Mohamed Allouche dirige Jaich Al-Islam, un groupe rebelle syrien d’obédience salafiste soutenu par l’Arabie saoudite, un des plus influents mouvements rebelles en Syrie. | SALVATORE DI NOLFI / AP

Le négociateur en chef de l’opposition syrienne, Mohamed Allouche, a annoncé dimanche 29 mai au soir sa démission, invoquant l’échec des négociations à Genève sous l’égide de l’Organisation des nations unies (ONU) et la poursuite des bombardements du régime de Bachar Al-Assad sur les zones rebelles.

Sa démission intervient trois jours après que l’émissaire de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura, ait indiqué au Conseil de sécurité qu’il n’envisageait pas de nouveaux pourparlers de paix concernant la Syrie « avant deux ou trois semaines ».

« Les trois rounds de négociations ont été sans succès en raison de l’entêtement du régime, la poursuite de ses bombardements et son agression contre le peuple syrien », a affirmé M. Allouche dans un communiqué publié sur son compte Twitter tard en soirée.

« Les négociations sans fin portent atteinte au sort du peuple »

M. Allouche dirige Jaich Al-Islam, un groupe rebelle syrien d’obédience salafiste soutenu par l’Arabie saoudite, un des plus influents mouvements rebelles en Syrie et qui fait partie de la centaine de groupes insurgés ayant approuvé la trêve du 27 février. Il a également dénoncé « l’incapacité de la communauté internationale à faire appliquer ses résolutions notamment en ce qui concerne le côté humanitaire, la levée des sièges, l’entrée des aides, la libération des prisonniers et le respect de la trêve ».

Il fait référence à l’accord russo-américain sur une cessation des hostilités entre régime et rebelles entré en vigueur le 27 février mais violé à plusieurs reprises depuis. « Les négociations sans fin portent atteinte au sort du peuple, j’annonce donc mon retrait de la délégation et la remise de ma démission » au Haut Comité des négociations (HCN), qui regroupe les principaux représentants de l’opposition et de la rébellion syriennes, a-t-il ajouté.

« Je proteste contre la communauté internationale, en espérant qu’elle prenne au sérieux le sang des Syriens qui est versé en raison du régime et de ses alliés », a-t-il poursuivi dans le communiqué, en référence notamment à la Russie et l’Iran.

Les bombardements mutuels se poursuivent par intermittence, notamment à Alep et près de Damas. Le régime syrien refuse de plus de faire rentrer de l’aide humanitaire dans des villes comme Daraya, assiégée depuis 2012. Des diplomates avaient déjà estimé qu’il y avait peu de chances que l’opposition syrienne revienne à la table des négociations si la trêve n’était pas mieux respectée et si l’aide humanitaire restait bloquée, notamment dans des villes assiégées.

Les négociations indirectes, qui sont censées trouver une issue à la guerre qui ravage la Syrie depuis cinq ans, ont notamment buté sur la question cruciale du sort du président Assad, dont le départ est la principale revendication de l’opposition. En avril, le troisième round de négociations avait été interrompu après le retrait de la délégation des rebelles. Depuis le début de la révolte contre le régime de Damas en mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 280 000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes.

Comprendre la situation en Syrie en 6 minutes
Durée : 05:29
Images : Le Monde