L’affaire Aurier renforce la tension au PSG
L’affaire Aurier renforce la tension au PSG
Par Rémi Dupré
Le défenseur parisien a été condamné, lundi 26 septembre, à deux mois de prison ferme pour une altercation avec un policier.
Serge Aurier exclu lors de la défaite (2-0) du PSG à Toulouse, vendredi 23 septembre. | PASCAL PAVANI / AFP
C’est dans un climat quelque peu agité qu’Unai Emery, le nouvel entraîneur du Paris-Saint-Germain, prépare le déplacement de son équipe, mercredi 28 septembre, à Sofia, sur la pelouse des Bulgares de Ludogorets, lors de la 2e journée de la phase de poules de la Ligue des champions. En conférence de presse d’avant-match, nul doute que le coach espagnol sera interrogé sur un événement extra-sportif, dont le club de la capitale se serait bien passé. Lundi 26 septembre, Serge Aurier, l’arrière droit du PSG, a été condamné à deux mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Paris. Il a fait appel de sa condamnation.
Le joueur ivoirien de 23 ans a été reconnu coupable de violences sur un policier, le 30 mai, lors d’un contrôle routier sur les Champs-Elysées. Le défenseur latéral avait nié avoir asséné un coup de coude au thorax à un fonctionnaire de la brigade anticriminalité, à la sortie d’une boîte de nuit du 8e arrondissement de la capitale. Ce jour-là, Aurier avait été placé en cellule de dégrisement avant de porter plainte pour violences policières. Cette plainte avait été classée sans suite.
Alors que sa peine de prison est aménageable, le no 19 du PSG a été par ailleurs condamné à verser 600 euros de dommages et intérêts et 15 000 euros de frais de justice pour « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Quelques heures après le jugement, le club a apporté son soutien à Aurier, condamné précédemment à quatre reprises pour « conduite sans permis ».
« Attitude professionnelle »
« Selon les règles de procédure pénale, Serge Aurier bénéficie à nouveau de la présomption d’innocence dans l’attente de la décision de la cour d’appel, a déclaré le PSG dans un communiqué. Dans l’attente de cette décision, le joueur est autorisé à poursuivre l’exercice de son métier, en France comme à l’étranger. Par ailleurs, le club tient à souligner l’attitude professionnelle du joueur depuis son retour à l’entraînement le 4 juillet dernier. » A l’origine d’un penalty concédé et expulsé lors de la défaite (2-0) du PSG en Ligue 1 contre Toulouse, vendredi 23 septembre, Aurier devrait ainsi figurer dans le groupe de joueurs retenus par Unai Emery contre Ludogorets.
L’attitude de la direction du PSG est en tout cas plus permissive qu’en février, quand le joueur s’était distingué lors d’un échange avec des internautes sur le réseau social Periscope. L’Ivoirien avait alors qualifié son entraîneur, Laurent Blanc, de « fiotte », trois jours avant la venue au Parc des Princes des Anglais de Chelsea, en huitièmes de finale de Ligue des champions. L’ex-joueur de Lens (2009-2012) et de Toulouse (2012-2014) avait été alors suspendu pendant six semaines par les dirigeants du club, propriété depuis 2011 du fonds Qatar Sports Investments (QSI). Le 31 mars, il avait été réintégré dans le groupe.
Début de saison délicat
Cette « nouvelle affaire Aurier » crispe un peu plus le club, quadruple champion de France en titre, qui connaît un début de saison délicat. C’est peu dire que le début du règne d’Unai Emery, triple vainqueur de la Ligue Europa (2014, 2015, 2016) avec le Séville FC, se révèle tumultueux. Perçu comme l’entraîneur qui parviendra à enfin hisser le PSG version qatarie en demi-finales de la Ligue des champions, le Basque a déjà concédé deux revers en sept journées de Ligue 1. Le 28 août, la défaite (3-1) subie sur la pelouse de l’AS Monaco avait mis en lumière les limites collectives et les suffisances de la formation parisienne.
Quatrième au classement du championnat de France, à quatre points du leader niçois, le PSG ne donne guère l’impression de survoler les débats. Doté d’un budget pharaonique (plus de 500 millions d’euros annuels), le club de la capitale s’est jusqu’ici montré indigne du rang qu’il occupe depuis cinq ans. Repu de titres (treize glanés depuis 2011) sur la scène nationale, le PSG est clairement malmené, cette saison, par ses rivaux en Ligue 1. Ses performances suivent une courbe sinusoïdale. En attestent le piteux nul (1-1) contre Saint-Etienne, le 9 septembre, et sa large victoire (6-0) face à Caen, sept jours plus tard.
Recrutement « à bas coûts »
Plombé par les piètres performances de quelques joueurs cadres (l’Italo-Brésilien Thiago Motta en tête), le PSG semble peiner à tourner la page Laurent Blanc (2013-2016), dont le contrat a été interrompu en échange d’indemnités somptuaires (autour de 22 millions d’euros). Après le départ pour Manchester United de son buteur Zlatan Ibrahimovic, le club de la capitale s’était enorgueilli de sa frugalité lors du mercato estival, ne dépensant « que » 76 millions d’euros sur le marché des transferts. Or, force est de constater que ce recrutement « à bas coûts » (le milieu polonais Grzegorz Krychowiak, le latéral belge Thomas Meunier, l’attaquant espagnol Jesé) n’a guère porté ses fruits à ce jour.
Stakhanoviste au caractère bien trempé, Unai Emery s’est par ailleurs attiré une salve de critiques pour sa gestion du « cas » Hatem Ben Arfa. Recrue phare du PSG cet été, l’attaquant international français a été mis à l’écart lors des quatre derniers matchs du club pour des « raisons sportives ». Selon le journal L’Equipe, l’ex-joueur de Nice (2015-2016) devrait toutefois réintégrer l’effectif parisien pour le déplacement à Sofia après que son conseiller a rencontré la direction du club.
A cette litanie s’ajoute la situation embarrassante dans laquelle se trouverait le Qatari Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG. Selon L’Equipe, le dirigeant pourrait ne pas être autorisé à présenter sa candidature pour un siège au sein du conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP), dont les élections sont prévues le 5 octobre. M. Al-Khelaïfi n’aurait pas joint à son dossier un extrait de casier judiciaire (B3), une pièce nécessaire à la validation de sa candidature. Il aurait transmis un document qatari qui n’a pas de valeur juridique dans l’Hexagone.
Dans ce contexte, le déplacement du PSG à Sofia s’annonce à haut risque. Tenus en échec (1-1) par Arsenal au Parc lors de la 1re journée de la phase de poules, les joueurs d’Unai Emery devront impérativement s’imposer contre Ludogorets. Sous peine de fragiliser encore davantage leur nouvel entraîneur.