D’Homère au Brexit, six manières de partir
D’Homère au Brexit, six manières de partir
Par Michel Lefebvre
En partenariat avec les Rendez-vous de l’histoire de Blois, le nouveau hors-série du « Monde » évoque successivement toutes les dimensions, historiques et contemporaines, du verbe « partir » : guerres, migrations, exils, explorations, vacances…
« Partir. conquérir/quitter/fuir/s’exiler/ voyager/découvrir », 100 pages, 7,90 euros, en vente en kiosques.
L’histoire du monde est l’histoire des conquêtes et des migrations qui ont dessiné les frontières dans lesquelles nous vivons. Frontières que l’on croyait figées, mais qui sont sans cesse redessinées. Rien qu’en regardant les cent dernières années l’histoire bégaie et les mêmes mots reviennent : invasions, apatrides, migrants, camps, murs.
Nous avons conçu ce hors-série autour de six thématiques, en coédition avec France Culture, qui accompagne, comme Le Monde, les Rendez-vous de l’histoire de Blois, qui se déroulent du 6 au 9 octobre, et dont le thème est, cette année, « Partir ».
Conquérir Pour comprendre le monde actuel, il faut prendre le temps de regarder la carte qui montre les routes des grands explorateurs et celles du trafic d’esclaves d’où ressortent les grandes étapes de la colonisation. Nous avons suivi ces routes à travers les aventures de Juan Garrido, le conquistador noir, de Pyrard de Laval, l’explorateur français, ou de Matteo Ricci, le jésuite italien.
Quitter L’année 2016 sera marquée par un slogan, celui des pro-Brexit au Royaume-Uni : « Leave » (quitter). Les Britanniques voulaient partir de l’Union européenne. Leur victoire a revitalisé le désir des Ecossais de quitter le Royaume-Uni et fait naître celui des Irlandais du Nord de divorcer également d’avec Londres. Ce sauve-qui-peut est pour le spécialiste des territoires Laurent Davezies la marque d’un « nouvel égoïsme territorial ».
Fuir En 2015, 63,9 millions de personnes, poussées par la guerre, les violences et les violations des droits de l’homme, se trouvaient sous la protection du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). La progression de ces chiffres est vertigineuse : 9,2 millions en 1980, 21,8 millions en 2000, 33,9 millions en 2010, et ce chiffre a quasiment doublé en cinq ans.
S’exiler Ceux qui sont partis ont fait souche ailleurs. Ainsi se sont construits des pays comme les Etats-Unis, l’Australie ou l’Argentine à base de migrations massives. Dans certains cas, les arrivants ont remplacé les populations autochtones, dans d’autres, ils se sont fondus avec elles. Spécialiste de l’histoire des diasporas, Stéphane Dufoix rappelle que « l’assimilation est impossible » et qu’« il n’y a jamais de véritable rupture avec sa terre natale ».
Rendez-vous de l’Histoire de Blois, 4 jours dédiés aux passionnés
Durée : 06:21
Voyager Comme en écho aux chiffres sur les réfugiés, d’autres donnent le tournis : il y avait 25 millions de touristes internationaux en 1950, 1 milliard en 2015, et ils devraient être 2 milliards en 2030. « Le tourisme de demain sera à huis clos. A l’horizon 2030, on créera des îles qui voyageront au gré des événements géopolitiques. Il n’est pas absurde de penser à des cités sous-marines », explique le spécialiste des voyages Jean-Didier Urbain.
Découvrir En un siècle ont été inventés le tourisme de luxe et de masse, les avions de 600 places, les bateaux de croisière longs et hauts comme des barres d’immeubles, le bétonnage des côtes. Comme le souligne l’historien Sylvain Venayre : « Le voyage n’abolit ni le temps ni l’espace, il les transfigure. »
« Partir. conquérir/quitter/fuir/s’exiler/ voyager/découvrir », 100 pages, 7,90 euros, en vente en kiosques. Grands entretiens avec Sylvain Venayre, Laurent Davezies, Stéphane Dufoix, Philippe Leclerc, Jean-Didier Urbain.