Classement des universités les plus appréciées des recruteurs : la France performante
Classement des universités les plus appréciées des recruteurs : la France performante
Par Séverin Graveleau
Bien plus favorable aux établissements français que le classement de Shanghaï, ce palmarès de l’employabilité des étudiants montre aussi que les employeurs recherchent de l’expertise et des « soft skills », comme la capacité à travailler en équipe et à communiquer.
L’Ecole des Hautes études commerciales (HEC) apparaît à la 21e place du classement mondial des universités pour leur employabilité. | PIERRE-FRANCK COLOMBIER / AFP
La France à la deuxième place d’un classement mondial des universités et grandes écoles… Le palmarès 2016 des établissements selon l’employabilité des étudiants est bien plus favorable à l’Hexagone que les palmarès classiques, tel celui de Shanghaï, dont la dernière édition lui accordait une sixième place. La raison de ce bon résultat ? Réalisé par le cabinet de conseils en ressources humaines Emerging et l’institut de sondage allemand Trendence, ce classement, dont Le Monde a eu la primeur, s’intéresse uniquement au point de vue des recruteurs. Exit les critères tels que le nombre de publications scientifiques ou l’environnement d’étude proposé : il s’est agi d’évaluer, auprès de 2 500 employeurs, la réputation des établissements, en distinguant ceux dont les diplômés semblent les mieux préparés à l’emploi.
Six établissements dans le top 50
Résultat de ce critère unique : onze établissements français sont présents cette année dans le top 150 de ce classement, accessible depuis le site internet du mensuel londonien Times Higher Education. Soit un de plus que l’année dernière, ce qui permet à la France de partager, avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, la deuxième marche du podium, derrière les Etats-Unis. Six établissements français se hissent même dans le top 50 des recruteurs.
« En valorisant, notamment, la recherche, les autres classements jugent les établissements selon une conception très anglo-saxonne de l’université, explique au Monde Laurent Dupasquier, directeur général d’Emerging. Ici, on a le point de vue direct du marché. » Ce qui permet une belle remontée de la France, qui pâtit traditionnellement de l’organisation de son système d’enseignement supérieur et de recherche, avec notamment des universités en pointe dans la recherche et des grandes écoles réputées plus proches du monde de l’entreprise.
Un « marché » de plus en plus mondialisé
Avec 37 établissements sur 150, les Etats-Unis dominent néanmoins le classement international de Trendence et Emerging. Et les plus prestigieuses universités anglo-saxonnes occupent toujours huit places dans le top 10. Mais tout comme les palmarès les plus observés (Shanghaï, QS, Times Higher Education), celui-ci laisse apparaître depuis quelques années un effritement de la domination américaine, au profit de nouveaux acteurs, plus divers par leur taille et leur profil.
Le top 30 ci-dessous montre ainsi la percée continue des établissements asiatiques auprès des recruteurs. « Le label américain ou anglo-saxon pèse un peu moins qu’avant, confirme Laurent Dupasquier. Dans le marché mondial des universités, les employeurs sont de toute façon moins sensibles qu’avant à la nationalité de l’établissement. »
Des étudiants opérationnels et techniciens
California Institute Of Technology (1er), Massachusetts Institut of Technology (2e), université des technologies de Munich (8e) ou encore université des sciences et technologies de Hongkong (13e)… ce top 30 montre aussi que les recruteurs sont de plus en plus sensibles aux profils techniques et spécialisés qui sortent de ces établissements.
Ce que viennent confirmer les réponses au questionnaire rempli par les 2 500 recruteurs au moment de leur « vote ». 68,5 % d’entre eux sont d’accord avec l’affirmation : « Les jeunes diplômés de formations techniques spécialisées sont plus opérationnels que ceux des écoles de management. » Le chiffre monte à 70,7 % pour les seuls recruteurs français. Ce haut niveau de spécialisation est d’ailleurs, selon les recruteurs, le deuxième critère le plus important (derrière les « expériences professionnelles ») pour « prédire l’employabilité d’un jeune diplômé ». La volonté d’avoir des profils généralistes, et donc adaptables, aurait-elle donc vécu ?
Le « haut niveau de spécialisation » est le deuxième critère valorisé par les recruteurs. | Emerging / Trendance
Le savoir être et les « soft-skills »
« Les employeurs sont en effet de plus en plus à la recherche d’étudiants opérationnels immédiatement, et performants. Mais cette demande de professionnalisation et de savoir-faire pointus va aussi de plus en plus de paire avec une demande de savoir être », analyse Laurent Dupasquier. Autrement dit, cette demande de hard skills ne doit pas faire oublier les soft skills, si chèrement recherchés par les recruteurs depuis une quinzaine d’années. Capacité à travailler en équipe, à communiquer, à s’adapter, etc. : les employeurs de tous les pays sont toujours aussi sensibles à ces qualités.
Dans ce sondage les Français se font (une fois de plus) remarquer pour leur niveau moyen en langue étrangère. Car lorsqu’ils parlent employabilité, les recruteurs de l’Hexagone valorisent, bien plus que leurs homologues des autres pays, le fait de maîtriser « au moins deux langues étrangères ». Ils souhaitent d’ailleurs que les établissements français s’améliorent en la matière.
Les langues et, plus largement, les soft-skills sont enseignés depuis de longues années dans les grandes écoles françaises, souvent dans des cours spécifiques. « Alors que les universités sont encore en retard sur cette dimension », analyse le directeur général d’Emerging. Une dimension qui n’échappe pas aux recruteurs, qui au niveau international n’ont finalement accordé leur confiance qu’à deux universités (université Paris-Sud et université Pierre-et-Marie-Curie), leur préférant des grandes écoles.
Lorsqu’on isole les réponses des recruteurs français à la question : « quels établissements de votre pays produisent les meilleurs diplômés en matière d’employabilité ? », le résultat est encore plus radical : pas une seule université n’apparaît dans le top 10.
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