Eiffel"
Durée : 11:57
Guitariste d’un groupe rock, les ténébreux The National, l’Américain Bryce Dessner poursuit parallèlement une carrière de compositeur fréquentant les milieux du cinéma – il a cosigné la bande-originale de The Revenant, d’Alejandro Gonzalez Iñarritu –, de la danse ou de la musique classique.
Invité le temps d’un week-end à la Philharmonie, ce Parisien d’adoption en profite, samedi 24 septembre, pour interpréter avec l’Ensemble intercontemporain dirigé par Matthias Pintscher, des œuvres de Charles Ives (Three Places in New England), Olga Neuwirth et Frank Zappa (The Perfect Stranger), ainsi que plusieurs de ses propres compositions, d’un chatoyant minimalisme. Le 25, il sera rejoint, entre autres, par son frère, Aaron Dessner, le frissonnant chanteur de Bon Iver, par Justin Vernon, mais aussi par les pianistes Katia et Marielle Labèque, pour des relectures de Philip Glass, Moondog, David Lang et, sans doute, The National. Stéphane Davet
Philharmonie de Paris, parc de La Villette, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Bryce Dessner, Counterpoints, le 24 septembre, avec l’Ensemble intercontemporain, salle de la Cité de la Musique, 20 h 30, de 20 à 25 € ; le 25, Grande Salle de la Philharmonie, avec Justin Vernon, Katia et Marielle Labèque... 20 h 30. 25, 35 et 45 €.
MUSIQUE : La Novia présente ses musiques traditionnelles lors d’une « Nuit de noces », église Saint-Merry à Paris
Affiche de la « Nuit de noces » de La Novia, à l’église Saint-Merry. | DR
Sur son site Internet, La Novia se présente comme un « collectif basé en Haute-Loire qui réunit des musiciens professionnels résidant sur un large territoire (Auvergne, Rhône-Alpes, Béarn, Limousin, Cévennes, Franche-Comté) ». Lequel s’intéresse à « l’expérimentation autour des musiques traditionnelles et/ou expérimentales ».
Le collectif, auquel Le Monde du 13 février avait consacré un reportage, réunit aussi des graphistes et des enseignants, et viendra présenter ses musiques et travaux lors d’une nuit blanche à l’église Saint-Merry, à Paris, samedi 24 septembre, à partir de 19 h 30, jusqu’au petit matin du dimanche. Intitulée « Nuit de noces », la longue soirée recevra dix formations, dont Faune, du duo Guilhem Lacroux et Jacques Puech, La Clèda, quartette avec violons, vielle à roue et chabrette (une cornemuse), le Duo Gourdon-Mauchand, La Baracande, qui réunit des musiciens du groupe Toad, par ailleurs programmé, et le chanteur Basile Brémaud, le duo Violoneuses… Sylvain Siclier
Eglise Saint-Merry, 76, rue de la Verrerie, Paris 4e. Samedi 24 septembre, à partir de 19 h 30. De 10 € à 15 €.