Syrie : vers une reprise des évacuations à Alep
Syrie : vers une reprise des évacuations à Alep
Le Monde.fr avec AFP
Les opérations d’évacuation, qui avaient commencé jeudi, s’étaient interrompues vendredi en raison d’un différend. Il resterait environ 40 000 civils dans la partie rebelle de la ville, selon l’ONU.
Un homme inspecte les décombres d’un immeuble dans la vieille ville d’Alep, en Syrie. | YOUSSEF KARWASHAN / AFP
Des dizaines de bus ont commencé à entrer, dimanche 18 décembre, dans le réduit rebelle de la ville syrienne d’Alep pour permettre une reprise de l’évacuation de milliers de civils et d’insurgés affamés et transis.
Selon le correspondant de l’Agence France-Presse (AFP), des milliers de personnes étaient agglutinées dimanche pour tenter de monter dans les bus chargés de les évacuer. Ces personnes sont bloquées depuis vendredi dans une poche rebelle de la deuxième ville de Syrie, conquise presque entièrement par le régime du président Bachar Al-Assad après une violente offensive aérienne et terrestre qui a duré un mois, doublée d’un siège hermétique depuis juillet.
« Les bus ont commencé à entrer dans les quartiers de Zabdiyé, Salaheddine, Al-Machad et Al-Ansari dans l’est d’Alep sous la supervision du Croissant-Rouge et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) », a annoncé l’agence de presse officielle syrienne Sana. Une source militaire a confirmé à l’AFP l’entrée en vigueur d’un nouvel accord. La télévision d’Etat syrienne assure, pour sa part, que ce sont cent bus au total qui se chargeront de faire sortir les civils et les insurgés d’Alep.
Près de 40 000 civils toujours bloqués à Alep
Il resterait environ 40 000 civils et entre 1 500 et 5 000 combattants avec leurs familles dans le réduit rebelle, selon l’émissaire de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour la Syrie, Staffan de Mistura. Leur évacuation, qui avait commencé jeudi, s’était interrompue vendredi en raison de divergences sur le nombre de personnes à évacuer de Foua et Kafraya, deux localités chiites tenues par le régime, et assiégés par les rebelles dans la province d’Idleb, voisine de celle d’Alep, au nord-ouest du pays en guerre.
Un responsable rebelle a affirmé dimanche qu’un nouvel accord a été conclu au terme duquel l’évacuation d’Alep, ainsi que celle de Foua et Kafraya devraient se faire en deux étapes. « Dans une première étape, la moitié des gens assiégés à Alep sortiront, parallèlement à l’évacuation de 1 250 personnes de la localité de Foua », a expliqué ce responsable sous le couvert de l’anonymat. Par la suite, « 1 250 autres personnes de Kafraya sortiront parallèlement à l’évacuation du reste des personnes à Alep », a poursuivi ce responsable rebelle. Puis, ce sont 1 500 personnes supplémentaires qui devraient sortir de Foua et Kafraya parallèlement à l’évacuation du même nombre de gens de Zabadani et de Madaya, deux villes rebelles assiégées par le régime dans la province de Damas.
L’accord intervient au moment où la situation humanitaire devient de plus en plus catastrophique pour les civils bloqués, privés d’eau potable et de nourriture, qui passent la nuit dans les ruines des immeubles.
Projet de résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit parallèlement se prononcer dimanche sur un projet de résolution demandant le déploiement d’observateurs à Alep pour superviser les évacuations. Les 15 membres du Conseil de sécurité se réuniront à 11 heures (heure locale) à New York (17 heures à Paris) pour voter le texte présenté par la France, prévoyant l’envoi d’observateurs à Alep, malgré l’opposition de la Russie, alliée du régime et qui dispose d’un droit de veto.
Le projet de résolution indique que le Conseil « s’alarme » de la crise humanitaire qui s’aggrave dans la ville et du fait que « des dizaines de milliers d’habitants d’Alep assiégés » ont besoin d’aide et d’être évacués. La résolution demande que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, fasse déployer rapidement à Alep le personnel humanitaire de l’ONU déjà présent en Syrie « pour une surveillance adéquate neutre et une observation directe » de « l’évacuation des parties assiégées d’Alep ».
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait dit craindre qu’Alep ne devienne un « autre Srebrenica », du nom de cette ville de Bosnie où fut commis en 1995 le pire massacre en Europe depuis la seconde guerre mondiale, lors d’une évacuation.
Depuis jeudi, 7 000 civils ont été évacués, selon le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu. A Moscou, le ministère de la défense évoque pour sa part le chiffre de 6 400 personnes évacuées au cours des dernières vingt-quatre heures, dont 3 000 rebelles, selon des chiffres cités par l’agence de presse russe RIA. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) fait, quant à lui, état de 8 500 personnes évacuées avant l’interruption des opérations.
Une fois l’exode terminé, le régime de Bachar Al-Assad devrait proclamer la reprise totale de la ville, enregistrant ainsi sa plus importante victoire dans la guerre sanglante qui dure depuis 2011 et qui a fait plus de 310 000 morts.
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