Un Rafale atterrissant sur le porte-avion « Charles-de-Gaulle », le 23 novembre 2015. | ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Les négociations duraient depuis la signature, le 25 janvier, d’un accord politique entre l’Inde et la France. Vendredi 23 septembre, l’Inde a finalement officialisé l’achat de 36 Rafale à la France pour environ 8 milliards d’euros. Un succès pour Dassault Aviation, mais aussi pour la France dont le solde commercial vis-à-vis de l’Inde devient excédentaire grâce à ce contrat. Il s’agit du plus cher contrat jamais décroché par l’aéronautique militaire française, annonçant une année florissante pour l’industrie de l’armement.

2016, une année record pour les exportations d’armes françaises ?

En avril, la décision de l’Australie de commander douze sous-marins au français DCNS avait déjà été qualifiée de « choix historique » par François Hollande. Le contrat, estimé à 34,3 milliards d’euros, était le plus important contrat de défense jamais passé par l’Australie. Sur ces 34,3 milliards d’euros, la part destinée aux industriels français était du même ordre de grandeur que celui passé avec l’Inde vendredi (8 milliards d’euros, l’autre partie étant réinvestie en Australie).

Bien que l’année 2016 ne soit pas encore arrivée à son terme, la valeur de ces deux contrats atteint presque la valeur totale des contrats signés en 2015 (16,92 milliards d’euros), une année déjà record pour l’industrie de l’armement en France.

Le quinquennat de François Hollande a été marqué par une augmentation forte du nombre de commandes d'armes françaises
Prises de commandes depuis 2007 en milliards d'euros

Les bons chiffres de l’année 2015 soutenus par les ventes de Rafale aux pays du Proche et du Moyen-Orient

Si l’année 2016 est marquée par des exportations d’armes à destination de l’Asie, l’année 2015 le fut par une écrasante majorité (75 %) d’exportations à destination du Proche-Orient et du Moyen-Orient.

En 2015, 75 % des exportations d'armes françaises totales étaient à destination des pays du Proche et du Moyen-Orient
Prises de commande en 2015 en millions d'euros pour les quinze plus gros acheteurs d'armement français

Une croissance principalement liée au Rafale, dont le premier contrat à l’export a été signé en février 2015. L’Egypte avait alors acheté 24 Rafale, une frégate et des missiles de courte et moyenne portée pour 5,2 milliards d’euros.

En mai 2015, c’était au tour du Qatar de commander 24 Rafale pour 6,3 milliards d’euros. Un contrat controversé, l’émirat ayant mis comme condition, à la signature du contrat, l’obtention de droits de trafic supplémentaires vers la France pour Qatar Airways. La contrepartie, démentie par François Hollande, avait suscité beaucoup d’inquiétude chez Air France. Le syndicat national de pilotes de ligne d’Air France, le SNPL, avait ainsi dénoncé « la concurrence déloyale des compagnies du Golfe, qui touchent de la part de leur gouvernement des subventions colossales, estimées à plus de 40 milliards de dollars ces dernières années ».

Des armes françaises des deux côtés de la ligne de front

En 2015, certaines ventes concernaient des belligérants s’opposant ouvertement. La France a ainsi vendu pour 412 millions d’euros des armes à l’Inde et 83,3 millions d’euros d’armes au Pakistan, deux pays qui se disputent le Cachemire depuis leur indépendance, en 1947.

La signature du contrat vendredi entre Paris et New Delhi intervient d’ailleurs alors qu’une base militaire indienne à la frontière du Pakistan a subi le 18 septembre l’une des attaques les plus meurtrières depuis des années.

Si les ventes d’armes à la Russie ont significativement baissé depuis l’invasion de la Crimée, Paris déclare tout de même 1,2 million d’euros d’armement vendus à Moscou en 2015, malgré l’embargo européen sur la vente d’armes, décidé en juillet 2014.

Le début de la guerre en Crimée marque le développement des ventes d'armement militaire français à l'Ukraine et la baisse drastique de celles à la Russie
Prises de commandes par pays en 2014 et 2015 (en millions d'euros)

La majorité des armes destinées à l’armée libanaise, elles, n’iront pas rejoindre le front syrien. L’Arabie saoudite, qui avait signé le 4 novembre 2014 un contrat de livraison d’armes françaises de 2,8 milliards d’euros au profit du Liban, a décidé en mars de récupérer le reste de l’équipement militaire destiné à Beyrouth.