Les Etats-Unis ont demandé, lundi 19 décembre, au Conseil de sécurité des Nations unies de se prononcer rapidement sur l’instauration d’un embargo sur les armes au Soudan du Sud, ravagé par une guerre civile depuis 2013.

L’ambassadrice américaine Samantha Power a insisté devant le Conseil sur le fait que toutes les parties au conflit étaient en train de se mobiliser pour combattre, une action urgente est donc nécessaire pour empêcher des atrocités de masse.

« La situation ne s’améliore pas, elle empire, et nous sommes assis les bras croisés », a lancé Mme Power devant le Conseil. « Des attaques de grande ampleur peuvent être lancées à tout moment ».

« Il est extrêmement important de voter cela (l’embargo) avant la fin de l’année », a estimé Samantha Power.

Le mois dernier, les Etats-Unis avaient présenté une résolution destinée à endiguer le flot des armes arrivant dans le pays, à la suite d’avertissements de responsables de l’ONU selon lesquels un génocide pourrait se produire.

Le conseiller spécial de l’ONU sur la prévention du génocide Adama Dieng avait notamment affirmé en novembre devant le Conseil de sécurité avoir vu dans le pays « tous les signes qui montrent que la haine ethnique et le ciblage des civils peuvent déboucher sur un génocide si rien n’est fait pour l’empêcher ».

Le secrétaire général Ban Ki-moon a appuyé lundi cet appel américain : « Si nous ne réussissons pas à agir, le Soudan du Sud sera sur une trajectoire qui le conduira à des atrocités de masse », a-t-il insisté.

La France et le Royaume-Uni sont aussi favorables à un embargo sur les armes.

Opposition de la Chine et de la Russie

Mais la Russie et la Chine, qui disposent d’un droit de veto au Conseil, ont fait part de leur opposition.

L’ambassadeur adjoint russe auprès de l’ONU Petr Iliichev a notamment émis des doutes sur le risque d’un génocide, assurant que des groupes criminels et des soldats « indisciplinés » étaient responsables de violences de masse. Mais selon lui il ne s’agit pas d’une politique du gouvernement.

« Nous ne pouvons pas conclure qu’il y a une forme de politique de ciblage systématique », a-t-il dit au Conseil de sécurité.

Le Japon, qui n’est pas membre permanent du Conseil mais qui a déployé des Casques bleus au Soudan du Sud, rechigne également.

« Nous allons devoir soumettre cette résolution au vote et les pays vont devoir lever leur main et décider de leur position sur des questions de vie ou de mort concernant la population du Soudan du Sud », a relevé Mme Power.

La proposition américaine prévoit l’interdiction pendant un an de toute vente d’armes, de munitions, de véhicules et d’équipements militaires.

Le chef des opérations humanitaires de l’ONU Hervé Ladsous a souligné que la situation au Soudan du Sud s’était « détériorée dramatiquement », le pays entrant dans sa quatrième année de conflit. Selon lui plus de six millions de personnes, soit la moitié de la population sud-soudanaise, ont besoin d’une aide humanitaire urgente, un chiffre qu’il craint de voir augmenter de 20 à 30 % l’an prochain.

La crise qui touche la plus jeune nation du monde a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et plus de 2,5 millions de déplacés. Le pays est devenu indépendant en 2011, bénéficiant d’un fort soutien des Etats-Unis.